|
Le Tour féminin 1984 vu par Corinne Le Gal
Corinne Le Gal raconte le premier Tour de France féminin organisé par la Société du Tour.
Par Dominique Turgis
Le samedi 30 juin 1984, à Bobigny, s'élançait le premier Tour de France féminin organisé par la Société du Tour (1). Une petite étape pour les 36 partantes, un grand pas en avant pour le cyclisme féminin. Quelques semaines plus tard, à Los Angeles, Connie Carpenter sera la première championne olympique sur route.
C'est à Félix Lévitan, co-directeur du Tour, que l'on doit cette grande innovation. Les filles ouvrent la route, avant la caravane publicitaire. Elles disputent des étapes de 60 bornes sur les derniers kilomètres des hommes. Si on leur épargne les Pyrénées, les dames vont affronter les Alpes avec notamment une arrivée au sommet à la Plagne.
Les Hollandaises dominent les étapes de plat mais l'Américaine Marianne Martin va prendre le commandement dans les Alpes avec deux victoires d'étape. Elle gardera le maillot jaune jusqu'à Paris. Preuve du courage de ces dames, sur 36 partantes, une seule, l'Anglaise Helen Patritte ne verra pas les Champs Elysées.
Corinne Le Gal a participé à ce premier Tour (et à quelques autres) dans l'équipe de France A. La Francilienne, à l'époque à l'US Créteil, a raconté à Cyclismag cette grande première dans l'histoire du cyclisme féminin.
- Etiez-vous volontaire pour aller disputer ce premier Tour féminin ?
Jean Claude Moussard, entraîneur national, m'avait demandé qu'elle épreuve je préférais. Je lui ai répondu le Tour.
- Quelle était votre préparation pour cette course ?
Je n'ai suivi aucune préparation spéciale.
- Au départ de la 1ère étape à Bobigny, y avait il beaucoup de personnalités
? Oui, nous étions des bêtes curieuses. Les officiels venaient voir à quoi ça ressemblait une femme qui faisait du vélo. J'étais la "régionale de l'étape" ce jour-là. Je n'avais pas reconnu le parcours mais je le connaissais bien quand même. J'avais des ailes.
- Quelle était la hiérarchie dans l'équipe de France A ? Valérie Simonnet était le chef de file (NDLR : 4ème au général). Cependant, la montagne faisait une telle sélection qu'il n'y avait pas besoin réellement de course d'équipe.
- Comment était l'ambiance dans le peloton ?
Il y avait une très bonne ambiance. C'est le meilleur Tour que j'ai fait à ce niveau-là. C'était l'aventure, la vraie, trois semaines complètement folles.
- Y a-t-il eu des contacts avec le Tour masculin ?
Non, très peu.
- Comment était vécue la domination des Hollandaises sur le plat ?
Les Hollandaises dominaient sur le plat, oui, mais pas dans les montagnes. Heureusement pour elles, il y avait "l'ascenseur hollandais". C'était franchement folklorique.
- Avez vous des regrets après votre 2ème place à l'étape de Villefranche-sur-Saône
? Ce jour-là fut mon pire moment sur ce Tour. Surtout que ce sont les Américaines qui ont roulé pour rentrer sur moi et laisser gagner une Hollandaise. (NDLR : Connie Meyer). Il y avait peut-être, je dis bien peut-être, une entente, un accord entre les deux équipes : "vous nous laissez les étapes, on vous laisse le général." Mes meilleurs moment, c'est tout le reste.
- Est-ce que ce Tour était bien organisé ?
Oui, nous n'avions jamais eu une épreuve féminine aussi bien organisée. Mais, dans tous les Tours que j'ai disputés ensuite, je n'ai jamais senti d'amélioration. C'est bien dommage que la Société du Tour l'ait arrêté en 1989. La Grande Boucle féminine est plus artisanale. On voit bien qu'il y a moins de moyens et les médias ne s'y intéressent pas.
- Ce premier Tour vous a-t-il fait progresser ?
La multiplication de longues courses par étapes a amélioré le niveau du peloton féminin en général.
(1) En 1955, un premier Tour féminin fut mis sur pied par Jean Leulliot.
Une remarque sur ce fichier ? : écrivez-nous
|
|
Fichier mis à jour le : 31/12/2021 à 16:10
|
|