César MARCELAK né le 5 janvier 1913 à Mülheim an der Ruhr (Westphalie - Allemagne)
naturalisé Français le 23 juin 1947
décédé le 17 février 2005 à Liévin (Pas-de-Calais)
César Marcellak est né le 5 janvier 1913 à Mülheim an der Ruhr en Allemagne, il est issu d'une famille de 4 enfants. Baptisé Ceslaw Marcelak par ses parents, originaires de Sroda en Pologne, il sera renommé Zeslaüs Marcellak par l'administration allemande.
César a connu la révolution allemande. En 1918, l'armistice est signé avec des conditions draconiennes. La guerre est finie mais a coûté un million et demi de morts à l'Allemagne. Il n'y a plus de stabilité politique, économique ou sociale. La guerre civile et la famine poussent la famille à partir. César arrive en France à 9 ans, en 1922. Son père Michel est embauché par les Houillères à Béthune dans le Pas de Calais. César est inscrit à l'école de Grenay (n°5). Il habite cité des Alouettes à Bully-les-Mines. Galibot à la Fosse 1 de Bully-les-Mines, à 12 ans, il travaille au criblage. A 15 ans et demi, il descend au fond. Il y restera jusqu'à 26 ans. Il comptabilisera 15 années de mine. Le soir, après sa journée de travail (on descendait à la mine à 5h30 du matin), il va se détendre dans une salle de sport. Il montre des aptitudes physiques à pratiquer la gymnastique, notamment la barre fixe.
Un jour, dans l'autobus, il rencontre un copain mineur qui vend sa bicyclette. César la lui rachète. Il commence à pratiquer le cyclisme vers l'âge de 20 ans et s'inscrit à la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail, issue du mouvement ouvrier). Ses qualités physiques naturelles, et son habitude à devoir lutter pour vivre le prédisposent à la pratique du cyclisme et César gagne rapidement de nombreuses courses locales. César participe à sa première grande course professionnelle, bien qu'il soit amateur, et finit 8ème de Paris-Lens en 1935. Indépendant, il la remportera en 1937.
Les exploits cyclistes de César commencent à être connus à la mine. Les porions l'aident en organisant sa journée de travail pour lui permettre de s'entraîner et de participer aux courses. C'est à cette époque qu'il fait connaissance des frères Wittek, au nombre de six, qui pratiquent également le cyclisme (Antoine puis Théophile, Stanislas et César en particulier). Chez les Wittek, on travaille dur. Le père possède une boulangerie, les garçons sont à la mine et/ou à la boulangerie. Les filles portent le pain, conduisant des charrettes tirées par de robustes chevaux, dans Bully et les villages alentours. En 1938, il épouse l'aînée des quatre filles, Maria-Agnès. Ils auront deux enfants Régine et Philippe.
On reproche à César de ne pas courir en dehors de la région. En 1938, il remporte sa première grande course professionnelle en région parisienne, le Prix de Chantilly. Le Baron de Rotschild l'invite à faire un tour d'honneur dans sa voiture. Fin Juillet 1939, il participe au tour de Pologne avec son beau-frère Antoine Wittek. Les organisateurs, soucieux de voir un coureur local l'emporter, détournent César du parcours lors de la première étape alors qu'il est échappé. César menace alors de se retirer de l'épreuve. Ils trouvent un accord : César et Antoine peuvent continuer à participer à l'épreuve mais il n'apparaîtront pas au classement général. A l'issue du tour, César et Antoine ont remporté à eux deux 5 des 8 étapes programmées. Ils sont sélectionnés en équipe de Pologne pour les championnats du monde organisés à Varèse en Italie et qui n'auront jamais lieu. En effet, les chars allemands entrent en Pologne le 1er septembre 1939, la guerre est déclarée en France le 3 septembre 1939. César est Polonais et doit abandonner la compétition sous la France occupée. Pour ne pas faire de Service de Travail Obligatoire en Allemagne, il sera terrassier et travaillera dans des carrières d'argile à Liévin et à Montigny en Gohelle.
Avant la fin de la guerre, il reprend l'entraînement, encouragé par le clan Wittek. Fin 1944, César a 31 ans et peut recourir. Il sait que ses plus belles années de coureur cycliste sont passées mais il veut décrocher une grande victoire. Cela commence par un titre de champion de France des Indépendants (FSGT). Les succès reviennent en 1945, César participe au grand prix des Nations. De nombreuses victoires ponctuent également l'année 1946. Il écume les courses régionales avec son ami Edouard Klabinski. Il s'engage cette même année dans Monaco-Paris, remportée par Apo Lazarides devant René Vietto et Jean Robic. Dans cette épreuve il prend une bonne 23ème place juste devant son camarade Louis Déprez. Mais il se rend compte que son inactivité cycliste pendant la guerre et son âge "avancé" lui portent préjudice dans les courses à étapes.
En 1947, il est sélectionné dans l'équipe du Nord-Est pour le Tour de France, mais il est encore Polonais. Il pense pouvoir obtenir sa naturalisation avant le départ, mais il ne deviendra Français que quelques jours plus tard - trop tard, malheureusement - le 23 juillet 1947 exactement. Un autre Polonais, Alexandre Pawlisiak, fraîchement naturalisé, prend sa place. Il sollicite alors et obtient de la Fédération Polonaise son engagement aux Championnats du Monde, qui ont lieu à Reims, et qu'il ne peut davantage courir, sa naturalisation étant devenue effective entre temps. Il s'appellera César Marcellak pour l'administration française, et César Marcelak pour... lui et les journalistes (son prénom français et son nom polonais) !
La grande victoire est pour l'année suivante. En 1948, il devient Champion de France de cyclisme professionnel sur route, à la surprise générale (à la radio, le speaker a tardé à l'annoncer comme vainqueur, on ne reconnaît pas son maillot). "Et Marcelak, le mineur, jaillit au sprint" raconte La Voix des Sports . "Après une course intelligemment menée, l'Arrageois bat nettement, au sprint, Louviot, Giguet et Idée". Le parcours est difficile (ascension de la fameuse côte Lapize du circuit de Montlhéry), le temps est rude - vent violent - et les adversaires sont tenaces (Idée, Danguillaume, Bobet, Vietto, Louviot...). Ce dimanche 27 juin est jour de ducasse dans la région. On annonce la victoire de César, le copain mineur, au micro. Bully est en émoi. On pleure, on rit, les amis, la famille envahissent la boulangerie des Wittek. Le lendemain, on peut lire dans La Voix des Sports : "Ce que tous, à part les nordistes, bien entendu, croyaient impossible, est arrivé. Ce soir, Marcelak, du RC Arras, est Champion de France de la route […] Ainsi, pour la première fois, un petit gars de chez nous a conquis le symbole le plus convoité de tous les coureurs cyclistes". A son retour, César sera fêté comme il se doit.
César participe à son premier Tour de France en 1948, à l'âge de 35 ans. Il franchit les Pyrénées mais, malade, il doit s'arrêter à la neuvième étape à Montpellier. Il est également sélectionné pour les championnats du monde qui ont lieu à Valkenburg.
Avec son titre de champion de France, sa participation au Tour de France et les nombreux succès glanés en cours de saison, César et Maria-Agnès investissent dans un commerce de cycles à Bully-les-Mines, rue Casimir Beugnet. Il prendra part à son deuxième et dernier Tour en 1949, où il manquera de peu la victoire (2ème) dans l'étape Bruxelles-Boulogne, battu par Callens au sprint.
Les années suivantes, César "jongle" entre le magasin de cycles et sa carrière de coureur. Malgré son âge "avancé" il remportera de belles victoires dans Paris-Valenciennes ou au Grand Prix d'Isbergues.
César clôt sa carrière de coureur cycliste avec une place de 9ème au Grand Prix d'Isbergues et au Tour du Nord à 45ans ! Il mettra le vélo de côté pour se consacrer entièrement à son magasin de cycles, rue Casimir Beugnet à Bully-les-Mines.
Il reprendra sa bicyclette au début des années 1970 pour entraîner son fils Philippe coureur de 1ère catégorie. On le retrouve alors sur le bord des routes des compétitions régionales et dans les sous-bois pour le cyclo-cross. Au début des années 80, César prend sa retraite pour se consacrer pleinement à sa passion : le vélo. A près de soixante-dix ans, César accumule un nombre impressionnant de kilomètres par semaine (jusqu'à 300 km) avec ses petits-enfants. Il connaît bien ses forces et s'adapte en fonction du parcours, ceci lui permettra de pratiquer régulièrement le vélo jusqu'à 90 ans, où il fait encore deux sorties par semaine. César disparaît le 17 février 2005, après "une vie saine et bien remplie" selon ses dires. Les nordistes gardent au fond de leur cœur le souvenir de ce vaillant mineur d'origine Polonaise, au regard bleu clair, qui porta avec fierté le maillot tricolore.
Merci à ses petits-enfants, Isabelle et Emmanuel Antczak.
Edouard Klabinski, Louis Déprez et César Marcelak - février
1948
1934 8ème du Tour du Pas-de-Calais - 12ème de la 1ère étape -
7ème de la 2ème étape
1935 - amateur Avec les
pros 6ème du G.P Suze à Lille 8ème de Paris-Lens 20ème du Tour
du Pas-de-Calais - 20ème de la 1ère étape - 21ème de la 2ème étape 23ème de Paris-Lille 59ème
du Critérium du "Réveil du Nord"
1937 - indépendant Avec
les pros 1er de Paris-Lens 10ème du Tour du
Nord
1938
- indépendant Avec les pros 1er du Prix de Chantilly 2ème
du Circuit de la Vallée de l'Aa 2ème à Cambrai 3ème du Tour du
Pas-de-Calais 7ème du Tour du Nord - 2ème de la
5ème étape 12ème de PAris-Valenciennes
1939 - indépendant : FRANCE SPORT-DUNLOP 1er
du Prix d'Ouverture à Bruay-en-Artois 1er du G.P
des Polonais de France à Bully-les-Mines 1er du Prix
de la Ville de Bully-les-Mines 1er du Circuit de
l'Union Sportive à Saint-Omer 1er du Prix des biscuits Vendroux à Calais 2ème du
Prix des Coopérateurs à Boulogne-sur-Mer 3ème
du Prix des Bières Mandron à Bavay 3ème du Prix de
la Ville de Calais 3ème du Prix des Caves Calaisiennes 5ème du Prix de la Ville de
Montigny en Gohelle 12ème du Prix de la Ville de
Hautmont 13ème de Paris-Sedan 13ème du Circuit
de la Vallée de l'Aa à Wizermes Avec les pros 5ème de Rouen-Caen-Rouen -
1er de la 1ère étape 5ème
de Tourcoing-Dunkerque-Tourcoing 11ème de Paris-Saint Etienne -
8ème de la 1ère étape
1944 - indépendant Champion
de France des indépendants
1945
- indépendant 1er du G.P d'Automne à Lille Avec les pros 1er du Circuit Minier du Pas-de-Calais 2ème
de Paris-Arras 4ème du Circuit des Flandres à Lille 13ème du G.P de Nations
1946
- indépendant chez BERTIN-WOLBER 1er du G.P André Bertin à Amiens 1er
du G.P Jean Mabuse à Maubeuge 1er du Prix des Commerçants à Bâpaume 1er
à Mazingarbe 1er du G.P des Anciens FTPF 1er de
Lille-Lens-Valenciennes 1er du G.P d'Albert 1er
de Paris-Roubaix travailliste 1er de Paris-Lens FSGT 1er du Prix Oscar Cateau à Arras 1er
du G.P des Commerçants à Douai 1er du Prix de Crèvecoeur-sur-Escaut 2ème à Albert 2ème du G.P des Commerçants à Douai 3ème
à Hautmont Avec les pros 1er de Paris-Arras 1er de Paris-Valenciennes 1er
de Paris-Lens 1er du G.P de Saint-Omer 2ème de Tourcoing-Dunkerque-Roubaix 2ème
du Critérium des As à Arras 3ème
de Paris-Saint Quentin 6ème du G.P du Courrier Picard 7ème du G.P des Nations 23ème
de Monaco-Paris
1947
- BERTIN 1er de Tourcoing-Dunkerque-Roubaix 1er
du Circuit du Port de Dunkerque 1er à Hautmont 2ème
du Prix Petitjean à Hautmont 3ème
de Paris-Valenciennes 3ème de Roubaix-Huy 19ème
de Paris-Roubaix 26ème de Paris-Tours 37ème de
Paris-Bruxelles
1948 - MERCIER-ARCHAMBAUD Champion
de France 1er
du Tour de la Manche - 1er de la 1ère étape 1er
à Bailleul 3ème de Paris-Limoges 4ème à Hautmont 4ème de Lille-Calais-Lille 5ème
du Critérium de Cambrai 8ème du Critérium
des As 8ème de Paris-Bruxelles 13ème du G.P du
Pneumatique 13ème du Acht van Brasschaat 17ème du Tour du Lac Léman 22ème de
Paris-Valenciennes 40ème du Critérium
National 41ème de Paris-Tours Abandon
au Tour de France (éliminé 9ème étape) - 7ème de
la 1ère étape Abandon au Championnat du Monde
1949 - MERCIER-ARCHAMBAUD 2ème du G.P de Pâques
à Lille 2ème du Critérium du Bois de la Deule à Lille 6ème de Lille-Calais-Lille 8ème du Tour
d'Afrique du Nord - 3ème de la 5ème étape - 3ème
de la 11ème étape - 2ème de la 14ème étape - 2ème
de la 20ème étape 12ème du Championnat de France 16ème de Paris-Tours 19ème
du G.P du Pneumatique 59ème de Paris-Bruxelles Abandon
au Tour de France (éliminé 19ème étape) - 2ème de
la 3ème étape
1950 - MERCIER-ARCHAMBAUD 1er du Circuit du Port
de Dunkerque 1er du Circuit de la Vallée de l'Aa 1er
du G.P du Meuble à Camblain 1er à Auchel 1er à Sin-le-Noble 2ème
du G.P du Haut-Pont à Saint-Omer 2ème du Prix de
Molinghem 2ème à Anzin 2ème à Cousolre 2ème
du Critérium de Bruxelles 3ème
de Paris-Boulogne sur Mer 3ème du Circuit du Pévèle 5ème
du Tour de la Manche - 5ème de la 2ème étape 5ème du Tour du Doubs 8ème
des Boucles de la Seine 9ème de Paris-Bruxelles 10ème
du Tour des Flandres 13ème de la Flèche Wallonne 14ème
de Paris-Valenciennes 16ème
de la Coupe Marcel Vergeat 17ème de Huy-Roubaix-Huy -
2ème de la 1ère étape 20ème de Kuurne-Bruxelles-Kuurne 95ème
du Critérium National
1951
- MERCIER-ARCHAMBAUD 1er
de Paris-Valenciennes 6ème du Tour de la Manche -
3ème de la 2ème étape 6ème
du G.P du Courrier Picard 7ème du Championnat de France 9ème
des Boucles de la Seine 13ème du G.P du Midi Libre 14ème de Paris-Clermont Ferrand 15ème de la Coupe Marcel
Vergeat 20ème de Paris-Montceau les Mines 23ème de Paris-Bruxelles 43ème du Critérium
National Abandon à Paris-Brest-Paris
1952 -
MERCIER-ARCHAMBAUD 1er
du G.P d'Isbergues 1er à Gullegem 2ème du G.P
du Courrier Picard 2ème du G.P de Fourmies 2ème
à Wattrelos 3ème à Maubeuge 4ème du Prix des Verriers à Aniche 5ème à Anzegem 5ème
de la Ronde Hesbaye-Condroz 7ème
de Roubaix-Huy 9ème du Circuit des Monts du Sud-Ouest 10ème de Paris-Valenciennes 15ème
du G.P de la Suze à Lille 17ème du Circuit du Houtland 28ème
du Prix du Gros Horloge à Rouen Abandon au Critérium National
1953
- BERTIN, STARNORD 2ème
de Roubaix-Cassel-Roubaix 2ème du Circuit du Port
de Dunkerque 2ème à Arras 2ème à Saint-Martin
au Laërt 2ème à Bousies 3ème du G.P d'Isbergues 4ème
du Circuit de la Vallée de l'Aa 4ème de Louvroil-Maubeuge 13ème
du Circuit des Ardennes - 5ème de la 4ème étape 23ème
du Tour de Picardie Participe
au Tour du Nord - 3ème de la 3ème étape Abandon
au Critérium National
1954
- BERTIN-D'ALESSANDRO 1er
du Circuit Minier du Nord à Valenciennes 1er à Noeux-les-Mines 2ème
de Lille-Sallaumines 2ème à Douai 2ème à Longenay 2ème
à Saint-Amand les Eaux 4ème du Circuit du Port de
Dunkerque 4ème à Bavais 5ème
du G.P de Lapugnoy 5ème à Aniche 6ème du G.P d'Isbergues 13ème
du Tour du Nord 29ème de Paris-Valenciennes Abandon au Critérium National
1955 - BERTIN-D'ALESSANDRO 1er
de Lille-Le Crotoy 1er du Circuit du Port de Dunkerque 1er
à Anzin 1er à Camoy 1er à Wattrelos 1er à Waziers 1er
à Bousies 2ème du G.P d'Orchies 2ème à Armentières 2ème
à Tourcoing 2ème à Albert 3ème du G.P de Saint-Omer 3ème du G.P des
Flandres Françaises à Lille 6ème de Paris-Valenciennes 12ème
des 4 jours de Dunkerque - 4ème de la 3ème étape -
5ème de la 4ème étape Abandon au Critérium National
1956
- indépendant : BERTIN 1er des 3 jours d'Hénin-Liétard -
1er de la 2ème étape - 1er de la 3ème étape Avec
les pros 1er
du G.P de Denain 1er du Circuit du Pévèle 1er
du G.P des Flandres 2ème à Hazebrouck 2ème à Avion 3ème
à Aniche 5ème de Le Cateau-Arras
1957
- indépendant : BERTIN 1er à Arras 1er
du G.P de Lapugnoy 2ème du G.P d'Isbergues
1958
- indépendant : BERTIN 1er à Denain 2ème à Arras 9ème du Tour du Nord - 2ème de la 4ème étape 9ème du G.P d'Isbergues
Adversaires sur la route, mais amis dans la vie, mon père Louis Déprez admirait l'allure de César. Bien souvent, ils se retouvaient dans les trains au retour des compétitions. Ils furent même équipiers. J'ai assisté à de nombreux duels dans le Nord et je pense que César m'aimait beaucoup. Il me fut pénible d'assister aux obséques. Bien à toute la famille en particulier à Richard. Daniel Déprez
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