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Petit historique des syndicats cyclistes...
En ces temps où le climat social s'alourdit, intéressons-nous à l'histoire du syndicalisme dans le cyclisme.
Par Dominique Turgis (le 19/6/2005)
Sport professionnel dès l'origine, les cyclistes ont éprouvé le besoin, à toutes les époques, de se regrouper en syndicat ou association.
En 1898, au détour des pages roses de la revue Rennes-Vélo, on apprend l'élection du bureau du syndicat des coureurs. Un syndicat basé avenue de la Grande Armée à Paris, comme...
beaucoup de marques de cycles. Les pistards, ceux qui gagnent le mieux leur vie sur deux roues à l'époque, sont les mieux représentés. Le président s'appelle Balajat. Un des vice-présidents, Paul Ruinart, sera après sa carrière de coureur, le directeur sportif du VC Levallois. Le trésorier, Ludovic Morin, finira ruiné dans la misère. Un des membres du comité porte un nom qui sera célèbre cent ans plus tard : Jallabert, avec deux "L".
L'UCPF avant l'UNCP
En février 1957, les meilleurs coureurs français s'allient pour créer l'Union des Cyclistes Professionnels Français autour de Louison Bobet élu président, Geminiani, Darrigade ou encore, Anquetil. Mais la vraie cheville ouvrière s'appelle Jean Bobet, le secrétaire général. Il reprend les statuts du syndicat des jockeys. L'action de l'UCPF ne survivra pas à la retraite sportive de Jean Bobet.
Le 11 décembre 1962, l'UNCP (Union Nationale des Cyclistes Professionnels) remplace l'UCPF. Henry Anglade est le président et Albert Bouvet hérite du rôle prenant de secrétaire général. En novembre 1967, Jacques Anquetil en personne, devient président à la place de Michel Nédélec. Poulidor et Pingeon le soutiennent dans son action. Michel Scob, un pistard et un éducateur, tient le poste de secrétaire général. Anquetil sera remplacé en 1974 par Cyrille Guimard. Dans son livre "Un vélo dans la tête", le Nantais en tire la conclusion qu'il est "peu raisonnable de vouloir être en même temps coureur et président de l'UNCP." Pendant cette période, il a dû lutter contre les "Ferme-la, tu ferais mieux de pédaler." de ses congénères à deux roues.
Un critérium pour renflouer les caisses
Après un intermède tenu par Jacky Mourioux, André Chalmel devient président en 1977 "parce qu'on me l'a demandé" dit-il aujourd'hui. A cette époque, "80% des coureurs étaient syndiqués. Il faut dire que la cotisation n'étaient pas élevée". Pour renflouer les caisses, l'UNCP reprend l'idée de l'UCPF et organise un critérium où les coureurs sont seulement dédommagés de leurs frais de déplacement. Aujourd'hui, les coureurs français abandonnent leurs prix du championnat de France à la caisse de l'UNCP. André Chalmel, conscient que le petit nombre de professionnels (80 à 90 à l'époque) est un frein à l'action de son syndicat, tente des rapprochements. En premier lieu avec Philippe Piat de l'UNFP, le syndicat des footballeurs. Le but est de recevoir un financement par le Loto Sportif qui va naître en 1984. Pour cela, certaines étapes du Tour doivent rentrer dans le jeu de pronostics. Le veto de Félix Lévitan rompt les amarres avec le Loto Sportif. Le deuxième rapprochement proposé par André Chalmel est d'allier l'UNCP à une centrale syndicale existante, la CGC (Confédération Générale des Cadres). Ce coup-ci, ce sont les autres coureurs qui refusent.
Les filles aussi
André Chalmel perd la présidence en 1983 et cède la place à Marcel Tinazzi à cause d'une étourderie. "J'ai oublié dans ma voiture les pouvoirs que six coureurs m'avaient donnés pour le vote." Fin 1984, les vedettes veulent reprendre en main le syndicat. Fignon passe en force. Un peu trop. Il démissionne et laisse la place à Guy Gallopin. Aujourd'hui et depuis le début des années 90, Jean Claude Ducasse, ex-pro, est le président de l'UNCP. D'après son site Internet, le syndicat accueille les routiers bien sûr, mais aussi quelques pistards, vététistes et féminines.
L'Internationale
En 1925, des coureurs de tous les pays (enfin surtout les Français et les Belges) s'unissent derrière Henri et Francis Pélissier sous la bannière du CIRC, le Cercle International des Routiers Cyclistes. Après la grève de Valence d'Agen du Tour de France 78, les différents syndicats éprouvent le besoin de s'allier dans une association internationale, l'AICPRO (Association Internationale des Cyclistes Professionnels). Son premier président, André Chalmel, se souvient : "J'étais entouré du Belge Maurice Lippens et de Felice Gimondi. Il y avait aussi l'Espagne et les Pays Bas. Nous avons réussi à être représentés à l'UCI avant les groupes sportifs." En 1999, le Giro démarre dans une drôle d'ambiance. Les coureurs italiens refusent les contrôles du CONI en plus de ceux de l'UCI. C'est dans ce contexte qu'à l'initiative du syndicat des coureurs italiens, se crée une nouvelle association internationale qui remplace l'AICPRO. Elle est baptisée CPA (Coureurs Professionnels Associés). Francesco Moser en est le président. Il réunit les syndicats italien, espagnol, portugais, suisse, français, allemand, belge et néerlandais. Pour "séduire" les coureurs des différents pays, le CPA a ouvert son bureau à des représentants des différents syndicats nationaux. Mais ces représentants n'ont pas de droit de vote.
Depuis le Giro féminin 2004, le CPA comprend aussi une section féminine.
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Fichier mis à jour le : 31/12/2021 à 16:10
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