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Le Tour de France est prioritaire
Le Tour de France n'est pas seulement un encouragement national à la pratique sportive. Il est aussi un bon mobile pour célébrer les valeurs républicaines plus d'une fois dans l'année. A tel point que L'Auto va finir par bénéficier de l'appui de l'Etat pour bien organiser sa course.
Par Sandrine Viollet *
Le Tour de France, la grande fête populaire du cycle et des frontières, n'est pas seulement un encouragement national à la pratique sportive. Il est aussi prétexte à un prolongement des fêtes du 14 Juillet. Bals, lampions, fanfares, drapeaux tricolores, le Tour de France est devenu tout aussi rapidement un bon mobile pour célébrer les valeurs républicaines plus d'une fois dans l'année. A tel point que L'Auto va finir par bénéficier de l'appui de l'Etat pour bien organiser sa course.
LA CIRCULAIRE MINISTERIELLE DE 1912
En effet, la circulaire ministérielle n° 73 du 17 mai 1912, que les préfets doivent adresser aux maires des communes traversées, donne la possibilité à L'Auto d'organiser les courses cyclistes en général, et donc sa course en particulier, sans rencontrer d'entraves. En voici quelques extraits
: "Les intérêts généraux du Pays, qui sont incontestablement liés au développement du sport vélocipédique et dont on ne saurait faire abstraction complète au profit des nécessités locales, enfin les habitudes invétérées d'une notable partie de la population pour laquelle les courses cyclistes sont devenues un véritable besoin [...] Les Maires [...] éviteront-ils d'entraver, sans nécessité, l'essor des grandes épreuves cyclistes. Vous leur rappelleriez, d'ailleurs, au besoin, l'utilité pratique et immédiate de ces courses qui, développant à la fois la résistance physique et certaines qualités morales du coureur, sont une mise en valeur de la jeunesse française, pour le plus grand profit de l'Armée et du Pays. Vous ne manqueriez pas d'ajouter qu'au point de vue économique, les courses cyclistes offrent ce double avantage: d'une part, de donner à une industrie française très fleurissante les moyens de se développer encore, d'autre part, d'apporter au commerce local (hôteliers, restaurateurs, débitants, etc...) des bénéfices fort appréciables".
LE TOUR SERT LES INTERETS GENERAUX DU PAYS
Dès 1912, le Tour de France est ainsi officiellement reconnu d'intérêt national prioritaire. Il sert les intérêts généraux du pays et notamment le développement des valeurs sportives auprès de la jeunesse française. Dans un contexte de réarmement face à l'Allemagne, cette circulaire ministérielle témoigne aussi de l'arrivée du Tour de France dans l'arsenal de la Revanche, en ce sens que la propagation de l'idéal sportif de l'effort (nommé ici résistance physique) peut aussi servir les intérêts supérieurs de la Nation. Et pour motiver les communes à participer à cet effort de propagande collective, on insiste sur les bénéfices que pourraient faire les commerces de la ville. Ainsi, les organisateurs peuvent décider de faire passer la course où ils le souhaitent. D'ailleurs cette circulaire ministérielle n° 73 de 1912, qui ne cite néanmoins pas explicitement le Tour de France, devait demeurer en vigueur jusque dans les années 50.
LE DECRET DE 1955
Dans les années 50, le décret n° 55-1366 du 18 octobre 1955 portant sur la réglementation générale des épreuves et des compétitions sportives sur la voie publique, ne reconnaît plus le Tour de France d'intérêt public. Au contraire, il apparaît même comme une restriction par rapport à la circulaire de 1912 : "Toute épreuve, course ou compétition sportive, devant se disputer en totalité ou en partie sur une voie publique, exige, pour pouvoir se dérouler, l'obtention préalable, par les organisateurs, d'une autorisation administrative délivrée dans les conditions et sous les garanties définies par le présent décret". Celles-ci stipulent que ces compétitions ne peuvent être organisées que par des groupements régis par la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, qu'elles doivent bénéficier d'une autorisation préalable délivrée par leur fédération sportive, que les organisateurs doivent souscrire à une police d'assurance, payer les frais de mobilisation du service d'ordre et bénéficier d'une autorisation spéciale émise par le ministère de l'Intérieur. Il ne permettait plus au Tour de France de circuler sur les routes qu'il désirait et a peut-être été promulgué à cause de l'augmentation du trafic routier. Ce décret est toujours en vigueur de nos jours.
* Sandrine Viollet a écrit le livre "Le Tour de France cycliste, 1903-2005", aux éditions L'Harmattan, collections Espaces et Temps du Sport.
Pour toutes informations et commander le livre : www.editions-harmattan.fr
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Fichier mis à jour le : 31/12/2021 à 16:10
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