AUTODROME
DE MONTHLÉRY, 250 km
Jean REY en 6h35'31" 2. Camille Danguillaume
à 3" 3. Attilio Redolfi 4. Eloi Tassin 5. Roger Pontet 6. Joseph Tacca 7. Edouard Muller 8. André Mahé 9. Maurice Diot 10. Emile Idée 11. Raymond Guégan 12. César Marcelak 13. André Brulé
Urbain Caffi
Robert Chapatte
Louis Déprez
Bernard Gauthier
Raphaël Geminiani
Guy Lapébie
Jean Lauk
Ange Le
Strat Lucien Maelfait
Henri Massal
Maurice Quentin
Louison Bobet
Georges Martin
Jésus-Jacques Moujica
Robert Dorgebray
Antonin Rolland
Lucien Teisseire
Roger Lévêque François
Person 32. Victor Fraccaro
à 7'39"
Lucien Lazarides
Non-partant
: Adolphe Deledda
Abandons : René Berton José Beyaert Antoine Gomez Lucien Lazaridès Raymond Lucas François Person
Engagés
: 40 Partants : 39 Classés : 34 Moyenne : 37.925
km/hDisputé
le 19 juin 1949. Merci à Michel
Dargenton et Frédéric Girard.
A noter que "Route & Piste"
n°51 du 21 juin 1949 "oublie" François Person parmi les 13ème ex-aequo
:
MONTHLERY a offert sa surprise habituelle. Jean REY,
Champion de France après avoir attaqué le premier et dominé le sprint final.
Apo LAZARIDES héros de la journée fut battu par sa chaîne. PARIS -
Les sélectionnés français représentant l'élite de notre cyclisme national, se
sont retrouvés hier sur le plateau de Saint Eutrope, à l'occasion du championnat
de France sur route. Les privilégiés ont tous leur chance de vaincre,
cependant on accorde beaucoup plus de crédit à Moujica, Danguillaume et Diot,
trio qui a su mettre en valeur notre cyclisme, tant sur les routes de France
qu'à l'étranger. Au pari mutuel officieux, c'est Emile Idée qui tient la côte.
Il est suivi de près par Brulé et Deprez. Sur les 40 engagés, seul Deledda,
victime d'une crise de furonculose, n'a pas retiré son dossard. A 9h50, M.
Boudard, directeur de la course, donne l'ultime recommandation aux coureurs, et
à 10h exactement les 39 champions s'élancent, entamant leur ronde de 250 kms
avec comme récompense au premier, un maillot tricolore. Rey a été le premier
à démarrer. Si cette tentative n'apparaissait pas sérieuse, Lapébie a saisi
l'occasion, non pour tenter sa chance, mais bien plus pour connaître la réaction
de ses rivaux. Elle a été immédiate mais sans conséquences fâcheuses pour le
peloton qui, bien entendu, lui non plus ne croyait pas à cette échappée. Le
peloton, après avoir compté 19 secondes de retard, n'en avait plus que 7 au
deuxième passage, alors que les hommes de tête étaient Diot, Idée, Teisseire,
Moujica, Bobet, etc... Berton réussit à rejoindre après une longue chasse. Au
troisième passage, Rey, Caffi et Apo Lazaridès précédaient Tassin, Berton et
Gauthier de 23 secondes, tandis que le peloton était à 32 secondes. Beyaert
changeait de roue, au tour suivant, puis faisait une chute qui lui faisait
perdre un temps précieux. Les trois fugitifs comptaient 35" d'avance sur
Géminiani qui s'était mis à leur poursuite et 40 secondes sur le peloton. Caffi ayant décollé, Apo Lazaridès et Rey poursuivaient leur tentative et
l'écart les séparant du peloton atteignait bientôt 1'30" Géminiani s'étant
laissé rejoindre. A l'arrière Beyaert continuait courageusement malgré un
retard de 5 minutes sur le peloton Apo Lazaridès et Rey se laissent
rejoindre. Si les deux leaders Apo Lazaridès et Rey sont encore seuls au 6°
passage, on note néanmoins chez ceux-ci moins d'enthousiasme. Derrière, Berton
secoua le peloton et permet un regroupement général. Il est de courte durée, car
au 7° tour, Fraccaro et Person démarrent et passent aux tribunes avec 10
secondes d'avance. Fugue, sans plus, car, au tour suivant, alors que Beyaert a
abandonné, les hommes de tête n'ont plus que 50 mètres d'avance sur ceux qui
restent en course. Regroupement général. Au 9° tour, c'est le
regroupement général, le peloton passe compact, emmené par A. Rolland, Apo
Lazaridès et Géminiani. Lapébie et Massal qui ont dû changer de vélo ont
rejoint. Avec le 10° tour, nous nous trouvons à mi-course. Bobet et Mahé
mènent une attaque dans la côte Lapize, mais n'insistent pas. Et c'est encore
groupés que les 38 coureurs franchissent la ligne de chronométrage, toutes les
échappées, jusqu'ici, ayant été vouées à l'insuccès. Les 125 kms ont été
couverts en 3h17'50"4/5, à la moyenne générale de 38 kms 171. Apo Lazaridès
se sent véritablement des fourmis dans les jambes et ne manque aucune occasion
de se porter en avant. C'est encore lui qui attaque au 11° tour, emmenant dans
sa roue Georges Martin. Lapébie change une nouvelle fois de machine, mais sans
conséquence, puisque, en quelques coups de pédales, il se trouve avec les
groupés. Au 12° tour, c'est Person qui prend le large, mais il est rejoint
aussitôt par Lucas et Le Strat. Derrière c'est l'expectative et il faut
l'avouer, c'est assez rare de trouver autant d'hommes groupés après la
mi-course. Lucas et Tacca se détachent. Nouveau changement de position au
tour suivant, Tacca et Lucas se trouvant maintenant au commandement avec 50"
d'avance. Gomez, victime d'un spectateur trop enthousiaste au sommet de la côte
Lapize, fait une chute, fort heureusement sans gravité, mais qui le met à 2'15"
de retard. Le Strat fait une chute comme Gomez, il se fait renverser par un
quidam trop passionné, mais après une course poursuite de plusieurs kilomètres,
il réussit à recoller. Redolfi crève, mais repart avec Berton attardé, puis
le lâche pour rejoindre. Au 14° passage, Tacca est seul en tête, alors que
le peloton n'est qu'à 13" et que Berton, irrémédiablement lâché, compte 1'39". Le 15° tour voit un nouveau regroupement général. Moujica, A. Lazridès,
Bobet et Massal précèdent le gros de la troupe. Lucas est à 37" et L. Lazaridès,
qui a crevé se trouve à 1 minutes. Berton compte maintenant 3'10". Lucas
abandonne peu après. A. Lazaridès qui a fait un travail inusité, s'échappe à
nouveau en compagnie de Teisseire dans la côte Lapize, au 16° tour. Bobet, à
son tour, s'élance et rejoint les fugitifs, tandis que Teisseire n'insiste pas.
Maelfait, Moujica, Diot, Pontet, Rolland suivent sa roue et passent groupés
devant les tribunes. la course va-t-elle se jouer maintenant ? Rien n'est bien
sûr car, jusqu'à présent, les nombreux changements de situation sont toujours
restés sans effet, aucune attaque n'ayant été portée à fond. Au 17° passage,
les hommes qui se trouvent au commandement ont encore changé, ce sont Bobet,
Rolland, Rey, Muller, Mahé et Redolfi qui précèdent les autres de 6". Berton
et L. Lazaridès, qui étaient en retard, n'ont pas insisté et sont rentrés à leur
stand de ravitaillement. Le 18° tour est marqué par un nouveau regroupement.
Il est marqué aussi par de nombreuses chasses, mais les hommes se marquent si
étroitement qu'au commandement c'est un véritable relais permanent, cependant
que, personne ne voulant prendre de responsabilité, tâte l'adversaire avant de
porter l'estocade finale. Massal, Danguillaume et Pontet emmènent le groupe
à l'avant-dernier tour. Fraccaro est à 47" tandis que Apo Lazaridès, le héros de
ce championnat, victime d'un saut de chaîne, s'énerve et se trouve très attardé
pour le tour final. Redolfi, qui a compris les difficultés d'une arrivée au
sprint, tente sa chance et, à l'épingle de La Faye, il prend 50 mètres avant que
Teisseire et Tacca réalisent l'importance de cette fugue. Au virage des
Biscormes, le jeune Redolfi compte 12 secondes d'avance, alors que Danguillaume,
Guégan, Moujica et Tacca se détachent à leur tour pour essayer de faire la
jonction. Au sommet de la côte Lapize, Redolfi a encore 5 secondes d'avance
sur Tacca, 8 secondes sur Brulé alors que le peloton est à 25 secondes. Dans
le peloton, cependant, on ne muse pas et c'est à 50 à l'heure que les hommes
roulent vers la ligne d'arrivée, puis c'est l'attaque finale où les hommes les
plus frais partent de très loin. Rey surgit soudain du peloton, passent tous
ceux qui sont essaimés devant lui, imité par Danguillaume qui, semble-t-il, est
trop attardé pour partir. Rey, qui s'était mis en valeur depuis le matin, a
franchi seul la ligne d'arrivée avec une vingtaine de mètres d'avance sur
Danguillaume, qui règle à son tour le peloton. Le championnat s'est joué en
deux kilomètres. Dire que ce championnat de France n'a pas été de qualité
serait exagéré, mais cependant, on doit à la vérité d'avouer qu'il n'a pas eu ce
piment qu'apporta une course de ville à ville. Il n'a été qu'une suite
d'escarmouches sans grandes conséquences et c'est finalement à deux kilomètres
de l'arrivée que s'est joué le sort du maillot tricolore. Les attaquants du
matin, comme ceux de l'après-midi, n'ont jamais été suivis et Apo Lazaridès,
s'il a été le plus opiniâtre à cette tâche n'a pourtant pas été récompensé
puisque, victime d'un saut de chaîne, il a finalement terminé à une place que
véritablement il ne méritait pas. Rey, le vainqueur, jeune Avignonnais de 24
ans, protégé de Roger Lapébie, avait fait de belles choses au début de l'épreuve
mais avait compris rapidement pour rentrer dans le rang. Bien lui en a pris, car
s'il s'était épuisé dans des chasses éperdues autant que vaines, jamais il
n'aurait pu dans les ultimes kilomètres placer son long sprint victorieux alors
que tous les meilleurs chassaient à ses trousses. En principe, par cette
course, les ténors ont évité de se montrer et ont laissé le soin aux aspirants
vedettes de régler la course. Celle-ci fut, certes, animée, mais monotone dans
l'ensemble. Les meilleurs aussi étaient de valeur trop égale pour que l'épreuve
soit très ouverte.
"Sprinter" du lundi 20
juin 1949
Palmarès du Championnat de France
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