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SURESNES-ROUBAIX, 280 km
1. Henri PELISSIER (Fra) en 12h15'00" 2. Philippe
Thys (Bel) 3. Honoré Barthélémy (Fra) 4. Louis
Heusghem (Bel) à 1'00" 5. Alexis Michiels (Bel) 6. Francis
Pélissier (Fra) à 10'00" 7. Jean Rossius (Bel)
à 15'00" 8. Emile Masson (Bel) à 15'30" 9. Eugène
Christophe (Fra) à 16'00" 10. Alfred
Steux (Bel) à 24'00" 11. Dieudonné
Gauthy (Bel) à 25'00" 12. André Huret (Fra)
à 27'00" 13. Léon Scieur (Bel) à 34'00" 14. Oscar
Egg (Sui) à 36'00" 15. Joseph Van
Daele (Bel) à 37'00" 16. Lucien Buysse (Bel)
à 38'00" 17. Alfons Spiessens (Bel)
à 40'00" 18. Paul Duboc (Fra) à 42'00" 19. Robert
Jacquinot (Fra) à 47'00" 20. Joseph
Verdickt (Bel) à 51'00" 21. Henri
Hanlet (Bel) 22. Jacques Coomans (Bel) 23. Gaston
Van Waesberghe (Bel) à 1h13'00" 24. Albert
Dejonghe (Bel) à 1h14'00" 25. Charles Van
Mol (Bel) à 1h15'00"
Inscrits : 139 Partants : 77
Classés : 25 Moyenne : 22.857 km/h
Les partants :
1 DERUYTER Charles (Bel) 2 CHASSOT
René 4 GOTRA Jules 5 DELPIROU François 7 THYS Philippe (Bel) 8 PELISSIER
Henri 9 MOTTIAT Louis (Bel) 10 ROSSIUS Jean (Bel) 11 CHRISTOPHE Eugène 12
VANDENHOVE René 13 MICHIELS Alexis (Bel) 14 BARTHELEMY Honoré 16 LAMBOT
Firmin (Bel) 17 JUSERET Charles (Bel) 18 HEUSGHEM Louis (Bel) 19 LEMEE
Armand 20 PELISSIER Francis 21 THYS Guillaume (Bel) 22 VAN DAELE Joseph
(Bel) 23 NOEL André 24 SCIEUR Léon (Bel) 26 MASSON Emile (Bel) 27
STEUX Alfred (Bel) 29 VERDICKT Joseph (Bel) 30 GAISNE Félix 34 DENYS
Emile (Bel) 37 ALAVOINE Jean 39 SCHLICK Martial 40 NOEL Hubert (Bel) 41
ANDRE Martin 42 ALECH Robert 47 DEFRAYE Odile (Bel) 48 DUBOC Paul 50
HURET André 57 GAUTHY Dieudonné (Bel) 58 LEDRAN Emile 60 MOREL Séraphin 63
FLORUS Georges 66 MASSELIS Jules (Bel) 68 LEROY Camille (Bel) 69 KIPPERT
Charles 72 NEMPON Jules 73 TARANGER Antoine 74 NAIN Etienne 75 MENAGER
Constant 78 VAN WAESBERGHE Gaston (Bel) 84 WYNSDAU Théodore (Bel) 86
VAN HEYLEWEGEN Henri (Bel) 89 DEJONGHE Albert (Bel) 91 AERTS Emile (Bel) 92
SPIESSENS Alphonse (Bel) 93 EGG Oscar (Sui) 94 GODIVIER Marcel 96 BUYSSE
Lucien (Bel) 97 VANLERBERGHE Henri (Bel) 99 SAVINA René 100 COLIN Eugène 101
VERSTRAETEN Aloïs (Bel) 103 HUGENTOBLER Maurice 105 VAN MOL Charles (Bel) 106
JACQUINOT Robert 109 NARCY Camille 110 NARCY André 111 COOMANS Jacques
(Bel) 113 PAUL Ernest 114 BINST Jean (Bel) 117 VAECK Albert (Bel) 118
GAUCHET Armand 120 BROCCO Maurice 121 PAGNOUL Hubert (Bel) 122 HANLET
Henri (Bel) 127 HEUSGHEM Hector (Bel) 129 VAN HEVEL Jules (Bel) 130
LEMAY Fernand 131 VERMEEREN Rémy (Bel) 133 CLAERHOUT Arthur (Bel) 135
LIGNON Henri
Les forfaits :
3 ASSE Robert 6 MERCIER
Alfred 15 MANTELET Charles 25 CAZALIS Lucien (Sui) chute à l'entrainement 28
VERDYCKT Hubert (Bel) 31 ENGEL Louis 32 BAUMLER Emile 33 CATHERA Victor 35
QUENAULT MArcel 36 DRUZ Emile 38 RENARD André 43 ROSSIGNOL Auguste 44
PLANCHAUD Armand 45 BEAGUE Eugène 46 DROUINEAU Charles 49 FOUCARD Armand 51
MENAGER Henri 52 TITRAN Germain 53 GILLES Alexandre 54 TUYTEN Julien
(Bel) 55 LACIRE Henri 56 PARIS Lucien 59 VILLE Maurice 61 BELLONI
Gaetano (Ita) 62 LEBRUN Edouard 64 GUENOT René 65 LEBRUN Georges 67
MOLLE Walmer (Bel) 70 LEBRUN François 71 DUVIVIER Albert (Bel) 76 SERET
Laurent (Bel) 77 FORT Lucien 79 COUTTE André 80 TREMBLAY Pierre 81
GOETHALS Félix 82 AMEZ Georges 83 DESMEDT Albert (Bel) coliques 85
BETHS François (Bel) 87 GRAS Louis 88 DE BELDER Albert (Bel) 90 GOBILLOT
Marcel 95 BUYSSE Marcel (Bel) 98 LECLERC Léon 102 BUYSSE Léon (Bel) 104
BROHAN Jules 107 PAIN Arsène 108 DESANTHOINE Florent (Bel) 112 VANDERPLANCK
Louis 115 VAN HEVEL Jules (Bel) 116 VANDERBORGH Louis (Bel) 119 RICKENBACH
Louis 123 LEONARD Edouard 124 MATTHYS Basile (Bel) 125 DEJAEGHER Henri
(Bel) 126 SERROEN Achille (Bel) 128 LELIAERT Maurice (Bel) 132 NEFFATI
Ali (Tun) 134 LEJEUNE Emile 136 ANSEEUW Urbain (Bel) 137 VANDEVOGEL
Léon (Bel) 138 VALCKE Triphon (Bel) 139 HAIDON Charles (Bel)
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76 partants annoncés, mais 77 dans la liste. André Huret (n°50) annoncé forfait, est classé 12ème.
Parcours :
SURESNES (Moulin Rose) à 5h30 - km
0 Pont-de-Chatou -
km 8 Pontoise - km 33 Beauvais Breteuil - km 112 Amiens - km 144 Doullens
- km 174 Frévent - km 188 Saint-Pol - km 200 Béthune - km 226 Cambrin Armentières Lille Forest ROUBAIX
(Parc Barbieux) - km 280
Disputé le 20 avril 1919 par un temps pluvieux et glacial. Violent
vent venant du nord.
Observations : - un seul ravitaillement
autorisé - sur 40
voitures suiveuses, seulement 5 arrivèrent à Roubaix.
Les prix : -
1000 francs au 1er - 500 francs au 2ème - 300 francs
au 3ème - 200 francs au 4ème - 150 francs au 5ème - 100 francs du 6ème au 8ème -
50
francs au 9ème - 25 francs au 10 et 11ème - 15 francs au 12ème.
En 1919,
Paris-Roubaix revêt à nouveau ses habits du dimanche pour la première fois
depuis la Grande Guerre. Henri Pélissier s'impose.
En mars 1919,
la Grande Guerre hante toujours les esprits et le moins que l'on puisse
dire, c'est que l'Enfer du Nord, la reine, la revêche, n'a jamais aussi
bien porté son nom. Une appellation au label contrôlé, par un journaliste
parisien lors de la reconnaissance du parcours, et déjà prémonitoire des
ravages engendrés par la folie, l'hypocrisie et l'imbécillité humaine ?
Toujours est-il qu'en ce printemps 1919, la classique du Nord revêt à nouveau
ses habits du dimanche pour la première fois depuis le conflit planétaire.
Nombre d'irréductibles précurseurs de la discipline n'ont pu, hélas, franchir
sans encombre ces quatre années de galère et ont été recensés, bien malgré
eux, à l'article nécrologique au sein d'un panel de neuf millions d'âmes
innocentes, victimes de la mégalomanie de certains gouvernants. Ainsi, le
Géant de Colombes François Faber, lauréat en 1913, le Frisé, le phénomène
Octave Lapize vainqueur en 1909, 1910 et 1911 mais aussi l'Argentin Lucien
Petit-Breton, Frank Henry, Marius Thé ou encore Léon Hourlier et Emile Engel
ne déambuleront plus, l'air goguenard, le regard malicieux, aux abords des
aires de départ des classiques auxquelles ils ont participé et œuvré, dans
le même temps, à leur notoriété grandissante. La mémoire toujours en éveil
résonne inlassablement aux noms de Verdun ou Douaumont mais semble réfractaire
à ceux de Doullens ou Hénin. L'amnésie est d'autant plus perverse que les
paysages environnants, d'où apparaissent encore les stigmates du chaos,
décrivent plus que les mots, l'abomination.
Les routes défoncées,
les cratères laissés par les bombes, les ornières, les fossés maculés d'un
sang indélébile et la végétation absente à certains endroits jalonnent le
parcours et témoignent de l'âpreté et de la violence des combats. L'atmosphère
semble irréelle et lugubre en ce matin du 20 avril. Le peloton, quant à
lui, à l'instar de la morosité ambiante et de l'architecture patrimoniale,
est ravagé. Les maisons de cycles, véritables et uniques sponsors de ces
temps immémoriaux, tentent tant bien que mal de reconstituer des formations
faites la plupart du temps de bric et de broc. 130 courageux mercenaires
sont présents, ce matin-là. L'itinéraire initial a toutefois été quelque
peu rafraîchi, si l'on ose dire. A la sortie de Doullens et après l'ascension
de sa côte emblématique, le no man's land généré par le séisme est tel que
les organisateurs ont décidé d'un commun accord de diligenter des émissaires
afin d'emprunter le tronçon de Béthune, plus approprié à la pratique de
la petite reine. Les mines déconfites des protagonistes à l'effort sont
criantes de l'état de délabrement des corps et des âmes. Le faciès est buriné
et trahit la souffrance engendrée depuis tant de saisons à éviter le pire.
Le Basset belge Philippe Thys est de ceux-là.
Lauréat des Grande
Boucle 1913 et 1914, l'énigmatique représentant d'outre-Quiévrain se tient
là, prêt et apte enfin à réapprendre à combattre sans animosité, nanti d'un
mental dénué de toute idée de revanche voire de vengeance. Le déluge de
pluie et de vent qui accompagne la caravane ajoute, s'il était besoin, à
ce sentiment de désolation. L'indestructible maréchal-ferrant pyrénéen est
également présent sous les ordres du starter. Le Vieux Gaulois Eugène Christophe
a réussi a surfer sur ces quatre années avec la maestria qui le caractérise
et non avec la poisse qui le poursuit depuis tant de saisons. La Ficelle
Henri Pélissier, lui, auréolé de sa victoire lors de la Primavera 1912 et
de son doublé lombard de 1911 et 1913, revient, entraînant avec lui le second
de ses trois frangins, Francis. Henri a pour le "Grand" les yeux
de Chimène et nul doute qu'il mettra tout en œuvre pour offrir un prénom
à son cadet. Une interminable minute de silence, en l'honneur de ces chers
disparus accroît, en outre, la tension déjà palpable avant que les guerriers
de l'impossible ne s'élancent dans un combat douteux des plus improbables.
Les
conditions climatiques sont à l'image de l'atmosphère générale, à savoir
maussade. La pluie et le vent, vieux compagnons de route presque immuable
des gladiateurs, n'éprouvent aucun sentiment de complaisance envers les
êtres médiocres. A l'inverse, ils auraient plutôt tendance à accabler, s'il
était encore possible, l'anxiété et les interrogations de ces coursiers
avides d'en découdre, certes, mais par trop meurtris par les joutes extra-sportives
d'un passé récent pour être réellement sereins. Toutefois, la motivation
semble réellement au rendez-vous et ce même si le début de course s'avère
quelque peu balbutiant. Nombre de participants n'ont guère eut le privilège
d'enchaîner les kilomètres et une course nerveuse dès l'entame de celle-ci
risquerait à tout coup de nuire à leurs ambitions déclarées. L'épreuve est
longue et ardue à négocier. En outre, la mutation de la topographie du terrain
demeure un mystère insondable pour les coureurs. Pour toutes ces raisons,
la prudence est de mise au sein du peloton. Aucun soubresaut ne viendra
ternir le bel ordonnancement de ce serpentin multicolore jusqu'à une centaine
de bornes du Parc Barbieux de Roubaix. Au lieu dit La Bessée, désolée, ravagée
et dont les spectres architecturaux dignes d'un film d'épouvante font froid
dans le dos, deux hommes prennent la poudre d'escampette.
Les deux
Pélissier, Henri le bourlingueur et Francis le jouvenceau et néo-pro, se
sont extirpés avec autorité et volonté du patachon en sommeil. A mesure
que les kilomètres défilent, les corps sont happés par l'humidité et le
froid, si bien que la réaction du peloton est sporadique. Transis, les muscles
rompus à un tempo de 200 bornes éprouvent alors une énorme difficulté à
changer de rythme. Les deux frangins l'ont bien compris et, rapidement,
ils creusent un écart conséquent de plus de 2 minutes. Victime de trois
crevaisons, Francis souffre le martyre dans la roue aiguisée de son aîné
plus expérimenté. Néophyte, le Grand ne parvient pas, en outre, à s'alimenter
normalement. Les routes défoncées, bouseuses et glissantes ne permettent
que très rarement aux hommes de lâcher leur guidon pour se sustenter. Si
bien que la sorcière aux dents vertes, qui veille telle une auréole au-dessus
des âmes infidèles, ne tardera pas à s'emparer de celle du futur double
lauréat du Derby (1922-1924). Pourtant, Henri, qui n'a qu'une idée en tête,
arriver à Roubaix en compagnie de sont petit frère, ralentit la cadence
infernale qu'il imposait depuis leur escapade. Cette baisse de régime risque
fatalement d'exposer le duo fratricide au retour inespéré de nombre d'adversaires.
Le Belge Philippe Thys sera le premier à rentrer. Malin comme un singe,
le coureur d'Anderlecht a rapidement compris le bénéfice qu'il pourrait
tirer de pareille situation. A peine intégré au duettiste, Thys place une
mine imparable.
Enfin presque car si Francis ne peut réagir à ce
coup fatal, Henri, lui, bondit rageusement et vigoureusement dans le sillage
de celui qui vient de mettre un terme à son rêve d'emmener son cadet à Roubaix
en sa compagnie. Et pour qui connaît la Ficelle... Les deux hommes filent
de concert vers la ligne d'arrivée ne subodorant aucunement un retour de
l'arrière. Mais les aléas de la course ont ceci de surprenant, c'est qu'ils
surgissent souvent à des moments inopportuns. Comme ce passage à niveau
fermé de Lesquin. Honoré Barthélemy est le premier à rejoindre le duo franco-belge.
Les autres vont suivre, c'est sûr, se dit Henri. Le comble est que le train
a stoppé en gare et le convoi est si important qu'il fait le siège de la
voie, ce qui empêche toute ouverture des barrières. Dubitatif puis furibond,
la Ficelle saute promptement la barrière, grimpe imprudemment dans un wagon,
salue les voyageurs médusés, saute avec aisance de la rame, franchit prestement
la barrière opposée, enfourche agilement sa monture et remet énergiquement
le turbo. Demeurés prostrés et sidérés par le culot du Parisien, Thys et
Barthélemy, après un temps de réflexion, tentent d'imiter ce dernier au
moment même où le convoi s'ébranle de nouveau. Ils arrivent, à grand renfort
d'énergie, à rejoindre Henri quelques kilomètres plus loin.
Désireux
de ne pas terminer ensemble, chacun tente à tour de rôle de fausser compagnie
aux empêcheurs de tourner en rond. S'ensuit une véritable réunion sur piste
de haute tenue. Ca explose de partout, un sublime feu d'artifice de giclettes.
En vain, cependant. Aucun des trois ne parviendra à tromper la vigilance
des deux autres. Le sprint devient alors inéluctable, irrémédiable, et Henri,
qui a un compte à régler avec le Belge, apparaît alors remonté comme une
pendule helvète. Jamais le Wallon ne fera illusion, tant l'aîné des Pélissier
désirait effacer la déception de ne pas avoir accompli son rêve. Les larmes
de Thys, à l'arrivée, en disent long sur l'amertume et le désarroi ressenti
par le Belge à l'issue de sa défaite. "Je suis bien sûr heureux
de ma victoire, cependant, elle n'est pas complète car j'espérais réaliser
le doublé avec mon frère !", avouera Henri à sa descente de vélo.
Michel
Crépel
Palmarès de Paris-Roubaix
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Fichier mis à jour le : 1/02/2013 à 17:50
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