14° étape - Andorre-Toulouse
Le port d'Envalira
Au sommet du Port d'Envalira, Jacques Anquetil avait perdu le Tour de France !
Cette journée de repos à Andorre, commençait bizarrement. Jacques
Anquetil, 2° au général à 1'11' du maillot jaune Joseph Groussard,
et Raymond Poulidor, 3° à 1'42" se tenaient dans un mouchoir, et Jacques
Anquetil accepta de déguster un méchoui, pour répondre à l'invitation
de Radio-Andorre. Hélas, une terrible défaillance l'attendait le
lendemain dans la première ascension, le Port d'Envalira. Il allait se refaire
une santé dans la descente, mais écoutons les témoins de l'époque
: "Si vous êtes des coursiers, des battants, faites lui en baver..."
avait dit Maurice De Muer à Henry Anglade. Il ajoute : "Nous étions
vexés de voir Jacques supprimer un entraînement pour aller à un méchoui".
De son côté, Antonin Magne préconisait également l'attaque
à outrance au sein de l'équipe Mercier-BP-Hutchinson de Raymond Poulidor
: "Avant le départ, nous avions roulé pendant 40 km. Nous étions
chauds pour le Port d'Envalira qui était la première ascension, et nous
voulions défendre le maillot jaune de Joseph Groussard", ajoute Henry
Anglade. Ce fut un tir nourri, un feu d'artifice, des attaques à outrance
contre Jacques Anquetil. Federico Bahamontes, Raymond Poulidor, Julio Jimenez et la "bande"
à Henry Anglade, déclenchent les hostilité immédiatement.
Surpris, Jacques Anquetil, reste cloué sur place dans les premiers lacets du Port
d'Envalira. Louis Rostollan l'accompagne en l'encourageant, sans trop y croire. Au sommet,
Jasques Anquetil accuse un retard de 4' sur Federico Bahamontes, Raymond Poulidor et,
un peu derrière, Georges Groussard, Vittorio Adorni, Henry Anglade et le maillot
vert, Jan Janssen. Raphaël Géminiani monte à la hauteur de
Jacques Anquetil pour lui crier sa rage et lui conseiller de jouer son va-tout dans la
descente. On a tenté d'expliquer, voire de justifier la défaillance de Jacques
Anquetil, par les prédictions du mage Belline qui lui avait annoncé sa mort
avant l'arrivée à Toulouse. Normalement, là où il aurait dû
faire preuve de la plus grande méfiance, Jacques Anquetil se lança à
corps perdu dans la descente. A noter que Jeanine Anquetil tient à préciser
que son mari n'a jamais bu un verre de Champagne au sommet, comme il est écrit
ailleurs par erreur. En fait, Raymond Poulidor a une tentative d'explication
: "C'est l'épais brouillard qui enveloppait le versant de la descente,
qui a sauvé Jacques...". Et d'ajouter : "Les voitures avaient
les phares allumés, à cause du brouillard, et c'était donc un point
de repère pour lui. S'il n'y avait pas eu ce brouillard, nous aurions attendu le
groupe Anglade et Jacques ne nous aurait jamais revu". Henry Anglade
précise : "Je revois encore le moment où Jacques m'a doublé.
Dans un virage, le grimpeur Allemand Karl-Heinz Kunde est tombé. Pour l'éviter,
j'ai pris une trajectoire à l'intérieur. Soudain, à l'extérieur,
puis, à la corde, j'ai vu passé passer une fusée. Je n'ai pas pu
le suivre et je l'ai laissé filer". Jacques Anquetil rejoint
le groupe Anglade-Groussard, puis, Poulidor-Bahamontes avant Toulouse. Il vient de sauver
son Tour de France et Raymond Poulidor a laissé passer sa chance. Au classement
général, à Toulouse, Raymond Poulidor rétrogradait à
la 6° place à 4'28" de Joseph Groussard.
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