DURA LEX SED LEX...
Crée en 1913 pour
montrer l'avantage de la démultiplication, le Critérium
de la Polymultipliée, disputé à Chanteloup-les-Vignes,
était devenu au fil des années le lieu de rencontre
des coureurs et des cyclotouristes, celui aussi des
amoureux des beaux vélos d'artisans du cycle ou amateurs
passionnés. Ils étaient encore plusieurs dizaines de
milliers le dimanche 20 avril 1947 à venir applaudir
les hommes et les machines. Mais, non contente d'être
ce partage de tous les cyclismes, la "Poly"
avait aussi gardé un règlement désuet qui privilégiait
la fiabilité de l'outil sur la débrouillardise des hommes. C'est
ainsi qu'il était interdit de changer de machine, mais
également de roue lors des différentes épreuves. Et,
pour avoir voulu être plus malin que les autres, en
empruntant la roue d'un cyclotouriste lors d'une crevaison
au lieu de réparer lui-même comme les copains (R. Billet,
Brunner, Robert Chapatte, Jean De Gribaldy, Jean-Marie
Goasmat, Georges Martin, Jean Robic, Amédée Rolland,
Roger Rondeaux avaient subi avant lui les affres de
la crevaison), Fermo Camellini se retrouva mis hors
course d'une épreuve où il était manifestement le plus
fort. La preuve, lâché après sa crevaison et alors que
Gaston Rousseau, Pierre Brambilla, Antonin Rolland et
Jean Blanc faisaient le forcing devant, il revint sur
eux pour les lâcher et terminer seul brillamment avec
1'25" d'avance. Mais à l'arrivée, Romain Bellenger,
directeur sportif des cycles Métropole qui équipaient
le second le Clermontois Jean Blanc, demanda que le
règlement soit appliqué. Et il le fut !
D'où
le classement suivant : 1. Jean BLANC en 4h50' 2.
Georges Martin à 25" 3. Gaston Rousseau à 33" 4.
Antonin Rolland à 2'37" 5. Pierre Brambilla
à 3'30" 6. Roger Rondeaux à 4'43" 7.
André Brulé à 7'16" 8. Alfred Macorig 9.
R. Billet à 9'02" 10. Manuel Huguet à 10'35" 11.
Paul Pothée à 11'00" 12. Jo Neri à 11'57" 13.
Léo Amberg à 12'42" 14. Serge Berselli à 16'32"
Avouez
qu'à l'heure où les routes sont devenues des boulevards,
où les boyaux ou pneus sont plus fiables, où les coureurs
sont dépannés et attendus dans la seconde qu'on apprécierait,
une fois dans l'année, d'avoir une compétition au règlement
aussi rigoureux. Quand le permis de conduire automobile
va désormais demander des connaissances de mécanique
à ses postulants, avouez qu'on aimerait voir nos cyclistes
de métier réparer eux-mêmes après une crevaison. La
légende se nourrit aussi de ses aléas.
Frédéric Girard.
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