19ème étape - Chamonix-Saint Etienne, 264.5 km
Le
dernier maillot de Maître Jacques sur le Tour de France
Cols :
côte de Serrière au km 217.5
col du Blanchet au km231.5
col du Grand-Bois au km 247.5
Temps humide, orageux, ciel gris.
Au matin du 11 juillet, Lucien Aimar, qui a préservé la veille son maillot
jaune dans l'étape de la Forclaz, est crédité d'une avance de 1'35"
sur le second Jan Janssen, de 3'23" sur le 3ème, Marcello Mugnaini, de
4'17" sur le 4ème Momene, de 4'22" sur Poulidor, de 4'50" sur
Kunde, de 6'11" sur Van Springel et de 6'19" sur Anquetil, classé
8ème. La plus longue étape du Tour, avec le col du Grand-Bois en fin de parcours,
constitue une des dernières occasions pour Janssen ou Poulidor de mettre Aimar
en difficulté.
Les "Ford-France" contrôlent le peloton. Avant le 100ème km, Pingeon,
Kunde et Van Springel provoquent une échappée, mais les "Ford-France"
interviennent. Victime d'un point de congestion, Jacques Anquetil est décroché
plusieurs fois, mais revient grâce à l'aide de ses équipiers Grain et Milesi.
Il fait aussi appel aux services du docteur Dumas.
Au km 113, Ferdinand Bracke et Esteban Martin sortent du peloton. Alors qu'une
tornade s'abat sur la course, les deux échappés comptent une avance de 4'30
au km 150, et de 6'50" au km175.
Après la traversée du Rhône, les coureurs gravissent la côte de Serrière.
Distancé, Jacques Anquetil met pied à terre. Secouru par Raphaël Géminiani
qui lui passe un chandail, Anquetil monte dans l'ambulance.
Après la côte de Serrière, où Schutz et Gonzales sont partis en contre-attaque,
les coureurs arrivent au pied du col du Grand-Bois. Les écarts sont alors les
suivants : en tête Bracke et Martin; à 2'40", Gonzales et Schutz; à
4'05" Bitossi; à 4'10" le peloton avec les favoris. A plusieurs reprises,
Janssen attaque, mais Aimar est à chaque fois ramené par Julio Jimenez. Au
sommet du col, Bracke devance de 1'00" Gonzales, Schutz et Martin, de 2'15"
Momene et San Miguel, de 2'30" un premier peloton avec les favoris.
Dans la descente, Momene et San Miguel sont rejoints. Ferdinand Bracke conserve
son avance jusqu'à Saint-Etienne où il remporte l'étape en 7h07'50",
devançant Schutz de 51", Martin de 52", Gonzales de 54" et,
de 1'02" un premier peloton de 33 coureurs réglé au sprint par Perurena
devant Planckaert, Van Springel et Bitossi. Le 82ème et dernier, le belge Jean
Monteyne termine à 22'00" de Bracke.
Assez inexistant depuis le départ du Tour, Ferdinand Bracke, qui n'avait pas
été informé de l'abandon d'Anquetil, emporte l'étape de belle manière.
Le classement général demeure inchangé en ce qui concerne les premiers et
Lucien Aimar, très efficacement secondé par Julio Jimenez, lui-même assuré
de sa victoire au G.P de la montagne, peut s'estimer satisfait.
Poulidor ne s'accorde plus que 20 chances sur 100 tandis que Janssen affirme
qu'Aimar reste un leader fragile. Quant à Géminiani, il affirme que si Poulidor
et Janssen, désormais "patrons de la course" ne prennent pas leurs
responsabilités, il n'enverra pas Aimar à l'abattoir, et que le Tour sera
perdu pour tous les trois…
Quant à Anquetil, chez qui les médecins ont diagnostiqué une bronchite aigüe,
il affirme qu'il devenait "plus gênant qu'utile", regrette "de
ne pas être au Parc pour le tour d'honneur" car "il croit à la victoire
de Lucien Aimar", et donne rendez-vous à ses supporters pour la suite
de la saison. Il est vrai que peu inspiré par le tracé du Tour, se sachant
désormais inférieur à Poulidor dans les contre-la-montre, Anquetil avait
pris le départ à contre-cœur, sur la pression de ses employeurs et de l'opinion
publique. Il peut donc quitter le Tour, s'étant assuré du succès de son coéquipier.
Une fois rétabli, Anquetil fera une magnifique fin de saison, assurant son
succès au Super Prestige Pernod : 2ème du championnat du monde au Nürburgring
derrière Altig et devant Poulidor, vainqueur pour la 9ème fois du G.P des
Nations en devançant Gimondi, Merckx, Pingeon et Poulidor.
Merci
à Didier Béoutis
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