18ème étape - Le Lautaret-Aoste Saint Vincent, 243 km Federico
Bahamontes devant Charly Gaul
Cols : le Galibier (km 7) , l’Iseran (km 114), le Petit
Saint-Bernard (km 186)
Après sa victoire dans la 15ème étape contre-la-montre au Puy de Dôme et
son échappée avec Charly Gaul dans la 17ème étape Saint-Etienne-Grenoble
à l’issue de laquelle il a revêtu le maillot jaune, l’espagnol Federico
Bahamontes possède une confortable avance : 4'02" et 4'08" sur
les belges Pauwels et Hoevenaers, 4'51" sur le régional du Centre-midi
Henry Anglade, 9'16" et 11'36" sur les deux sociétaires de l’équipe
de France Jacques Anquetil et Roger Rivière.
La 18ème étape par le Galibier, L’Iseran et le Petit Saint-Bernard apparaît
de nature à donner lieu à une attaque d’envergure de l’équipe de France,
forte outre Anquetil et Rivière, de Bobet et Géminiani, tous deux attardés
au classement général, contre le maillot jaune, fatigué de ses efforts de
la veille soutenu par et une équipe d’Espagne affaiblie.
Attaqué en tout début d’étape, le Galibier voit triompher à son
sommet Gaul devant Rohrbach alors que Bobet et Robic sont déjà distancés.
Anglade chute deux fois après la descente du Galibier. Après le passage à
Modane, au km 62, l’Italien Gismondi et l’autrichien Christian se détachent
sur un peloton regroupé dans le froid après la descente du Galibier et partent
pour une échappée commune. Ils passeront au sommet de l’Iseran avec une
avance de 5'30" sur Gaul et Bahamontes précédant un peloton ayant monté
le col au train . En grande difficulté dans l’Iseran, Louison Bobet
mettra un point d’honneur à arriver jusqu’au sommet avant d’abandonner,
après 3 km de descente, le dernier Tour de France qu ’il courait. Après
la descente de l’Iseran, Bahamontes, sur un changement de roue et Gaul, sur
des ennuis de freinage, sont distancés d’une minute, mais dans le groupe
qui le devance, les nationaux français ne réagissent pas, si bien que les
deux grimpeurs peuvent réintégrer ce peloton des favoris…
La montée du Petit Saint-Bernard s’effectue sans à coups, Louis Bergaud
devançant au sommet , 4'57" après Gismondi et Christian, une vingtaine
de coureurs représentant les meilleurs de la course, à l’exception de Pauwels,
relégué à 10'00".
C’est la descente du Petit-Saint-Bernard, sur une route gravillonneuse et
mouillée entraînant des crevaisons, qui décante la course. Au km 210, à
33 km de l’arrivée, ayant lâché Bahamontes dans la descente, un groupe
formé de Baldini, Anglade, Gaul, Saint et Reitz était pointé à 2'00"
du tandem Gismondi-Christian. Bahamontes était récupéré par un second groupe
formé notamment d’Anquetil, Rivière, Brankart, Adriaenssens qui venait une
minute plus tard. Le groupe Baldini réussit à absorber les deux échappés,
après 182 km d’échappée commune, et c’est Baldini qui l’emporta au
sprint à Aoste devançant Gaul, Anglade, Gismondi et Christian. Ayant fortement
réagi, le peloton des poursuivants, réglé par Robinson devant Anquetil, Brankart,
Rivière, Adriaenssens, Mahé, Van Aerde, Bahamontes et Gomez Del Moral, ne
concédait que 47", permettant ainsi à Federico de sauver son maillot
jaune…
A l’arrivée, les critiques sont sévères : dans l’Equipe, Jacques
Goddet parle de «déconcertante journée» tandis que Pierre Chany évoque
un «immense navet». Selon Chany, si les Français nationaux avaient
laissé un Bahamontes fatigué s’épuiser dans la poursuite derrière Baldini,
le maillot jaune n’aurait pas résisté plus de 10 km et, une fois distancé,
Anquetil et Rivière auraient pu engager la poursuite derrière Anglade. Mais,
visiblement, les deux tricolores préférèrent sauvegarder les intérêts de
Bahamontes, qui courait pour la marque Tricofilina-Coppi patronnée par le campionissimo
italien, que ceux du «régional» Anglade. Plutôt Bahamontes qu’un régional…
L’avance préservée par Bahamontes dans cette 18ème étape lui permit de
limiter les dégâts dans l’étape contre la montre et de remporter le
Tour 1959 devant Anglade, Anquetil et Rivière. Le succès de Bahamontes provoqua
un succès indescriptible en Espagne, tandis qu’Anquetil et Rivière étaient
hués à l’arrivée au Parc des princes. Plus tard, par dérision, Anquetil
baptisa son nouveau hors-bord «Sifflets 59»…
Merci
à Didier Béoutis
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