Suite de la rétro de la saison 1989. Le mois d'avril, c'est la saison des classiques dont quatre manches de la nouvelle coupe du monde. Un jeune coureur se révèle sur les pavés mouillés des Flandres : Edwig Van Hooydonck.
Par Dominique Turgis le 14 avril 2009
EDWIG VAN HOOYDONCK COMME A L'ENTRAÎNEMENT
Pendant l'hiver, Edwig Van Hooydonck fait ses gammes sur le Bosberg à travers des séances de fractionné. Sous la flotte du Tour des Flandres 1989, il passe de la répétition à la représentation d'un concerto en solo. Dans le Muur de Grammont, il contient Dag-Otto Lauritzen et prend le dessus sur Marc Sergeant et Rolf Sørensen. 1er mouvement
: dans le Bosberg, il laisse sur place le Norvégien de la 7-Eleven. 2ème mouvement
: à Meerbeke, pour l'arrivée, c'est le final avec les pleurs d'Edwig Van Hooydonck, 22 ans. C'est la première des deux victoires dans le Ronde pour le coureur de Jan Raas.
MADIOT TOUT TERRAIN
Trois jours après avoir terminé sixième de Paris-Roubaix, Marc Madiot se classe cinquième de la Flèche Wallonne. Si Roubaix s'est couru sous le soleil mais parfois sur des pavés boueux, la Flèche a connu un temps maussade, gris et froid.
A Roubaix, le Mayennais fait partie de la bonne échappée mais il ne pourra rien quand Dirk De Wolf et Jean Marie Wampers attaquent au Carrefour de l'Arbre. Deux coureurs rarement à l'honneur. Jean-Marie Wampers gagne après une année blanche en raison d'une mononucléose.
Dans les Ardennes, Marc Madiot est encore dans la bonne mais il ne peut répondre à l'estocade de Steven Rooks, bientôt rejoint par Claudy Criquielion qui va triompher au sommet du Mur d'Huy.
CRIQUIELION REGLE SES COMPTES
Le final du championnat du monde 1988 reste en travers de la gorge de Criquielion. Chez lui, à Renaix, il tombe en plein sprint à trois, accroché par Steve Bauer et laisse la porte ouverte à Maurizio Fondriest. Dans le final de l'Amstel Gold Race, derrière Eric Van Lancker échappé vers la victoire, Steve Bauer et Claudy Criquielion se retrouvent pour le sprint pour la 2e place. Le Belge ne passe plus de relais depuis quelques kilomètres, dans le groupe de contre. Il fulmine, ronge son frein et prépare son coup. Criquielion arrange Steve Bauer au sprint de justesse. Bauer sourit, Criquielion est content. Maurizio Fondriest est toujours champion du monde.
PERICO FAIT TREMBLER LES MURS DE SEGOVIE
Fin avril, la Vuelta ouvre la saison des Grands Tours. Vainqueur sortant du Tour de France, Pedro Delgado est une célébrité en Espagne. Francis Lafargue se souvient :
"C'était le premier grand coureur espagnol depuis Ocaña. Il est traqué par les journalistes, par le public. En 1989, la Vuelta est un objectif au même niveau que le Tour. L'organisateur voulait Delgado. Cette Vuelta, c'était le summum de la popularité."
Pedro Delgado s'impose devant quatre Colombiens à Cerler à la 12ème étape. Mais à la veille du dernier contre-la-montre à Valladolid, il n'a que 3" d'avance sur Fabio Parra. "Pedro était un coureur intelligent qui ne paniquait pas. C'était un pur grimpeur, un coureur spectaculaire qui s'était amélioré contre-la-montre. Nous étions allés voir le professeur Ménard pour passer des essais à la soufflerie de St Cyr pour améliorer son CX. Cela lui a permis de gagner la Vuelta. Il a gagné les deux chronos. Son adversaire principal était Fabio Parra, un très bon coureur. Dans l'arrivée aux Lacs de Covadonga, Pedro a eu un coup de moins bien mais il l'a surmonté." Le lendemain du contre-la-montre où le maillot amarillo a repris 54" à Fabio Parra, la Vuelta fait étape à Ségovie, le pays de Perico. Mais avant l'arrivée, il faut franchir cinq cols dont la montée de la Navacerrada. "Dans la Navacerrada, Pedro était dans son jardin mais il était attaqué de tous les côtés." En effet, Parra pose trois attaques. Delgado revient deux fois, pas trois. Parra se lance dans un contre-la-montre où il reçoit l'appui de son équipier Omar Hernandez et d'Alberto Camargo, Colombien lui aussi mais chez Café de Colombie. A l'arrière, le maillot amarillo reçoit aussi des coups de main : "C'est vrai qu'Ivanov lui a donné un coup de main derrière Parra. Mais les Colombiens ont aussi travaillé pour Parra. Ce sont des alliances de circonstance. Le vélo, c'est aussi un sport d'équipes." La victoire assurée, la veille de l'arrivée à Madrid, le public exulte : "Mon coeur battait très fort." se souvient encore Francis Lafargue, "j'ai le souvenir du public qui faisait bouger la caravane du contrôle médical, avec nous à l'intérieur. C'était fabuleux, l'accueil était fabuleux."
Sauf mention, les sources sont Cyclisme International, Miroir du Cyclisme et Velosprint 2000
Photo : A Meerbeke, Eddy Bosberg fond en larmes
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