Cette 14° édition se dispute par équipes de marque, préfigurant
ce qui se passera quelques années plus tard dans le Tour de France. L'organisateur
s'est offert la participation du plus prestigieux champion de tous les temps, Fausto COPPI.
A vrai dire, ce mythe vivant n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. Chaque jour, pourtant,
l'organisateur alloue 11 000 pesetas à l'ancien champion, aussi son abandon au
départ de la 15° étape en soulagera-t-il plus d'un ! Si la participation
espagnole reste assez identique à ce qu'elle fut les années précédentes,
les pays voisins envoient des vedettes telles que Rik VAN LOOY, Hilaire COUVREUR, dit
"l'Africain", GÉMINIANI, Roger RIVIÈRE, recordman du monde de
l'heure. Dès le premier jour entre Madrid et Tolède, les meilleurs
se retrouvent ensemble. BAHAMONTES, natif de la ville impériale, s'est mis en tête
de gagner chez lui : il démarre entraînant dans sa roue RIVIÈRE, VAN
LOOY, SUAREZ, KARMANY, SEGU... Le gros peloton se trouve déjà relégué
à 5'15". Les étapes 2 à 6 manifestent une course de
mouvement propre à la tradition espagnole mais sans que rien de décisif
n'ait réellement lieu. Antonio KARMANY, équipier de BAHAMONTES chez Kas,
s'empare du maillot "amarillo", le deuxième jour à Cordoue ; il
creuse des écarts assez conséquents puisque VAN LOOY pointe à 5'44",
SUAREZ à 6'13", RIVIÈRE à 6'34", BAHAMONTES à 6'39",
COPPI à 11'40"... Même si BAHAMONTES, puis SUAREZ VAZQUEZ tentent de
refaire une partie de leur retard en gagnant respectivement les 4° et 5° étapes,
rien d'essentiel n'intervient avant la 7° étape et KARMANY reste toujours en
jaune. Ce 30 avril 1959, entre Alicante et Castillon, les leaders manifestent
une passivité qui va précipiter la défaite de la plupart d'entre
eux. Une échappée se forme ; elle comprend de bons coureurs mais pas de
favoris notoires : Antonio BARRUTIA, MARIGIL, ASPURU, SEGU, TALAMILLO, GOMEZ del MORAL,
CHAUSSABEL, ÉVERAERT, ROHRBACH, VLOEBERG et VAN MEENEN. L'avance de ces 11 hommes
ne cesse de croître et le peloton se désintéresse complètement
de la situation ; à l'avant, on s'active, on se bat. BARRUTIA s'en va seul, il
gagne l'étape devant SEGU à 6' ; le peloton arrive une demi-heure après.
C'est à peine croyable ! Le belge VLOEBERG, le mieux placé, prend la tête
de la course ; KARMANY dégringole à 23'16", BAHAMONTES à 24'11",
SUAREZ à 25'03", VAN LOOY à 27'08", RIVIÈRE à 28'30",
COPPI à 40'48"... C'est un désastre! Pareille situation a
déjà eu des précédents, par exemple le Giro 1954 ou le Tour
1956, mais l'issue d'une course cycliste lorsqu'elle ne respecte pas la hiérarchie
des valeurs laisse toujours un sentiment d'inachevé. A Tortosa, le lendemain, le
français Pierre ÉVERAERT s'empare du maillot jaune mais surtout Rik VAN
LOOY et Roger RIVIÈRE reprennent 10'44" au peloton. BAHAMONTES devient fou
: il accuse le belge et le français d'entente illicite. On nage en plein mélodrame!
Mais les colères du tolédan n'impressionnent pas VAN LOOY qui gagne encore
à Barcelone. Extraordinaire coureur qui a repris 10' en deux jours !
L'Espagnol Antonio SUAREZ réagit dans la 10° étape ; échappé
en compagnie de GÉMINIANI, il gagne l'étape et reprend près d'un
quart d'heure au peloton. Le madrilène revient à 13'35" du leader Pierre
ÉVERAERT. La 11° étape (Lerida-Pamplona 242 km), constitue
le tournant de cette Vuelta. Six coureurs se détachent : RIVIÈRE, VAN LOOY,
SUAREZ, SEGU, BUSTO et GALDEANO. Protégés les uns et les autres par leurs
équipiers, ces hommes prennent une belle avance. Après 70 km de course,
l’écart s’élève à 6’50”. La chaleur est accablante, mais VAN
LOOY et RIVIÈRE se relaient avec une belle régularité. L’écart
augmente : 13, puis 23 minutes...RIVIÈRE crève une première fois
; il lève le bras. Personne ! Son directeur sportif, Fred OLIVIERI, se trouve dans
le peloton en compagnie d’EVERAERT ! RIVIÈRE répare seul. VAN LOOY l’attend.
Seulement, RIVIÈRE crève une seconde fois ; il n’a plus de boyau ! Il attend
pendant 11 minutes ! C’est alors que BERGARECHE voit sa course décapitée
en quelques heures. En effet, Radio-Vuelta vient d’annoncer l’abandon de Federico-Martin
BAHAMONTES. Que se passera-t-il si RIVIÈRE perd toute chance au classement général
? C’est alors qu’il enjoint au mécanicien des Kas de dépanner le français.
C'est anti-réglementaire, mais la Vuelta a eu chaud ! Pour RIVIÈRE, c’est
terminé ; il a perdu la Vuelta. Miroir-Sprint publie à sa une la photographie
de RIVIÈRE, pitoyable, le boyau en main, vaincu par tant d’acharnement et de malchance.
Pendant ce temps, VAN LOOY gagne des étapes, José SEGU prend le maillot
de leader et SUAREZ revient à la deuxième place du classement général
à 3'20". Quatre hommes se tiennent dans un écart inférieur à
dix minutes : SEGU, SUAREZ, VAN LOOY et ÉVERAERT. Dans la 14° étape,
62 km contre-la-montre entre Eibar et Vitoria par Elguete et Urkiola, Roger RIVIÈRE
l’emporte et Antonio SUAREZ, deuxième de l'étape, s'empare du maillot "amarillo"
avec seulement 1'06" d'avance sur SEGU. Dans la 16° étape, Santander-Bilbao,
ÉVERAERT, GEMINIANI, BAUVIN et RIVIÈRE attaquent dans le difficile col de
El Escudo (1° cat) ; SUAREZ, sans équipier, se retrouve isolé, il chute
ainsi que GEMINIANI et BAUVIN : aussitôt, RIVIERE, ÉVERAERT et GALDEANO s'en
vont. SUAREZ chasse, mais il crève. GEMINIANI et BAUVIN refusent d'accorder au
madrilène le moindre relai. SUAREZ pointe à 4'30" de retard. Soudain,
VAN LOOY, qui avait été décramponné dans l'ascension, revient
avec trois coureurs espagnols du groupe Faema : CAMPILLO, COMPANY et BOTELLA. Plus d'équipe
nationale ou de marque, les Espagnols roulent de concert et le madrilène réduit
l'écart à 2'29". La dernière étape comporte
six cols : Elgueta (3°cat), Udana (2° cat), Azcarate (2° cat), San Miguel
(2°cat), Sollube (1° cat) et Santo Domingo (3° cat). Outre le classement général
final, Antonio SUAREZ veut inscrire aussi à son tableau de chasse le Grand Prix
de la montagne. KARMANY et VAN GENECHTEN, ses deux plus dangereux rivaux, passent en tête
dans les quatre premiers cols du jour. A ce moment, le belge possède 3 points de
plus que KARMANY et 4 de plus que SUAREZ. Celui-ci délègue à l'avant
son équipier MANZANEQUE chargé de rafler les points aux deux dangereux rivaux.
Ceux-ci, partis trop tôt, faiblissent dans le Sollube, après 173 km d'échappée.
Finalement, SUAREZ double classement général et grand prix de la montagne,
comme ce fut le cas trois fois avant lui déjà. Cette éditon
1959, en dépit de quelques déceptions, reste comme l'une des plus animées
et des plus brillantes. Texte de Jean KNAUF.
Etapes du 24/04 au 10/05/1959
1a Madrid/Circ. Retiro, 9 km CLM par équipes
1b Madrid - Toledo, 114 km
2 Manzanares - Cordoba, 228 km
3 Cordoba - Sevilla, 140 km
4 Sevilla - Granada, 240 km
5 Guadix - Murcia, 225 km
6 Murcia - Alicante, 173 km
7 Alicante - Castellon, 233 km
8 Castellon - Tortosa, 130 km
9 Tortosa - Barcelona, 196 km
10 Granollers - Lerida, 183 km
11 Lerida - Pamplona, 242 km
12 Pamplona - San Sebastian, 210 km
13 San Sebastian, 9 km CLM par équipes
14 Eibar - Vitoria, 62 km CLM
15 Vitoria - Santander, 212 km
16 Santander - Bilbao, 187 km
17 Bilbao - Bilbao, 222 km
1a Madrid/Circ. Retiro, 9 km CLM par équipes
1. SAINT RAPHAEL-GEMINIANI en 11'21"
2. PEUGEOT à 4"
3. KAS à 5"
4. ITALIE-MIXTE m.t.
5. LICOR 43 à 9"
6. FAEMA BELGIQUE à 10"
7. FAEMA ESPAGNE 14"
8. BOXING à 23"
9. PORTUGAL à 33"
Classement
complet
1b Madrid - Toledo, 114 km
1. Rik Van Looy (Bel) en 2h34'04" 2. Antonio Suarez 3. Federico
Bahamontes 4. Roger Rivière (Fra) 5. José Ségú à 22" 6. Jean Adriaensens
(Bel) à 25" 7. Emilio Cruz à 1'00" 8. Idrio Bui (Ita) 9.
Antonio Karmany 10. Juan Escola
Classement
complet
2 Manzanares - Cordoba, 228 km
1. Antonio Karmany en 5h57'31" 2. Juan Campillo à 3" 3. Edgard Sorgeloos (Bel) 4. Antonio Barrutia à 4'44" 5. Roger Baens (Bel) 6. Frans Van Looveren (Bel) 7. Claude Colette (Fra) 8. Emilio Cruz 9. Jozef Vloeberghs (Bel) 10. Francisco Moreno
Classement
complet
3 Cordoba - Sevilla, 140 km
1. Vicente Iturat en 3h59'39" 2. Frans Van Looveren (Bel)
3. Roger Baens (Bel) 4. Edgard Sorgeloos (Bel) 5. Pierre Everaert (Fra)
à 2" 6. José Ségú 7. Jozef Vloeberghs (Bel) 8. Hilaire Couvreur
(Bel) 9. Miguel Bover à 3'22" 10. Manuel Martin Piñera
Classement
complet
4 Sevilla - Granada, 240 km
1. Federico Bahamontes en 6h18'22" 2. Fernando Manzaneque à 53" 3.
José Gomez del Moral à 54" 4. Antonio Suarez à 2'11" 5.
Jésús Galdeano à 3'08" 6. Marcel Rohrbach (Fra) à 3'19" 7. Frans
Van Looveren (Bel) à 3'31" 8. Juan Campillo à 3'37" 9. Guido
Boni (Ita) 10. Antonio Jimenez Quilez à 3'38"
Classement
complet
5 Guadix - Murcia, 225 km 1. Antonio Suarez
en 6h01'23" 2. Roger Baens (Bel) à 29" 3. Rik Van Looy (Bel) 4.
Salvador Botella à 31" 5. Roger Rivière (Fra) 6. Hans Junkermann
(All) à 33" 7. Frans Van Looveren (Bel) à 52" 8. Hilaire Couvreur
(Bel) à 53" 9. Richard Van Genechten (Bel) 10. René Van Meenen (Bel)
Classement
complet
6 Murcia - Alicante, 173 km
1. Gabriel Mas en 4h30'59" 2. Rik Van Looy (Bel) à 11'01" 3.
Antonio Suarez 4. Vicente Iturat 5. Frans Van Looveren (Bel) 6. Pierre
Machiels (Bel) 7. Salvador Botella 8. Antonio Barrutia 9. Guido Boni
(Ita) 10. Roger Baens (Bel)
Classement
complet
7 Alicante - Castellón, 233 km
1. Antonio Barrutia en 7h11'35" 2. José Luis Talamillo 3.
René Marigil 4. René Van Meenen (Bel) 5. Jozef Vloeberghs (Bel) 6.
Roger Chaussabel (Fra) 7. José Gomez del Moral 8. Pierre Everaert (Fra) 9.
Marcel Rohrbach (Fra) à 12" 10. José Ségú à 5'33"
Classement
complet
8 Castellón - Tortosa, 130 km
1. Rik Van Looy (Bel) en 3h01'01" 2. Vicente Iturat 3. Alessandro
Fantini (Ita) 4. Dino Bruni (Ita) 5. Gilbert Bauvin (Fra) 6. Antonio
Bertrán 7. Juan Escolá 8. Edgard Sorgeloos (Bel) 9. Luis Otaño 10.
Roger Rivière (Fra)
Classement
complet
9 Tortosa - Barcelona, 196 km
1. Rik Van Looy (Bel) en 4h51'44" 2. Vicente Iturat 3. Gilbert
Bauvin (Fra) à 10" 4. Salvador Botella 5. Frans Van Looveren (Bel) 6.
Miguel Bover 7. José Ségú 8. José Luis Talamillo 9. Michele Gismondi
(Ita) 10. Richard Van Genechten (Bel)
Classement
complet
10 Granollers - Lerida, 183 km 1. Antonio Suarez
en 5h14'50" 2. Raphaël Geminiani (Fra) 3. Frans Van Looveren (Bel) 4.
Jésús Galdeano 5. Guido Boni (Ita) 6. Julio San Emeterio 7. Andrès
Trobat 8. Juan Escolá 9. René Van Meenen (Bel) 10. Hilaire Couvreur
(Bel)
Classement
complet
11 Lerida - Pamplona, 242 km
1. Rik Van Looy (Bel) en 6h09'38" 2. Antonio Suarez à 1" 3.
Emmanuel Busto (Fra) à 3" 4. José Ségú à 11" 5. Jésús Galdeano
à 4'53" 6. Roger Rivière (Fra) à 16'07" 7. Jesús Loroño 8.
Pierre Everaert (Fra) à 17'36" 9. Hans Junkermann (All) à 22'28" 10.
Juan Campillo à 22'29"
Classement
complet
12 Pamplona - San Sebastian, 210 km 1. José Sousa
Cardoso (Por) en 6h01'40" 2. Edgard Sorgeloos (Bel) à 1'53" 3.
Raphaël Geminiani (Fra) 4. Gabriel Company 5. Hilaire Couvreur (Bel)
à 1'55" 6. Juan Campillo à 1'58" 7. Guido Boni (Ita) à 3'27" 8.
Rik Van Looy (Bel) à 3'31" 9. Frans Van Looveren (Bel) 10. Salvador
Botella
Classement
complet
13 San Sebastian, 9 km CLM par équipes 1. SAINT-RAPHAËL-GEMINIANI
en 41'15" 2. FAEMA BELGIQUE à 9" 3. LICOR 43 à 28" 4. KAS m.t. 5. ITALIE-PORTUGAL à 36" 6. FAEMA ESPAGNE à 57" 7. FRANCE-PEUGEOT à 1'21" 8. BOXING à 2'33"
Classement
complet
14 Eibar - Vitoria, 62 km CLM 1. Roger Rivière
(Fra) en 1h52'44" 2. Antonio Suarez à 1'54" 3. Luis Otaño à
3'26" 4. Rik Van Looy (Bel) à 6'46" 5. José Ségú à 6'50" 6.
Julio San Emeterio à 8'02" 7. Pierre Everaert (Fra) à 8'43" 8.
Hilaire Couvreur (Bel) à 8'52" 9. Jean Brankart (Bel) à 9'00" 10.
Benigno Azpuru à 9'05"
Classement
complet
15 Vitoria - Santander, 212 km 1. Julio San
Emeterio en 6h32'54" 2. Juan Campillo à 1" 3. Rik Van Looy
(Bel) à 11'11" 4. Frans Van Looveren (Bel) 5. Jean Brankart (Bel) 6.
Antonio Bertrán 7. Salvador Botella 8. Brian Robinson (Gbr) 9. Guido
Boni (Ita) 10. Richard Van Genechten (Bel)
Classement
complet
16 Santander - Bilbao, 187 km 1. Roger Rivière
(Fra) en 5h31'39" 2. Pierre Everaert (Fra) 3. Jésús Galdeano 4.
Emmanuel Busto (Fra) 5. Rik Van Looy (Bel) à 2'24" 6. Frans Van Looveren
(Bel) 7. Luis Otaño 8. Jean Brankart (Bel) 9. Juan Bibiloni 10.
Antonio Karmany
Classement
complet
17 Bilbao - Bilbao, 222 km 1. Fernando Manzaneque
en 6h53'11" 2. Jesús Loroño à 4'45" 3. Benigno Azpuru 4.
Rik Van Looy (Bel) à 6'03" 5. Antonio Suarez 6. René Marigil 7.
Hans Junkermann (All) 8. Hilaire Couvreur (Bel) 9. Juan Bibiloni 10.
Julio San Emeterio
Classement
complet
Classement général :
1.
Antonio SUAREZ en 84h36'20"
2. José Segu à 1'06"
3. Rik Van Looy (Bel) à 7'00"
4. Pierre Everaert (Fra) à 7'44"
5. Emmanuel Busto (Fra) à 16'29"
6. Roger Riviere (Fra) à 17'30"
7. Hilaire Couvreur (Bel) à 24'24"
8. Luis Otano à 26'34"
9. Jozef Vloeberghs (Bel) à 27'17"
10. Jesus Galdeano à 29'40"
11. Marcel Rohrbach (Fra) à 30'37"
12. René Marigil à 34'03"
13. Juan Campillo à 34'09"
14. Frans Van Loeveren (Bel) à 41'41"
15. Hans Junkermann (All) à 45'39"
16. José Luis Talamillo à 48'40"
17. Guido Boni (Ita) à 49'06"
18. Jesus Lorono à 49'37"
19. Claude Colette (Fra) à 51'56"
20. Julio San Emeterio à 52'14"
21. Andrès Trobat à 1h02'01"
22. Antonio Karmany à 1h02'16"
23. Gabriel Company à 1h06'05"
24. Salvador Botella à 1h07'50"
25. Fernando Manzaneque à 1h10'17"
26. Richard Van Genechten (Bel) à 1h13'59"
27. Benigno Azpuru à 1h21'42"
28. Juan Bibiloni à 1h29'31"
29. Antonio Bertran à 1h38'14"
30. Emilio Cruz à 1h39'21"
31. José Sousa Cardoso (Por) à 1h46'06"
32. Jesus Davoz à 1h49'20"
33. Maurice Bertolo (Fra) à 1h58'34"
34. Antonio Jimenez Quiles à 2h00'12"
35. Manuel Martin Pinera à 2h11'01"
36. José Herrero Berrendero à 2h11'29"
37. Joaquin Barcelo à 2h22'14"
38. Vicente Iturat à 2h22'40"
39. Gabriel Mas à 2h24'07"
40. Miguel Bover à 2h29'07"
41. Antonio Ferraz à 2h59'38"
Partants : 90
Classés : 41
Distance : 3033 km
Moyenne : 35.848 km/h
1.
Rik VAN LOOY (Bel), 148 pts
2. Antonio Suarez, 179 pts
3. Frans Van Looveren (Bel), 253 pts 4. José Ségú, 277 pts 5. Roger Rivière
(Fra), 287 pts 6. Luis Otaño, 305 pts
1.
Antonio SUAREZ, 58 pts
2. Richard Van Genechten (Bel), 56 pts
3. Antonio Karmany, 54 pts 4. Roger Rivière (Fra), 28 pts 5. José Sousa
Cardoso (Por), 26 pts 6. Fernando Manzaneque, 24 pts 7. José Ségú, 21
pts 8. Juan Campillo, 19 pts 9. Julio San Emeterio, 19 pts 10. Luis
Otaño, 18 pts 11. Benigno Azpuru, 15 pts 12. José Luis Talamillo, 11 pts
Classement
général des Metas Volantes : 1. Vicente ITURAT, 12 pts 2. José
Ségú, 10 pts 3. Jésús Galdeano, 6 pts
Meilleure équipe : 1. FAEMA BELGIQUE en 254h48'00" 2.
PEUGEOT à 12'00" 3. LICOR 43 à 37'05" 4. FAEMA ESPAGNE à
55'26" 5. KAS à 56'36" 6. BOXING à 3h08'36"
Les partants :
FAEMA BELGIQUE
1 VAN MEENEN René (Bel)
2 COUVREUR Hilaire (Bel)
3 FISCHERKELLER Friedhelm (All)
4 VAN LOOY Rik (Bel)
5 SORGELOOS Edgard (Bel)
6 JUNKERMANN Hans (All)
7 VAN LOEVEREN Frans (Bel)
8 MICHIELS Guillaume (Bel)
9 THEUNS Joseph (Bel)
10 VLOEBERGHS Jozef (Bel)
SAINT RAPHAEL-GEMINIANI
11 BAUVIN Gilbert (Fra)
12 BRANKART Jean (Bel)
13 EVERAERT Pierre (Fra)
14 FOURNIER René (Fra)
15 GEMINIANI Raphael (Fra)
16 CHAUSSABEL Roger (Fra)
17 LE DON Pierre (Fra)
18 MACHIELS Pierre (Fra)
19 RIVIERE Roger (Fra)
20 ROBINSON Brian (Gbr)
PORTUGAL
21 ALMEIDA Martins (Por)
22 BAPTISTA Antonio (Por)
23 BOICA Aquiles (Por)
24 SOUSA CARDOSO José (Por)
25 GOMES CARVALHO Joaquim (Por)
26 COSTA José (Por)
27 GOMES FERREIRA Agostino (Por)
28 PASCOA Sergio (Por)
29 DOS SANTOS Joao (Por)
30 SOUSA SANTOS Joaquim (Por)
ITALIE MIXTE
31 BONI Guido (Ita)
32 BRUNI Dino (Ita)
33 GISMONDI Michele (Ita)
34 COPPI Fausto (Ita)
35 FANTINI Alessandro (Ita)
36 BUI Idrio (Ita)
37 MICHELON Giuliano (Ita)
38 NASCIMBENE Pietro (Ita)
39 NICOLO Carlo (Ita)
40 RANUCCI Sante (Ita)
PEUGEOT
41 ADRIAENSSENS Jean (Bel)
42 BERTOLO Maurice (Fra)
43 BUSTO Emmanuel (Fra)
44 BAENS Roger (Bel)
45 COLETTE Claude (Fra)
46 OTANO Luis
47 ROHRBACH Marcel (Fra)
48 RUBY Pierre (Fra)
49 PLAZA Raymond (Fra)
50 VAN GENECHTEN Richard (Bel)
LICOR 43
51 MANZANEQUE Fernando
52 MARIGIL René
53 SUAREZ Antonio
54 ITURAT Vicente
55 BOVER Miguel
56 TROBAT Andrès
57 BARCELO Joaquin
58 GUARDIOLA Angel
59 GUZMAN Pedro
60 ESCOLA Juan
FAEMA ESPAGNE
61 BERTRAN Antonio
62 BOTELLA Salvador
63 CAMPILLO Juan
64 COMPANY Gabriel
65 GALDEANO Jesus
66 LORONO Jesus
67 MAS Gabriel
68 MORENO Francisco
69 UTSET Aniceto
70 PACHECO Miguel
KAS
71 AZPURU Benigno
72 BAHAMONTES Federico
73 CRUZ Emilio
74 KARMANY Antonio
75 MORALES Carmelo
76 SEGU José
77 JIMENEZ QUILES Antonio
78 MARTIN PINERA Manuel
79 HERRERO BERRENDERO José
80 SAN EMETERIO Julio
BOXING
81 BARRUTIA Antonio
82 BARRUTIA Cosme
83 FERRAZ Antonio
84 URRESTARAZU José
85 TALAMILLO José Luis
86 MONTILLA Santiago
87 BIBILONI Juan
88 GOMEZ DEL MORAL José
89 DAVOZ Jesus
90 VIDAURRETA HortensioVuelta 59 : Rivière, Van Looy, Bahamontes...
Née de l'imagination fertile du Desgrange local, Clemente Lopez Doriga, en
1935, la Vuelta a España, dernier né des Grands Tours nationaux, n'en est
encore qu'à ses premiers balbutiements. Parrainé, à l'instar du Tour et du
Giro, par un quotidien, "Informacions", en l'occurrence, la création
du Tour d'Espagne, malgré l'assentiment enthousiaste des aficionados de tous
bords, n'a pas, loin s'en faut, fait l'unanimité parmi l'intelligentsia politique
de l'époque. Le "Frente Popular" instauré cette année là, en est
sans aucun doute la cause. Toujours est il que la liesse populaire née de cette
offrande faîte au amoureux de la "Petite Reine" au pays de Cervantes
aura tôt fait de convaincre les plus récalcitrants. Quatorze éditions se
sont succédées depuis l'éclosion de la reine des épreuves Ibères et son
épanouissement, à défaut de sacralisation, a énormément de difficultés
à concurrencer les mastodontes que sont le Giro et le Tour en matière de participation.
Son déroulement, au coeur même du printemps, nuit indéniablement aux ambitions
et aux desseins de nombre de coursiers complets de ces années là. Les "Classiques
Printanières" sont très prisées en ces temps immémoriaux ce qui soulève
l'interpellation et l'incompréhension de ceux qui souhaiteraient, néanmoins,
participer à l'épreuve Espagnole. En outre, le Giro, véritable phénomène
de société au pays de Léonard de Vinci, prend son envol seulement quinze
jours après l'épilogue de la Vuelta, ce qui, invariablement, condamne in extenso
la présence du peloton Transalpin au départ de celle-ci.
Pourtant, au crépuscule des années 50, les organisateurs volontaires et tenaces,
et qui n'ont à aucun moment versé vraiment dans la sacro sainte fatalité,
vont parvenir, et ce n'est pas le moindre de leur gageure, à débaucher quelques
coureurs à la notoriété bien établie. C'est ainsi, que de la Castille au
Pays Basque en passant par la Manche, l'Andalousie, la Catalogne et la Navarre,
le peuple de la péninsule Ibérique aura l'occasion rêvée, aux côtés de
leur "Aigle de Tolède" bien aimé, d'applaudir, conspuer ou vénérer
à loisir et à gorge déployé les monstres sacrés que sont, ou demeurent,
le "Campionissimo", l'Empereur d'Herentals, le "Grand Fusil",
le "Roi du Vigorelli" ou encore l'"Africain". Si Fausto
Coppi n'est plus que l'ombre du "Campionissimo" qu'il fut, il n'en
demeure pas moins vrai que son aura apparaît toujours aussi porteuse et véhicule
invariablement autant de passions exacerbées que jadis. En revanche, la manne
conséquente de pesetas allouée, par les organisateurs pourtant généralement
auréolé du sobriquet de "fesse Mathieu", au plus prestigieux coursier
de tous les temps provoque l'incompréhension, l'agacement voir l'aversion de
nombres de ses congénères envieux et pour le moins cupides.
Outre les autochtones à la tête desquels Federico Bahamontes trône tel un
épouvantail, les favoris de cette quatorzième édition ont pour nom Roger
Rivière et à un degré moindre Rik Van Looy. Si ce dernier éprouvera des
difficultés dès que les pourcentages iront crescendo, sa classe intrinsèque
de rouleur patenté peut lui permettre d'amortir le matelas de minutes concédé
en haute altitude. Quant au Forézien, son dernier Dauphiné a démontré que
celui-ci possédait des aptitudes intéressantes et inavouées d'escaladeur
des cimes et confirmé ses dons exceptionnels de rouleur. Le dilemme est de
savoir, par conséquent, comment les deux coureurs se comporteront face à la
coalition acariâtre, opiniâtre et perpétuelle des locaux.
Dès la première étape, l'Aigle de Tolède sonne le tocsin en étant l'instigateur
d'une échappée royale où figure tous les favoris. Le terme de l'étape, au
sein même de la cité impériale, n'est pas étranger aux velléités offensives
du "Picador". Dans sa quête de reconnaissance absolue, Bahamontes,
a entraîné dans son entreprise de déstabilisation des hommes aussi dangereux
et voraces que Rivière, Van Looy, Segu, Suarez. La victoire de Rik Van Looy,
à Tolède, n'étonnera bien évidemment personne et encore moins l'intéressé
un brin jovial et carrément hilare sur le podium au moment d'endosser le premier
maillot "Amarillo" de cette Vuelta, partie sur les chapeaux de roues.
Ce coup de Trafalgar, initié et fomenté de main de maître par le Castillan,
laissera un goût amer aux adversaires des premiers arrivants. En effet, ces
derniers débourseront la bagatelle de cinq minutes à l'infernal et irrésistible
quintette.
L'Espagnol Antonio Karmany, honnête saute ruisseau et accessoirement coéquipier
de Bahamontes chez Kas, sera l'auteur, dès le deuxième jour, d'un raid solitaire
qui le verra triomphé à Cordoue avec quelques cinq minutes d'avance sur le
peloton et chiper par la même occasion le maillot de leader des épaules de
l'Empereur d'Herentals. Malgré les succès de Federico Bahamontes et d'Antonio
Suarez, les jours suivants, rien de bien transcendant ni même d'essentiel n'interviendra
avant la septième étape. Ce jour là les coureurs s'élancent d'Alicante la
douce pour s'acheminer cahin caha, tout en empruntant des routes d'un autre
âge, jusqu'à Castillon l'orgueilleuse. Route pour le moins piégeuse et semée
de rets insidieux car invisibles. Dès le départ, une échappée se dessine
composé des Français Pierre Everaert, Roger Chaussabel et Marcel Rorhbach,
des Belges René Van Meenen et Josef Vloebergh et des Espagnols Antonio Barrutia,
René Marigil, Beninio Azpuru, José Segu, José Luis Talamillo, José Gomez
Del Moral. Ayant affaire à un peloton apathique, adoptant bon gré mal gré
un train de sénateur des plus séniles, les onze grégarios ne tardent pas
à se vautrer allègrement sur une confortable moquette épaisse en minutes.
De ce groupe, Antonio Barrutia va s'extirper pour couper la ligne en solitaire
six minutes devant José Luis Talamillo et ses compagnons de bonne fortune.
Le peloton, quant à lui, rejoindra Castillon une demi-heure après le lauréat
du jour. Les écarts, à l'issue de cette journée, sont aussi abracadabrantesques
que faramineux. Si le Belge Josef Vloebergh, le mieux placé au général le
matin même, s'empare du maillot "Amarillo" au détriment de Karmany,
ce dernier est, désormais, relégué à plus de vingt trois minutes. Quant
aux autres favoris déclarés, ils naviguent tous à et entre vingt et trente
minutes de l'Anversois. Le "Campionissimo", pour sa part, en tournée
d'adieux, s'inflige un déficit de l'ordre de quarante minutes qui laisse pantois
les suiveurs et interpelle, ces mêmes suiveurs, sur les réelles ambitions
du Transalpin au départ de Madrid.
L'évolution de cette Vuelta est pour le moins surprenante. Le spectacle y est
permanent et les nombreuses situations scabreuses prédominent et donnent un
certain cachet à l'épreuve. Bien malin, celui qui osera un pronostic tant
la course est débridée et indécise. Bref, on ne s'ennuie pas.
Et la farandole se poursuit de plus belle. Dès le lendemain, sur la route qui
mène à Tortosa, un groupe, où figure Everaert, Van Looy et Rivière, prend
la poudre d'escampette. A l'arrivée, l'Empereur d'Herentals claque sa seconde
victoire d'étape et reprend, ainsi que ses camarades de fugue, pas loin de
onze minutes au peloton. Le maillot "Amarillo" passe alors des frêles
épaules du Belge Josef Vloebergh aux trapèzes légèrement déclinant du Français
Pierre Everaert. Cette septième étape sera le théâtre d'une ire inique d'un
Bahamontes, remonté comme une pendule Sévillane, à l'encontre de la doublette
franco-belge, Van Looy-Rivière. L'objet de cet éhonté courroux aurait pour
cause embryonnaire, l'entente illicite des deux renégats, un comble lorsque
l'on connaît l'animosité et l'unité que sont capables d'élaborer et de créer
les Ibères lorsqu'un étranger vient, ne serait ce que, fouler leurs plates
bandes. Bref, la violente colère de l'icône hispanique n'influera en rien
sur le comportement belliqueux et dévastateur d'un Van Looy conquérant qui
s'offrira sans trembler un troisième bouquet dès le lendemain.
La dixième étape qui mène les rescapés de cette Vuelta à Lerida sera l'occasion
d'une joute poignante et virulente entre Antonio Suarez et le "Grand Fusil".
L'Espagnol plus prompt que le Montferrandais remportera l'étape et profitera
de cette journée, faste pour lui et ses couleurs, pour se hisser au sommet
de la hiérarchie à "seulement" treize minutes d'Everaert. La onzième
étape, Lerida-Pampelune, s'apprête à irradier toute la Navarre et constituera,
indéniablement, le tournant de cette quatorzième édition du Tour d'Espagne.
Une échappée de six hommes prend forme peu après le coup de pistolet du starter.
Au sein de ce groupe hétéroclite, on reconnaît à peu près tous les protagonistes
de ce début de course à savoir, les incontournables, Van Looy, Rivière, Segu
et Suarez accompagnés, pour la circonstance, de l'Espagnols de service, Jésus
Galdeano et du Français de Peugeot, Emmanuel Busto. Seul manque à l'appel,
outre le maillot "Amarillo" Everaert, Bahamontes et à un degré moindre
Geminiani. A l'arrière, le travail des équipiers colossal, ingrat et besogneux
permet aux hommes de tête d'accroître inexorablement leur avance. Six minutes
au premier tiers de course, la machine est lancée à plein régime et seul,
un impondérable semble pouvoir enrayer la belle mécanique. Les relais tombent
telles les bielles d'un "Titanic" lancé à trente noeuds. La chaleur
est caniculaire dans le Nord de l'Espagne en ce printemps 59. Devant, les deux
"pur sang", que sont Van Looy et Rivière, assurent les relais les
plus longs et les plus drastiques, décidément, les deux compères s'entendent
comme larrons en foire. A ce petit jeu, l'écart grimpe d'une manière inouïe
pour atteindre bientôt quinze puis vingt trois minutes. A ce moment précis,
Roger Rivière perce, contrariant quelque peu le bon ordonnancement et la progression
linéaire des fuyards. Le Stéphanois, le bras haut dans le ciel, attend un
secours qui ne viendra pas. Fataliste, le coureur de la St-Raphaël, se décide
à réparer seul sa monture, à ses côtés, Van Looy l'attend. On apprendra
plus tard que Fred Olivieri, son directeur sportif, erre à la l'arrière de
la course, plus précisément derrière le peloton, en soutien assidu mais désespéré
de son leader et maillot "Amarillo" Pierre Everaert en pleine déconfiture.
Même si votre serviteur exècre les oreillettes, il serait malhonnête de ma
part de ne pas avouer que dans un tel cas...
Toujours est-il qu'une fois le dépannage effectué, les deux hommes se remettent
à l'ouvrage de fort belle manière. Pas pour longtemps, hélas, car Roger Rivière,
après quelques kilomètres d'une poursuite effrénée, est, une nouvelle fois,
victime d'une crevaison. Mais cette fois ci, le Forézien ne possède plus de
boyau de rechange et doit se résigner, contraint et forcé, de patienter dans
l'attente d'un éventuel et vain secours. Celui-ci interviendra onze minutes
plus tard et sera finalement synonyme de grosse désillusion. En effet, jamais
le Stéphanois ne reverra la tête de la course et perdra ainsi toute chance
de remporter une Vuelta qu'il gérait et administrait, jusqu'à cet incident
impromptu, à la manière d'un vieux briscard. Rik Van Looy en profitera pour
inscrire un quatrième succès à son tableau de chasse et Everaert perdra son
beau maillot "Amarillo" au profit de José Segu. Cette étape aura
été dramatique pour l'inénarrable José Bergareche, organisateur et maître
d'oeuvre de l'épreuve. Devant faire face à l'abandon inopiné et inattendu
d'un Federico Bahamontes en pleine crise de confiance, Bergareche pris même
la décision surprenante car illicite de faire dépanner Rivière pas les mécanos
de Kaz, ennemi juré des St-Raphaël. Il faut bien avouer que l'épreuve Espagnole
prend une tournure des plus inattendues. Les leaders fourmillent au commandement
et les favoris se désintègrent au fur et à mesure que l'épreuve avance.
Le bilan de cet "chienlit" est éloquent. Si Van Looy poursuit sa
moisson de victoires tout en demeurant dans les premières positions, José
Segu, pour sa part, parade tout de jaune vêtu tandis que l'énigmatique et
talentueux Antonio Suarez se positionne en embuscade à seulement trois minutes
du nouveau leader de Kaz.
Roger Rivière sauvé de la noyade et de l'abandon par le "philanthrope"
Bergareche, ne sera pas ingrat envers son bienfaiteur. La quatorzième étape
interviendra à point nommé pour mettre les compteurs à zéro. Le long et
difficile contre la montre de Vitoria verra le Stéphanois écraser voir atomiser
de toute sa classe la concurrence. A l'issue des soixante deux bornes, d'un
parcours accidenté mais assez roulant, Rivière laisse son plus proche adversaire,
Antonio Suarez aux portes des deux minutes, Luis Otano à plus de deux enfin
Van Looy et consorts à cinq minutes et plus. Antonio Suarez endosse l'Amarillo
au dépend de son compatriote Segu relégué, désormais, à une minute et six
secondes. Le triple Champion du Monde de poursuite et tout frais émoulu recordman
du monde de l'heure, s'adjugera au sprint, s'il vous plaît, la seizième et
avant dernière étape de cette Vuelta, preuve, s'il en est, que le Forézien
est passé tout près de la grande consécration. Pour la petite histoire, la
veille, par l'intermédiaire de Radio-Vuelta, nous apprenions interloqué mais
dépité, le bâchage aussi confidentiel qu'affligeant de la légende vivante
Fausto Coppi, beaucoup plus nanti de pesetas aujourd'hui qu'il ne l'était voilà
trois semaines au départ de l'épreuve. Le prix du déshonneur en quelque sorte.
La dernière étape agrémentée de six cols ne viendra pas bouleverser une
hiérarchie bien établie, concernant le classement général. Seul le maillot
jaune tentera, avec succès d'ailleurs, de s'octroyer le maillot récompensant
le meilleur grimpeur. Un doublé rare, réussi qu'en seulement deux occasions
auparavant. Pour arriver à ses fins, et alors que ses deux principaux adversaires
pour la conquête du maillot blanc immaculé ont pris la tangente, Suarez envoie
à l'avant son fidèle et virevoltant équipier Fernando Manzaneque. Ce dernier
a pour mission de se joindre aux deux fuyards Karmany et Van Genechten, les
deux fameux rivaux de son leader, de les titiller et enfin de leur chiper les
points tant convoités aux sommets des ascensions du jour. La chance sera du
côté de Suarez car les deux présomptueux ayant par trop présumé de leurs
forces se retrouveront bientôt proche de l'hallali, laissant ainsi le champ
libre à Manzaneque qui s'en ira quérir une victoire de prestige à Bilbao,
terme de l'étape et de l'épreuve.
Antonio Suarez conservera sa minute et six secondes sur José Segu et sept minutes
tout rond sur le "bonhomme" de cette Vuelta, le Belge Rik Van Looy,
pour s'adjuger un Tour d'Espagne ébouriffant. Cette quatorzième édition demeurera,
malgré nombre de déceptions dues à certains abandons, défaillances et autres
avatars malencontreux, comme une cuvée royale de celle dont on se remémore
volontiers et sans ambages la date lorsque le moment de citer les plus grands
faits de course nous vient à l'esprit. C'est ainsi, en "revisitant"
la Vuelta 59, que l'idée d'associer deux immenses champions tels Van Looy et
Rivière m'est apparue naturellement.
Michel Crépel
Palmarès de la Vuelta a España
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