Louis FAUDON
né le 14 juin 1891 à Draguignan décédé le 23 septembre 1963 à
Draguignan
Rares sont les Bas-Alpins qui participèrent au Tour
de France. Antonin Louis Faudon sera le premier. Originaire
de Draguignan où il est né le 14 juin 1891, mais domicilié
à Digne, Louis Faudon participe en 1909 à son premier
Tour de France. Il n'a alors que 18 ans et s'est inscrit
sous le n° 249 dans la catégorie "isolés",
catégorie que la presse de l'époque a rebaptisée "catégorie
des déshérités" car "ces coureurs doivent
faire la course avec leurs propres ressources".
Afin de les aider, le journal L'Auto alloue chaque jour
à chaque coureur cinq francs, mais cette somme est bien
insuffisante lorsqu'il faut à chaque étape s'occuper
de sa bicyclette, la réparer, la nettoyer, s'alimenter
et trouver un gîte pour la nuit.
Aussi une souscription
a été ouverte par l'Union sportive dignoise afin de
venir en aide "au champion local". Quant au
Journal des Basses-Alpes, il va chaque dimanche informer
ses lecteurs des résultats de Faudon. C'est ainsi qu'au
11 juillet, on pouvait lire dans l'hebdomadaire : "Notre
compatriote, le plus jeune des engagés, a fait 59ème
dans la première étape, avec une moyenne de 23.800 km/h.
Il s'est trouvé en assez bonne posture parmi les anciens
habitués du Tour de France. C'est un excellent résultat
qui témoigne de l'ardeur de notre jeune ami et qui nous
promet un succès plus grand pour les prochaines étapes."
Dans
la 3ème étape Metz-Belfort, Louis Faudon arrivera 62ème
sur 105 coureurs, à 11 heures du premier ! La 6ème étape
Grenoble-Nice passait le 15 juillet 1909 par Digne où
un contrôle avait été installé sur le boulevard Gassendi.
Le départ de Grenoble avait été donné à 3h30. Aussi,
quelques membres de l'USD, M. Prêve, négociant, accompagné
de MM. Bonnet et Gage, décidèrent d'aller ravitailler
Louis Faudon en chemin. Ils partirent à sa rencontre
et le rejoignirent en voiture quelque part au-dessus
de Sisteron. Au moment où on lui tendait un panier de
victuailles, Faudon s'écria : "Ne me passez
pas le vin, autrement je vais me faire disqualifier
!" La tradition rapporte d'ailleurs que c'est
sa gourmandise qui le perdit : "Il avait eu
le tort de s'arrêter trop souvent sur le bas-côté de
la route pour faire cuire des œufs au plat dont il raffolait,
dans une petite poêle qu'il tenait fixée en permanence
derrière sa selle." Le Journal des Basses-Alpes
du 18 juillet 1909 relate ainsi le passage à Digne de
Louis Faudon : "A midi vingt-cinq, un coup
de canon signale notre champion qui enlève le boulevard
à vive allure au milieu d'une ovation impossible à rendre
et de la foule en délire. Aussitôt à terre, il embrasse
sa famille, et elle est nombreuse la famille du brave
Faudon. Il signe ensuite au contrôle et, après avoir
pris quelques rafraîchissements, il remonte en machine,
en promettant à ses amis de terminer vaillamment le
tour. Les mêmes ovations et acclamations l'accompagnent
au départ. Avec le public dignois, nous lui adressons
nos félicitations et tous nos vœux."
Dans
cette 6ème étape, Louis Faudon dit la Grive des Alpes,
arrivera 38ème sur les 73 concurrents encore en course
(ils étaient 154 au départ), à 5h23' du vainqueur de
l'étape. Mais Faudon ne terminera pas le Tour. Prenons
encore une fois de ses nouvelles grâce au Journal des
Basses-Alpes du 1er août : "Notre jeune champion
a été victime d'une chute assez grave qui l'a mis dans
l'impossibilité de terminer les trois étapes de Nantes
à Paris. Le journal L'Auto annonce, en effet, que Faudon
a fait une chute près de Sautron (Loire-Inférieure)
et qu'il a été blessé à la cuisse par des débris de
bouteilles." Faudon abandonnera donc dans la
12ème étape Nantes-Brest (321 km) alors qu'il était
34ème au classement général. "Nous espérons
qu'il sera plus heureux dans le prochain Tour de France,
auquel il a décidé de prendre part." En 1910,
Louis Faudon participe à son second Tour de France.
Toujours inscrit dans le groupe "isolés",
il court sur une bicyclette prêtée par la maison de
cycles A. Dumas d'Aix-en-Provence dont le représentant
à Digne est François Lazare, rue de l'Hubac. Louis Faudon
(n° 114) qui était arrivé 49ème sur 100 concurrents
classés lors de la première étape, abandonnera dans
la 3ème entre Metz et Belfort.
Cet abandon ne
l'empêchera pas de continuer le Tour comme le raconte
le Journal des Basses-Alpes dans son édition du 17 juillet
1910 : "Comme toutes les années, le passage
à Digne (le 13 juillet 1910), de la course du Tour de
France a eu le plus grand succès. (...) A 11 h 48, un
grand brouhaha se produit : c'est Faudon, notre coureur,
qu'un accident de machine a arrêté à la 3ème étape,
qui arrive après le 42ème, au milieu d'acclamations
et d'applaudissements. Il est reçu par ses amis au siège
de la Société (l'USD). Il se restaure rapidement et
repart pour Nice." C'est là, à Nice, une cheville
enflée qu'il mettra fin à son Tour de France et rentrera
à Digne.
En 1911, Louis Faudon a 20 ans mais
ne participe pas au Tour de France. En octobre, il prend
un engagement volontaire pour quatre ans au 5ème régiment
du génie à Versailles, le régiment des chemins de fer.
La Première Guerre mondiale va prolonger son service
et il restera 8 ans sous les drapeaux. Après un séjour
à Salonique au titre de l'Armée d'Orient qui lui vaudra
la médaille Interalliée, il sera démobilisé en août
1919. Au début des années 1920, on le retrouve quelques
temps encore au départ de courses locales en compagnie
d'un autre Dignois, Henri Roche, mais Faudon, qui s'est
marié en 1920, ne participera plus au Tour de France.
Il sera wagonnier en gare de Digne, ville où il passera
une grande partie de sa vie. Il est décédé à Draguignan
le 23 septembre 1963.
Merci à Guy REYMOND Archives communales de Digne-les-Bains - 04000 Alpes-de-Haute-Provence
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