Petit historique de Bordeaux-Paris
Course disparue, Bordeaux Paris ressemble à un fossile, un souvenir des courses du cyclisme du temps passé. Cette course créée en 1891 rassemble deux ingrédients abandonnés au fur et à mesure par les autres : la distance et les entraîneurs.
Par Dominique Turgis
A l'origine, des tandems puis des voitures et des motos abritent le coureur. Ensuite, c'est un essaim de coureurs à bicyclette qui joue ce rôle. Jusqu'en 1910, ils accompagnent de bout en bout les coureurs. En 1911, il faut attendre Sainte Maure. Henri Desgrange invente ainsi la "prise des entraîneurs", qui va devenir le carrefour de la course. En 1931, les motos remplacent les vélos pour l'entraînement. Motos, dernys, burdins, l'entraînement restera motorisé jusqu'en 1985.
Une course de spécialiste
Cette course si spéciale est devenue année après année, marginale au point de disparaître en 1988. Elle a engendré beaucoup de spécialistes.
Francis Pélissier, le "sorcier" a remporté deux fois le "Derby de la route" sur son vélo. Une fois directeur sportif, il mena plusieurs de ses coureurs à la victoire, de Fernand Mithouard à Ange Le Strat. Les "Monsieur Bordeaux Paris", aussi, Bernard Gauthier et ses quatre victoires détrôné par Hermann Van Springel et ses sept bouquets.
Ces spécialistes ont peut être effrayé des coureurs plus renommés, tentés par l'aventure. Toutefois, le palmarès peut se flatter de la présence d'Henri Pélissier, de Ronsse, Kubler, Van Est, Louison Bobet, Simpson, Anquetil, Jan Janssen ou encore Godefroot. D'ailleurs, Van Springel et Bernard Gauthier, ont montré sur d'autres terrains l'étendue de leurs talents. D'autres s'y sont cassé les dents : Ockers, Poulidor, Magni, Zoetemelk ou Kuiper. Par contre, ni Merckx, ni Hinault, ni Coppi n'y ont posé leurs boyaux. Il faut dire que le Giro se court à la même époque.
Bordeaux Paris est aussi une chance pour des coureurs moins célèbres de gagner une course qui reste grande. On peut citer : Cieleska, Nédélec, Van Coningsloo (qui attaque avant la prise des entraîneurs, un peu comme…Ghislain Lambert), Mattioda, Chalmel ou, enfin, son dernier vainqueur, Jean François Rault.
Une course qui tue ?
En perdant les entraîneurs en 1986, Bordeaux Paris a perdu une galerie de personnages. Anciens coureurs, ils faisaient partie du paysage du Derby. Hugo Lorenzetti qui mena Gauthier et Bobet à la victoire, De Wachter l'abri de Van Springel et Godefroot, Jo Goutorbe celui d'Anquetil en 1964 et de Chalmel en 1979 ou encore Pierre Morphyre vainqueur avec Duclos Lassalle en 1983.
Bordeaux Paris fut surnommée la course qui tue après le décès de son vainqueur 1896, Arthur Linton. Mort deux mois après l'arrivée, il fut sans doute victime d'abus de produits fournis par son soigneur.
Alors, combien de temps faut il pour récupérer d'un Bordeaux Paris? "Je me reposais une semaine après la course" dit André Chalmel. "Il m'est même arrivé de gagner le G.P de Plumelec, 15 jours après
!"
S'il est prouvé que Bordeaux Paris ne tue pas forcément les coureurs, cette course pourra-t-elle un jour ressusciter ?
Photos :
Wayne Hildred, coureur des Antipodes, fait tout à l'envers. Même dans Bordeaux Paris, où il se place devant ses entraîneurs.
Etienne Van der Helst, deuxième en 1983, lui, a compris qu'il fallait rester dans le sillage du burdin
Crédit : Dominique Turgis
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