Emile BODART
né le 8 avril 1944 à Roux
Emile Bodart : "Je suis bien Namurois"
Quand Théo Mathy fit l'inventaire des coureurs wallons, qui de 1903 jusqu'à
nos jours ont eu l'honneur d'une ou plusieurs sélections pour le Tour de France,
il se posa parfois des questions. Qui est Wallon, et peut-on devenir Wallon
? Pas toujours facile de répondre. Le cyclisme belge a eu en Jean Aerts, un
de ses plus grands champions francophones, mais c'était un vrai, un pur Bruxellois,
pas un Wallon, pas plus que Philippe Thys, trois fois vainqueur du Tour de France
en 1913, en 1914 et 1920, roi des "Pajols" et président d'une société
d'archers "Les Bienfaiteurs", qui résida en Wallonie à un moment
de sa vie. C'est, pensons-nous, Robert Lelangue qui a le mieux répondu à la
question que se posait Théo Mathy : "Ce n'est pas uniquement une affaire
de géographie ou de lieu de naissance, c'est le cœur qui répond. On
est wallon si on veut l'être... avec ses tripes". Voilà pourquoi
dans l'excellent ouvrage "Mémoire du Tour et des Wallons" (1), on
y trouve les noms d'Emile Daems, de Charles Deruyter, de Robert Wancour, et
de Robert Lelangue. Etre Namurois c'est le même problème. Que faut-il pour
être Namurois ? L'avoir été comme Emile Masson père et être considéré
comme Liégeois, à part entière, ensuite ou le devenir ? Emile Bodart a presque
jeté un cri d'alarme : "Je suis bien Namurois !" L'avions-nous
oublié ? Ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé. Wanfercée Baulet et
Keumiée sont deux localités limitrophes. Selon qu'on habite d'un côté de
la rue ou de l'autre, on est Hennuyer ou Namurois.
(1) "Mémoire du Tour et des Wallons" – Théo Mathy,
préface d'Eddy Merckx, aux éditions Luc Pire
Pour la gloire de notre exposition, nous aurions souhaité que Ferdinand Bracke
soit du bon côté. Mais avec lui hélas tous les sociétaires du club cycliste
de Wanfercée Baulet ont été catalogués hennuyers. Emile Bodart était de
ceux là, avec circonstance "atténuante", il est né à Roux, près
de Charleroi. Oublions tout cela puisque Emile Bodart clame sa volonté d'être
Namurois, nous l'accueillons à bras ouverts. Un de plus ! On sera à 30 si
une nouvelle découverte se fait jour avant la fin du Tour !
Mi-1950, Emile Bodart vivait à Keumiée, commune limitrophe entre la province
de Namur et celle du Hainaut. En vue d'être intégré dans la fameuse équipe
de Wanfercée-Baulet, le club de Bracke, de Preziosi, Emile Bodart devait habiter
la province de Hainaut. Dès lors, avec la complicité du facteur, semble-t-il,
son adresse fut transformée, de la rue des Culées à Keumiée (province de
Namur) en rue de Keumiée à Wanfercée-Baulet (province du Hainaut). "En
fait il s'agissait de traverser la route et on était dans le Hainaut"
précise Emile Bodart, qui allait conserver cette étiquette de Carolo alors
qu'il vivait dans le Namurois. Sa carrière professionnelle terminée, il s'installe
à Ligny, où il ouvre un magasin de vélos. A 62 ans, Emile Bodart couvre encore
plus de 16000 kilomètres annuellement. "Finalement je préfère cela
que de m'occuper d'une équipe. J'éprouve toujours autant de plaisir à pédaler
longuement".
En 1973, âgé de 31 ans, Emile Bodart prend part à la Grande Boucle. Cette
année-là Eddy Merckx est absent et Luis Ocana enlève à Paris la victoire
finale. Laissons Emile Bodart nous narrer ses souvenirs : "A 31 ans,
c'était mon premier Tour de France et c'était un peu tard pour se lancer dans
pareille aventure. On partait de Hollande et, lors de la deuxième étape à
Saint-Nicolas, je suis tombé sur un poteau dans l'emballage final. L'étape
se terminait en entonnoir sur la Grand Place et, en sprintant, j'ai heurté
le pédalier de Godefroot. Je me suis relevé avec un énorme hématome à la
hanche, cela me faisait souffrir, je ne sais pas pourquoi je m'étais mis dans
le tête que je devais terminer ce Tour. Même les médecins voulaient m'arrêter,
mais il y a quelque chose de magique dans cette épreuve, et je m'obstinais
à continuer à souffrir. Finalement j'ai abandonné à Nice, après une dizaine
d'étapes, les Alpes et beaucoup de sacrifices. Je pense qu'on ne se rend pas
bien compte de ce que les coureurs peuvent souffrir en montagne, surtout au
Tour. Si on entame l'épreuve sans être à 100% de la forme, c'est la galère.
C'est une classique tous les jours et je vous assure que cela use, il faut constamment
rouler à bloc. C'était vraiment très dur, mais il y avait aussi une belle
solidarité et je vous avoue que j'ai la nostalgie de cette époque. Des courses,
mais aussi des entraînements avec les copains de Wanfercée et Jacques Martin
qui venait rouler avec nous".
Rappelons, ci-après, les grands faits de la brillante carrière d'Emile Bodart,
né le 1er avril 1942 à Roux, non loin de Charleroi. En 1964, dans la catégorie
des indépendants, il enlève le Championnat du Hainaut. Le 26 août 1965, Emile
Bodart passe professionnel dans l'équipe PELFORTH-SAUVAGE-LEJEUNE. Il enlève
sa première victoire en 1966 à Buggenhout. En 1967, toujours chez PELFORTH-SAUVAGE-LEJEUNE,
il remporte les bouquets à Melle et à Sirault. Il se classe 2ème au G.P du
Printemps à Hannut, 20ème des Deux Jours de Bertrix et 3ème au Championnat
de Belgique. En 1968, resté fidèle à PELFORTH-SAUVAGE-LEJEUNE, il enlève
l'éprouvante épreuve Bordeaux-Paris (600 km). Sa victoire est surprenante
mais mille fois méritée. Cette victoire constitue probablement le plus beau
fleuron de la carte de visite de cet As de la route. Il remporte encore la victoire
à Stekene, à Herne-Kokejane, à Tirlemont. Il se classe 2ème du Circuit du
Port de Dunkerque, 3ème du Circuit de la Flandre Centrale, 5ème du Championnat
de Belgique et 2ème du Tour des Flandres. En 1969, il rejoint l'équipe FLANDRIA-DE
CLERCK. Il prend part une nouvelle fois à Bordeaux-Paris et s'y classe 5ème.
En 1970, chez FLANDRIA-MARS, il se classe 2ème du G.P de Denain. A l'issue
d'une troisième participation à Bordeaux-Paris, il se classe à la 7ème place.
En 1971, il entre dans l'équipe WATNEYS-AVIA. Il remporte Renaix–Tournai–Renaix.
En 1972, toujours chez WATNEYS-AVIA, il se classe 2ème du G.P d'Antibes, 2ème
du G.P de Nice et 18ème de Milan-San Remo. En 1973, cette fois chez WATNEYS-MAES,
il remporte la victoire à Lessines. Il se classe 3ème du Circuit du Brabant
Occidental. Il prend part à la Grande Boucle et est contraint à l'abandon
à Nice. En 1974, toujours chez WATNEYS-MAES, il termine 3ème du G.P du Printemps
à Hannut, 3ème du Circuit du Port de Dunkerque et 5ème de Liège-Tongrinne.
A l'issue de la saison, il met un terme à sa carrière professionnelle. Emile
Bodart avoue très sincèrement avoir fait sa carrière chez les professionnels
au service des autres et plus particulièrement au service de Frans Verbeek.
Il avait pour mission de l'amener en bonne position pour le sprint. Cette tâche
qu'il remplissait à merveille, ne l'empêcha pas de monter quelquefois sur
la plus haute marche du podium en Belgique ou même au Critérium du Dauphiné
Libéré où il fut injustement déclassé parce qu'Eric De Vlaeminck l'avait
très légèrement touché au cours du sprint, pas pour le pousser mais pour
lui signaler sa position.
Michel Noël
1964
Champion du Hainaut
1965
Passe professionnel le 26 août
19ème du G.P de Belgique à Verviers
31ème du Critérium du Dauphiné Libéré
1966
1er à Buggenhout
3ème à Wezembeek 25ème de Hoeilaert-Diest-Hoeilaert
26ème de Liège-Bastogne-Liège
40ème de la Flèche Wallonne
Abandon au Critérium du Dauphiné Libéré (éliminé 3ème étape)
1967
1er à Melle
1er à Sirault
2ème au G.P du Printemps à Hannut
3ème au Championnat de Belgique
3ème à Denderwindeke
3ème à Rummen
20ème des 2 jours de Bertrix
- 2ème de la 2ème étape
Participe à la Volta a Catalunya
- 5ème de la 7ème étape (a)
1968
1er de Bordeaux-Paris
1er à Stekene
1er à Herne-Kokejane 1er à Tirlemont
2ème à Rummen
2ème du Circuit du Port de Dunkerque
3ème du Circuit de la Flandre Centrale à Deinze
3ème à Temse
5ème du Championnat de Belgique
9ème des 6 jours de Charleroi avec Valère Frennet
13ème du Critérium des As au Havre
21ème du Tour des Flandres
32ème de Paris-Tours
Abandon à Paris-Luxembourg (1ère étape)
1969
2ème du G.P de Peruwelz
5ème de Bordeaux-Paris
9ème des 6 jours de Charleroi avec Michel Coulon
20ème du Giro di Sardegna
Abandon à Paris-Luxembourg (2ème étape)
Abandon au Critérium du Dauphiné Libéré
Abandon au Tour de Suisse
1970
2ème du G.P de Denain
7ème de Bordeaux-Paris
29ème du Tour du Limbourg Abandon à la Vuelta a Andalucia
- 3ème de la 1ère étape (a)
- 3ème de la 1ère étape (b)
- 4ème de la 2ème étape
Abandon à Paris-Luxembourg
1971
1er de Renaix–Tournai–Renaix
11ème du Tour du Luxembourg
- 4ème de la 1ère étape
- 5ème de la 4ème étape (a)
- 7ème de la 2ème étape 20ème du Het Volk
24ème du G.P du Midi Libre
33ème de l'Amstel Gold Race
46ème de Paris-Tours
51ème du Tour des Flandres
54ème du Critérium du Dauphiné Libéré
79ème de Gand-Wevelgem
1972
2ème du G.P de Nice
14ème de Tirreno-Adriatico
18ème de Milan-San Remo
22ème de l'Amstel Gold Race
44ème de Paris-Roubaix
96ème de Paris-Tours
1973
1er à Lessines
2ème à Waarschoot
2ème à Sin-le-Noble
3ème du Circuit du Brabant Occidental
29ème de Paris-Bruxelles
53ème du G.P du Midi Libre
61ème de Paris-Tours
Participe au Tour du Nord
- 2ème de la 5ème étape
- 3ème de la 3ème étape
Abandon au Tour de France (9ème étape)
Abandon aux 6 jours de Dortmund avec Axel Krause
1974
3ème du G.P du Printemps à Hannut
3ème du Circuit du Port de Dunkerque
5ème de Liège-Tongrinne
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