20ème étape : Bourgoin-Lyon (68 km contre-la-montre)
La "Caravelle" Jacques Anquetil
Légère montée jusqu'au km 17, descente jusqu'au km 53, côte
de Solaise au km 55, descente jusqu'au Stade-Vélodrome de Lyon. Beau temps
chaud, vent modéré.
Jacques Anquetil avait remporté le Tour 1961 en conquérant le maillot jaune
dès le premier soir, à l’issue de la demi-étape contre-la-montre courue
à Versailles et l’avait conservé jusqu’au bout. Sa stratégie était différente
en 1962. Malade au Tour d'Espagne qu'il avait perdu au profit de son équipier
Rudi Altig, convalescent dans le Critérium du Dauphiné Libéré remporté
par Raymond Mastrotto, Jacques Anquetil s'était présenté au départ du
Tour 1962 couru par équipes de marques et marqué par la présence d'une
très forte opposition (Charly Gaul, Federico Bahamontes, Gastone Nencini, Ercole
Baldini, Rik Van Looy, Raymond Poulidor, Hans Junkermann), dans un état de
forme incertain. Son nouveau directeur sportif Raphaël Géminiani lui avait
laissé une semaine pour faire preuve de sa capacité à gagner le Tour, délai
qu’il avait mis à profit pour remporter la première étape contre-la-montre
courue, le 8ème jour, entre Luchon et la Rochelle.
Par la suite, c'était le belge Joseph Planckaert, coéquipier de Rik Van
Looy, qui s'était emparé du maillot jaune à l'issue de la montée de
Super-Bagnères contre-la-montre remportée par Federico Bahamontes. Les étapes
alpestres n'avaient pas modifié la situation. Au matin de la 20ème étape
Bourgoin-Lyon, Planckaert conservait une avance de 1'08" sur Jacques Anquetil,
2ème du général, et de 5'43" sur Raymond Poulidor, remonté à la 3ème
place après sa victoire à Aix-les-Bains.
Parti très vite pour impressionner le porteur du maillot jaune, Jacques Anquetil
possédait déjà, à mi-parcours (km 34), avec un temps de 47'42", une
avance de 1'21" sur Ercole Baldini, 1'47" sur Planckaert, 2'46"
sur Poulidor qu'il allait rejoindre au km 38. A Feysin, au km 60, en 1h21'33",
son avance s'était accrue à 2'47" sur Baldini, 4'07" sur Poulidor,
4'17" sur Planckaert et 5'44" sur Gilbert Desmet qu'il allait rejoindre
au km 68. Enfin, à l'arrivée, très régulier, Jacques Anquetil remportait
l'étape en 1h33'35" avec une moyenne horaire de 43,597 km/h, devançant
Baldini de 2'59", Poulidor de 5'01", Planckaert de 5'19" et Gilbert
Desmet de 6'11". Etait classé 94ème et dernier, avec un retard de 21'45",
le Normand Marc Huiart, qui allait tragiquement décéder quelques jours plus
tard, lors de l'étape contre-la-montre du G.P de Fourmies.
Les commentaires étaient particulièrement élogieux. Dans l’Equipe, Jacques
Goddet intitulait son éditorial : "Du grand art" tandis que
Pierre Chany évoquait un "spectacle inoubliable et bouleversant".
Présent au départ d'Anquetil, ce vendredi 13 juillet à 16 heures, Antoine
Blondin évoquait "l'envol d'une Caravelle", faisant allusion
au récent premier avion de ligne à moteur à réaction.
Avec un gain de 5'19" à laquelle s'ajoutait la minute de bonification,
Anquetil effaçait son retard sur Planckaert, prenant le maillot jaune avec
une avance de 5'11" sur le coureur belge et de 10'36" sur Poulidor
qui se maintenait à la 3ème place. La "Caravelle" Anquetil remportait
donc son 3ème Tour de France en ayant contenu ses rivaux dans la montagne puis
en les surclassant dans le contre-la-montre entre Bourgoin et Lyon.
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