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Flandria joue double-jeu

par Dominique Turgis (25/4/2004)

La présence dans le peloton 2004 de deux équipes différentes avec le même promoteur suscite des interrogations, notamment chez les organisateurs. Est-il normal de voir dans le même peloton Quick Step Davitamon et Relax Bodysol, deux équipes inspirées par Patrick Lefévère ? Il y a 30 ans exactement, en 1974, la question s'était déjà posée autour de la personne de Pol Caeys patron des cycles Flandria. Il avait lui aussi monté deux équipes.
Dans les années 50-60, l'UCI autorise la "double appartenance" pour les coureurs. Cela signifiait qu'un coureur roulant pour une marque en Belgique avait le droit de courir une course en Italie pour une autre marque si sa marque belge n'était pas engagée.
En 1974, ce n'est plus le cas. L'UCI tolère seulement la double appartenance pour les "petits pays" du cyclisme.
A l'été 1973, les cycles Flandria et leur célèbre maillot rouge et blanc approchent Cyrille Guimard, chez Gan Mercier à l'époque. L'objectif de M. Clayes, directeur des cycles Flandria, est de monter une équipe française autour du Nantais. Ce contact provoque un froid, voir une glaciation des relations entre Guimard et Louis Caput, son bouillonnant directeur sportif. Le coureur n'a plus le choix, il va chez Flandria.

Une affaire cousue de fil blanc

Monsieur Clayes affilie donc une équipe à la FFC sous les noms de ses parrains : Merlin Plage - Shimano - Flandria. Shimano était déjà co-financeur de Flandria en 1973. Cyrille Guimard est rejoint par Régis Delépine, André Dierickx, Gérard Moneyron entre autres. Le directeur sportif est Jacques Cadiou et le maillot est traditionnel, rouge et blanc.
Les choses se corsent quand, Pol Clayes dépose une seconde affiliation à la RLVB pour une seconde équipe. Il n'allait quand même pas laisser filer le jeune Freddy Maertens, Walter Godefroot ou Marc Demeyer, à la concurrence ! Il s'associe, comme en 1973 avec Carpenter pour monter l'équipe Carpenter - Confortlux - Flandria. Attention, pas les cycles Flandria, les machines à coudre laver *.
Grâce à cette ficelle qui aurait du mal à passer par le chas de l'aiguille, M. Clayes réussit son coup. Le directeur sportif de cette "nouvelle" équipe n'est autre que Briek Schotte. Il dirigeait déjà l'équipe Flandria les années passées. Il était aussi celui qui avait approché Guimard pour le faire venir dans cette équipe.
Comme une machine à coudre roule beaucoup moins bien qu'un vélo, les Carpenter sont équipés de cycles... Flandria. Le maillot, dernière nuance, est blanc et rouge.

Les équipes françaises louchent

L'AFCAS (1) voit double et voit rouge devant ce tour de passe-passe. La FFC rejette la faute sur son homologue belge. Les Belges répondent "pourquoi refuser la demande de Flandria Carpenter puisqu'il ne s'agissait pas de Flandria cycles ?". Les mots toujours les mots, encore les mots.
L'AFCAS demande aux équipes françaises de déserter les organisateurs qui acceptent les deux équipes Flandria. En conséquence, Gan Mercier, Peugeot, Bic et Sonolor Gitane sont forfaits au départ de Milan-San Remo. Les organisateurs sont furieux de l'attitude des Français. Les deux "cousines" Flandria sont, elles, bien au départ de Milan.

Partie de cache-cache

Pour résoudre le problème, momentanément, pour Paris-Roubaix, les groupes français et M. Clayes trouvent un accord. La branche française cachera l'inscription Flandria sur ses maillots.
Au Tour de France, c'est l'inverse. Les Belges jettent un voile noir sur le nom des machines à coudre qui les parrainent. Personne ne songe à repeindre les vélos. Sur ce Tour de France, d'ailleurs, Cyrille Guimard récolte une belle victoire en alignant au sprint Ronald De Witte, équipier de la Carpenter Fl…. La collusion n'est donc pas toujours de mise.
On peut d'ailleurs se demander si l'AFCAS craignait plus l'entente en course ou la double exposition publicitaire d'une marque de cycles.
L'année suivante, la question sera résolue avec la disparition de la phalange française.

(1) Association Française des Constructeurs et Associés Sportifs

* Je découvre l'article de Dominique Turgis concernant "Flandria joue double jeu" sur MdC. J'ai assurément bien connu  cette période. C'est peut-être un détail, mais notre sport préféré aime que son histoire soit raconté de manière exacte. Je crois qu'il n'a jamais été question de "machines à coudre" de la marque Flandria, mais de "machines à laver", soit de "lessiveuses". L'usage n'est pas le même. Sur le principe, c'est exact, le patron Claeys avait bel et bien cherché à disposer de deux équipes pros, même si la collusion entre elles n'était pas évidente. Ni Guimard, ni André Dierickx n'auraient favorisé à l'époque Freddy Maertens, Walter Godefroot, Marc Demeyer ou Michel Pollentier...
Joël Goddaert - 22 février 2017


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Fichier mis à jour le : 31/12/2021 à 16:10

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