PARIS-ROUBAIX, 280 km
1. Josef FISCHER (All) en 9h17'00" (moy : 30.162 km/h)
2. Charles Meyer (Dan) à 26'00"
3. Maurice Garin (Ita) à 28'00"
4. Arthur Linton (Gbr) à 45'00"
5. Lucien Stein (Fra) à 1h01'00"
6. Boinet (Fra) à 1h01'50"
7. Eo (Fra) à 1h07'30"
8. Henri Aries (Fra) à 1h51'00"
9. Gaston Pachot (Fra) à 2h02'00"
10. Albert Mercier (Fra) à 2h16'00"
11. Gouff (Fra) à 2h29'00"
12. Eugène Faiteau (Fra) à 2h54'00"
13. Gilbert "Liermi" Miriel (Fra) à 4h03'00"
14. Gaston Vast (Fra) à 4h05'00"
15. Amédée Naert (Bel) à 4h16'00"
16. Fritz Vanderstuyft (Bel) à 4h17'00"
17. Vendredi (Gbr) à 4h25'00"
18. Emile Taquet (Fra) à 5h16'00"
19. Arsène Millocheau (Fra) à 5h43'00"
20. Lecornu (Fra) à 7h13'00"
21. Revilio Norsath* (Fra) à 8h01'00"
22. Vautrelle (Fra) à 8h02'00"
23. Aymard (Fra)
24. Victor Bagre (Fra) à 8h11'00"
25. Feys (Bel) à 8h39'00"
26. Guillochin (Fra) à 10h28'00"
27. Theron (Bel) à 20h33'00"
28. Albert Dumas (Fra) à 20h58'00"
* surnom d'Olivier Hastron
Catégorie "Régionaux" :
1. Liseron (Fra) en 14h27'00"
2. Ernest Dubois (Fra) à 1h35'00"
3. Quivy (Fra) à 4h59'00"
4. Asseman (Fra) à 7h04'00"
Inscrits : 109
Partants : 48
Classés : 32
Disputé le 19 avril 1896 sous un temps froid et sec.
Départ : Paris Porte de Maillot à 5h30 - Arrivée : Vélodrome roubaisien.
Entrainement par des machines multiples.
Un coureur nommé Nézeloff est parti hors-compétition (16 heures)
Maurice Garin n'a été naturalisé français que le 21/12/1901.
Source : CdP HS n°18
Première édition de Paris-Roubaix 1896
Au crépuscule du 19ème siècle, une trentaine d'années après l'apparition
du vélocipède Michaux qui hantait le tout Paris de l'époque en général,
et le Parc de Saint-Cloud, en particulier, et la naissance du cyclisme par un
certain René Olivier, deux filateurs de Roubaix eurent, durant l'hiver 1895,
la riche idée d'organiser une épreuve reliant Paris à Roubaix. Ces deux "originaux",
Théo Vienne et Maurice Perez ont le sentiment insidieux, à ce moment là,
que le cyclisme sur piste organisé par leurs soins dans leur sanctuaire du
Nord ne lasse inexorablement les couples endimanchés. En effet, ces deux "renards"
sont, également, en dehors de leur philanthropie notoire, propriétaire de
l'inénarrable vélodrome du parc Barbieux où ils vénèrent, par des courses
sur piste, l'éclosion de la "Petite Reine" qui n'en ai, il faut bien
l'avouer, qu'à ses premiers balbutiements. Les deux présomptueux eurent, alors,
l'idée géniale et saugrenue à l'époque d'imaginer une épreuve qui relierait
Paris, la capitale, à Roubaix, fief incontournable du textile.
Le fait de voir apparaître dans leur cité des coureurs crottés et immaculés
de boue offusqua au plus haut pojnt la corporation ecclésiastique et la "Gentry"
des biens pensants de cette fin de siècle. En outre, ces deux empêcheurs de
tourner en rond poussèrent le blasphème jusqu'à organiser cette manifestation
le dimanche de la Pâques chrétienne. L'itinéraire ne focalisera, pas plus
que cela, l'attention de nos deux précurseurs de génie à savoir, "droit
devant". De Paris à Roubaix en ligne droite ! Si ce tracé à pour point
positif un kilométrage rationnel, il propose, en revanche des avatars liés
à la configuration du terrain des plus incohérents. Sur les 280 kilomètres
de l'épreuve, 230 se feront sur des sentiers nantis d'ornières et de nids
de poule. La distance restante étant confectionnée de pavés et trottoirs
cyclables plus ou moins adaptés à la pratique de la discipline.
La course peut, alors, se dérouler. Dès le drapeau abaissé, une échappée
de sept hommes, sous l'impulsion du Britannique Linton, prend forme. Ce dernier
place, alors, une attaque à l'orée de la forêt de Saint-Germain-en-Laye et
s'achemine seul à travers la campagne nordiste. Le Gallois a pour entraîneur
son frère Tom, ce qui confère à cette association une légitimité savoureuse
pour une première sortie en solitaire. A la sortie de la forêt domaniale,
le fuyards possèdent une avance respectable de 1'30" sur le Français
Paul Guignard et un peu plus de 4'00" sur un autre tricolore (en devenir
celui-là) Maurice Garin. Le peloton navigue, déjà, à ce moment de la course
à plus d'un quart d'heure de l'homme de tête. On verra par la suite que les
écarts, en ce temps là, étaient d'une élasticité extrême. Englué, jusqu'alors,
au sein d'un peloton en "goguette", le Germain Joseph Fischer passa
la surmultiplié et se dégagea, aisément, de cette "toile d'araignée"
peu conventionnelle. Dans un "one man show" du plus bel effet, il
reprend le trop boulimique Gallois au ravitaillement de Breteuil. Un moment
dépité et ahuri, Linton, de bonne grâce, fait cause commune avec l'Allemand
et les deux "compagnons de galères" fondent, maintenant, sur Amiens.
Le Gallois en profite pour rafler l'important prime mise en jeu à cet endroit
de la course, au cas ou. Mal ou bien lui en pris, toujours est il qu'à l'instar
du "Blaireau" en 1981, un chien vient anéantir les illusions encore
intactes du Britannique en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. La pauvre
victime se jette sous la roue avant de Linton qui, aussi surpris que l'animal,
réalise une "triple boucle piquée" au dessus de sa monture pour
s'en venir choir de toute sa carcasse sur le sol rocailleux de cette route d'un
autre age. Le temps d'enfourcher de nouveau la "ferraille" endolorie
et Fischer a disparu à l'horizon sans fin des plaines immensément planes du
Nord. Survolté et gangrené par l'idée d'arriver en solitaire, l'Allemand,
appuie encore plus fort sur les pédales. Son corps est meurtri, ses jambes
dures, les reins bloqués tels un pantin désarticulé il achemine sa silhouette
bon gré mal gré vers ce nouveau "Graal" tant convoité.
Accompagné dans son "chemin de croix" par les musiques militaires,
c'est au son du clairon que l'Allemand, fier Teuton, se refera une santé. Une
santé si déconcertante voir insolente qu'il franchira la ligne d'arrivée
sur le vélodrome éminemment serein et animé d'une joviale décontraction.
Sa chevauchée aura duré neuf heures et dix sept minutes soit une moyenne horaire
d'un peu plus de 30 km/h. L'autochtone, Maurice Garin, le "Petit Ramoneur",
finira troisième de ce premier "monument du cyclisme" à vingt huit
minutes du vainqueur et héros du jour. Ainsi vit le jour la classique la plus
prisée de l'histoire et la légende de la "Petite Reine".
Michel
Crépel
Palmarès de Paris-Roubaix
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