Emile Daems, vainqueur à Briançon

Cols :
Restefond au km 121
Vars au km 167
Izoard au km 217

Le mercredi 11 juillet au matin, c'est le belge Joseph Planckaert qui porte le maillot jaune, suivi de Jacques Anquetil à 1'08", Tom Simpson à 3'16" et Gilbert Desmet à 3'39". Les grimpeurs Massignan, Gaul et Poulidor accusent respectivement un retard de 7'20", 9'27" et 9'59", ce qui leur laisse toutes leurs chances, l'étape du jour comme celle du lendemain par les cols de la Chartreuse leur donnant deux belles occasions de prendre de l'avance sur Jacques Anquetil avant la 20ème étape contre-la-montre Bourgoin-Lyon sur 68 km. Le souvenir de Charly Gaul, qui a renversé la situation quatre ans plus tôt dans l'ultime étape de montagne est encore vivace. Seul Bahamontes, 16ème à 24'35", est décroché et ne pense plus qu'au G.P de la montagne.

L'étape part de façon très tranquille : cent kilomètres sont couverts au cours des quatre premières heures. Dans la montée de Restefonds, Bahamontes se dégage. Au sommet, "l'Aigle de Tolède" passe en tête devant Pauwels à 1'45", Gaul à 3'20", Foucher à 3'35" et le peloton Planckaert-Anquetil–Poulidor à 4'10". Pauwels passe en tête dans la descente et, au ravitaillement de Jausiers (km 145), il a 1'10" d’avance sur Bahamontes, 2'55" sur Gaul, Foucher, Wolfshohl et 3'30" sur le peloton.

Pauwels prend du champ et, au pied du col de Vars (km 159), possède 4'00" d'avance sur Bahamontes, Gaul, Foucher et Wolfshohl regroupés et sur le point d'être rejoints par les 14 coureurs que comporte le peloton Planckaert, Anquetil, Poulidor. Au sommet, Pauwels conserve 4'00" d'avance sur Bahamontes, 4'05" sur Massignan, et 4'25" sur le peloton des favoris emmenés par Gaul, Poulidor, Planckaert, Baldini et Anquetil.

Dans les premiers lacets de la descente, Pauwels fait une chute et se blesse à une épaule et au menton. Il n'en repart pas moins de plus belle et conserve, au km 205, 6'20" d'avance sur 19 hommes regroupés. Mais sur la réaction du peloton, l'avance de Pauwels, qui est victime d'une crevaison, diminue avant qu'il soit rattrapé. Au sommet de l'Izoard (Km 217), Bahamontes passe en tête, suivi à 20" de Massignan, Gaul, Anquetil, Planckaert, Daems, Poulidor et Armand Desmet. Dans la descente, Pauwels crève et perd contact. Aux tentatives de Bahamontes, Massignan et Armand Desmet, Emile Daems répond magnifiquement. Il s'impose au sprint devant les sept coureurs du groupe de tête de l'Izoard  : Massignan, Poulidor, Anquetil, Gaul, Planckaert, Bahamontes et Armand Desmet. Simpson, Pauwels et Lebaube, arrivés plus d'une minute après, prennent les 9ème, 10ème et 11ème places.

Huit coureurs au sprint à Briançon après l'Izoard et la victoire d'un pur sprinter comme le belge Emile Daems, court, trapu et musculeux, cela ne s'était jamais vu ! Dans l'Équipe, Jean Bobet parle de la "disparition de l'espèce des grimpeurs" tandis que Jacques Goddet évoque les "aigles qui ont satisfait leur petite vanité en se contentant de donner quelques coups de griffes sur les sommets". Le classement général ne subit pas de changement et Jacques Anquetil voit s'accroître ses chances de victoire.

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