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Stephen Roche : "Je ne me fixais pas de limites"22 decembre 2024  

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Stephen Roche : "Je ne me fixais pas de limites"

Toute l'année, nous allons vous faire revivre la saison 1987 de Stephen Roche à travers un rendez-vous mensuel. Retrouvez aujourd'hui les ambitions d'un coureur revanchard et plein d'espoirs en ce début d'année 1987.

Propos recueillis par Antoine Riche

"DES COMPTES A REGLER"

Dans quel état d'esprit abordez-vous la saison 1987 ?
Stephen Roche : Pour moi 1987 est une année très importante puisque j'avais signé un contrat chez Carrera en 1986 suite à ma 3ème place dans le Tour de France l'année précédente. 1986 ayant été une mauvaise saison, pendant l'hiver 1986-1987, mon employeur, qui m'a engagé et me paie par rapport à mon podium au Tour, veut revoir mon contrat. Je lui réponds qu'il n'aurait pas dit ça si j'avais gagné le Tour de France ou le championnat du Monde. Je lui demande de me laisser jusqu'à Pâques pour lui montrer que 86 n'était qu'un accident. J'ai donc des comptes à régler en cette nouvelle saison. Tout l'hiver, je me suis entraîné dans le but d'attaquer la saison en grande forme.

Votre blessure au genou vous cause-elle des soucis ?
J'ai eu pas mal de problèmes de ce côté l'année précédente, car j'ai été opéré plusieurs fois. A chaque fois, il fallait un deux à trois mois pour récupérer. Moralement et physiquement ce n'était pas facile.

Vous êtes vous fixé des objectifs précis ?
Non. Pour moi, chaque saison se déroule de façon identique. Je me fixe comme but Paris-Nice en me disant que tout ce que je peux gagner avant sera un plus, car il n'y a pas de petites victoires. Une victoire, c'est bon pour le moral, ça fait plaisir au sponsor et ça tranquillise l'équipe. Je ne m'étais pas fixé d'autre objectif que faire de mon mieux, ce qui signifiait remporter quelque chose, tout en espérant faire une bonne place dans Paris-Nice.
Je découpe ma saison en cinq ou six périodes. La première s'arrête à l'arrivée de Paris-Nice. Du premier janvier à Nice, je fais tout ce qu'il faut sur le plan de l'alimentation, de l'entraînement et de l'hygiène de vie. Peu importe ce qu'il arrive, après Paris-Nice, je rentre à la maison, je mange une pizza et une glace et je repars jusqu'à la fin des classiques.
Après Liège-Bastogne-Liège, je m'offre de nouveau une petite gâterie et je repars jusqu'à l'arrivée du Tour d'Italie. Après c'est le Tour de France. Ensuite, je vois en fonction de ce qui s'est passé jusque là.
Plus que des objectifs précis, je me fixe des périodes pendant lesquelles je dois être au mieux de ma forme, en espérant gagner quelque chose d'important à l'issue d'un de ces cycles. Au passage, si je peux remporter quelque chose, je ne me prive pas. Car finir deuxième d'une grande course, c'est la perdre.

"TOUJOURS PROGRESSER"

Quel est alors votre regard sur votre début de carrière ?
J'ai toujours voulu progresser. Jusqu'alors, j'avais un peu connu un parcours en dents de scies. En 1981, pour mes débuts, j'avais gagné beaucoup de courses. 1982 avait été une année en demi-teinte. J'avais fait mon premier Tour en 1983 où je finis 13e. Je fais une belle saison cette année là. 1984 est encore une saison moyenne, puis l'année suivante je fais 3e du Tour et 1986 était une saison blanche.
Je suis plus un coureur de courses à étapes que de classiques. Cependant, bien entraîné et bien dans ma tête, je ne me fixe pas de limite.

Comment avez-vous préparé cette saison 1987 ?
Chaque année se déroule de la même façon. Je pars le 1er janvier pour accumuler les kilomètres. Jusqu'à Paris-Nice, je m'installe sur la Côte d'Azur. Parfois Sean Kelly, un compatriote, mais aussi un copain, m'accompagne. Chacun est accompagné de deux ou trois équipiers de nos formations respectives. On se retrouve à sept, huit coureurs, un masseur et un mécanicien et on part tous les jours faire entre quatre et sept heures de vélo.
On a une voiture derrière nous et un massage à l'arrivée, ce sont plus ou moins les conditions de course. On accumule les kilomètres pour établir des fondations qui nous serviront pour la saison.

LEADER INTERNATIONAL DE LA CARRERA

Quelle est votre place dans l'équipe Carrera ?
Je suis co-leader avec Roberto Visentini. Mais sur certaines épreuves j'assume le rôle de leader unique puisque Visentini ne veux pas sortir pas d'Italie. Carrera étant une multinationale, ils ne veulent pas seulement courir dans leur jardin. J'ai donc, officiellement, le statut de co-leader, mais plutôt leader car je suis plus international que Visentini.

Le départ en retraite d'Hinault change-t-il la donne dans le cyclisme ?
Pour moi, ça ne change rien. J'ai beaucoup de respect pour mes adversaires, mais je me mets au même niveau qu'eux. Je me dis que moi aussi je peux être imbattable sur une journée.

Et dans le peloton, cela augmente-il l'appétit des coureurs ?
Oui, certainement. Dans le Tour Hinault était quasi-imbattable. Ca a nourri des ambitions, comme quand Armstrong a arrêté. Avec LeMond, Fignon, Mottet, Bernard, Delgado, on frappait à la porte, mais Hinault était toujours là. Il était très solide dans les courses à étapes, grâce à ses chronos. Avec son départ, c'était un adversaire de moins.

L'année 1987 de Stephen Roche
- Février 1987 :

Photo : Stephen Roche en 2006
Crédit : Régis Garnier


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Fichier mis à jour le : 31/12/2021 à 16:10

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