Joseph MARCHAND
né le 18 juin 1892 à Moustier-sur-Sambre
décédé le 18 janvier 1935 à Moustier-sur-Sambre
Joseph voit le jour à Moustier-sur-Sambre le 18 juin 1892. Assez jeune,
Joseph débute dans le sport cycliste. Toutefois en 1914, la terrible catastrophe
qui ébranle l'Europe vient brusquement l'arrêter dans sa carrière naissante
ce cycliste. Joseph est déporté en Allemagne. Là, il est pour tous ses compagnons
d'infortune un modèle d'abnégation, de charité, un ami qui ne refuse jamais
une aide généreuse. En 1918, la guerre terminée, Joseph revient en Belgique
et s'adonne de nouveau à son sport favori. Il entame des débuts prometteurs,
notamment avec Félix et Fernand Sellier. Il côtoie Léon Scieur, Firmin Lambot,
Léon Despontin et Emile Masson, autres namurois qui feront une brillante carrière
cycliste.
Il progresse à pas de géant, si bien que 1920, il enlève brillamment le Championnat
de Belgique sur route, dans la catégorie des Indépendants. C'est dans un enthousiasme
délirant que la population moustiéroise accueille son champion, à son retour,
pour fêter son titre.
Joseph accumule ensuite les succès qui lui assurent sa première participation
à la Grande Boucle. Inscrit dans la catégorie des coureurs de deuxième classe,
il prend part à la 16ème édition du Tour de France, en 1922, qui compte 5375
km. Parmi les 120 partants, on note notamment Léon Scieur, Firmin Lambot, Léon
Despontin, Philippe Thys, Emile Masson, Félix Sellier et Camille Leroy. Cette
édition qui emprunte pour la 1ère fois les cols de Vars et d'Izoard, compte
15 étapes et est marquée par les 5 victoires d'étapes de Philippe Thys et
les trois victoires consécutives du Français Jean Alavoine (Bayonne, Luchon,
Perpignan). Maillot jaune aux Sables d'Olonne, le Français Eugène Christophe
cède le commandement à Jean Alavoine dans les Pyrénées. Ce dernier perd
le Tour dans le Galibier, franchi dans des conditions climatiques épouvantables
(trombes d'eau). Quant à Eugène Christophe, il casse sa fourche pour la 3ème
fois dans le Galibier. Firmin Lambot assure sa 2ème victoire dans la Grande
Boucle à Metz. Sur les 120 partants, 38 concurrents sont classés à Paris.
Quant à Joseph Marchand, il termine à Paris à la 23ème place à 14h58'14"
du vainqueur final. Mais, revivons la course :
A l'issue de la 1ère étape, Paris-Le Havre (388 km), Joseph se classe 30ème
à 1h33'53" du vainqueur, le Français Robert Jacquinot (moyenne : 25.071
km/h). A Cherbourg, terme de la 2ème étape, après 364 km, Joseph prend la
49ème place à 1h50'03" du Français Romain Bellenger (moyenne : 24.055
km/h). La tête du classement général est occupée par Robert Jacquinot. Ce
dernier enlève la 3ème étape Cherbourg-Brest (405 km) en 17h34'44" (23.038
km/h). Joseph franchit la ligne en 34ème position à 1h04'56". Robert
Jacquinot conserve la tête du classement général. Brest-Les Sables d'Olonne
(412 km) est le théâtre de la 4ème étape. Joseph se classe 49ème à 4h05'04"
du vainqueur Philippe Thys qui franchissait la ligne après 15h16'24" de
selle. Eugène Christophe prend la tête du classement général. Jean Alavoine
s'adjuge la 5ème étape, Les Sables d'Olonne-Bayonne, 482 km en 19h27'45",
moyenne 24.765 km/h, la 6ème étape Bayonne-Luchon, 326 km après avoir franchi
en tête l'Aubisque, l'Aspin et Peyresourde, en 14h28'44", moyenne 22.515
km/h et la 7ème étape Luchon-Perpignan, 323 km en 12h05'43", moyenne
26.704 km/h. A Perpignan, il détrône Eugène Christophe de la tête du classement
général. Joseph se classe 23ème de la 5ème étape à 27'50", 7ème
de la sixième étape à 48'53" et 26ème de la septième étape à 1h54'27".
Philippe Thys remporte la 8ème étape, Perpignan-Toulon, 411 km en 15h47'18",
soit une moyenne de 26.051 km/h. Joseph franchit la ligne en 22ème position
avec un retard de 49'22". Philippe Thys enlève, à nouveau, la victoire
en 11h40'12" au terme de la 9ème étape, Toulon-Nice 281 km (moyenne :
24.078 km/h. Joseph termine l'étape avec Félix Sellier en 10ème position
à 20'48". Quatrième victoire d'étape de Philippe Thys à Briançon après
12h50'07" de selle, à l'issue de la dixième étape Nice-Briançon 274
km, moyenne 21.347 km/h. Joseph prend la 20ème place à 1h06'25" du vainqueur.
Emile Masson enlève la 11ème étape, Briançon-Genève 260 km, en 10h49'14"
(moyenne 24.028 km/h) après avoir franchi en tête le Galibier, le Télégraphe
et l'Aravis. 22ème est la place de Joseph à Genève à 1h23'33" d'Emile
Masson. La 12ème étape, Genève-Strasbourg 371 km, est remportée à nouveau
par Emile Masson en 15h15'45", moyenne 24.308 km/h. Joseph termine à la
19ème place avec un retard de 1h16'09". Jean Alavoine qui occupait la
tête du classement général depuis Perpignan se voit détrôner par le Belge
Hector Heusghem. Firmin Lambot occupe la 2ème place à 3'13". Lors de
la 13ème étape, Strasbourg-Metz 300 km, le leader du classement général
se voit pénalisé d'une heure pour avoir changé de vélo après une chute.
La victoire d'étape revient à l'Italien Federico Gay en 12h02'34", moyenne
24.911 km/h. Joseph termine en 15ème position à 3'11" de l'Italien. Le
Florennois, Firmin Lambot s'empare de la tête du classement général. Un autre
Belge, le Namurois Félix Sellier enlève à Dunkerque, la 14ème étape, qui
a couvert les 432 km en 17h07'09", moyenne 25.234 km/h. Joseph termine
dans un groupe à la 21ème place, derrière Léon Despontin, autre Namurois,
à 55'38" de Félix Sellier. Firmin Lambot occupe la tête du classement
général. La dernière étape, Dunkerque-Paris 325 km, est enlevée par Philippe
Thys en 14h36'57", moyenne 22.236 km/h. Joseph prend la 17ème place à
4'17" du Belge. Firmin Lambot remporte sa deuxième victoire finale, à
l'âge de 36 ans. Il reste à ce jour le vainqueur le plus âgé de la Grande
Boucle.
A son retour au pays, Joseph est accueilli, à la gare de Moustier, en héros,
par les habitants. Ceux-ci s'étaient cotisés pour lui offrir une chambre à
coucher en chêne, en guise de récompense pour sa brillante prestation sur
la Grande Boucle. Il n'avait pas trompé les espoirs de ses amis et partisans.
Son petit-fils, José, nous a confié qu'il avait eu l'occasion, durant son
enfance, de dormir, à maintes reprises, dans le lit en chêne qui avait été
offert à son grand-père. Son papa, Albert, n'avait de cesse de lui rappeler
alors les exploits de son grand-père.
En 1923, il prend à nouveau part au Tour de France. Inscrit dans la catégorie
des coureurs de deuxième classe, il abandonne lors de la 6ème étape, Bayonne-Luchon
326 km. C'est dans la catégorie des touristes-routiers qu'il prend, en 1925,
le départ de la Grande Boucle à Paris. Il est contraint à l'abandon lors
de la 4ème étape, Brest-Vannes (208 km). Joseph réussit aussi à se distinguer,
à plusieurs reprises, au Tour de Belgique.
Son petit-fils a souvenir que lors d'une épreuve, son grand-père, Joseph,
était assailli par une faim tenace. Celui-ci décida de faire une halte dans
une ferme. Il se rassasia en mangeant 25 œufs cuits durs que lui avait offert
la fermière. De sa carrière sportive, on retiendra que Joseph était considéré
comme un coureur de classe, bon sprinter.
Après sa carrière particulièrement glorieuse, Joseph tint un café et exerça
le métier d'ouvrier-bûcheron. Il travaillait avec deux chevaux qui l'aidaient
dans son métier. Joseph ne se fit pas seulement remarquer par sa réputation
sportive, il fut aussi un homme droit, un camarade excellent, un ouvrier probe
et consciencieux. Toutes les personnes qui le connurent ou qui eurent le bonheur
d'entrer en contact avec lui sont unanimes pour reconnaître sa bonté et sa
droiture. Jamais, il ne refusait de prêter son aide à un camarade malheureux,
même si ce service exigeait de lui un dur effort. Joseph ne comptait que des
amis.
Avant de rendre le dernier soupir, il confia à son cher fils Albert, à l'époque
l'espoir indépendant bien connu, un suprême désir. Il lui recommanda, ou
plutôt le supplia, de rester toujours fidèle au devoir de persévérer dans
la vie du sport cycliste et d'y cueillir de nombreux lauriers afin de conserver
l'état particulier attaché à son nom.
Joseph s'éteignit dans la force de l'âge à 43 ans, le 18 janvier 1935 à
Moustier-sur-Sambre. La vie de Joseph peut se résumer de la façon suivante
: honnêteté, sport et activité.
En 1936, sur le vélodrome de Moustier, son fils Albert, comme promis à son
père, s'illustra à de nombreuses reprises. Le vélodrome fût le théâtre
également d'arrivées du Tour de Belgique.
Michel Noël avec l'aide du petit-fils de Joseph Marchand, José, qui habite
Moustier-sur-Sambre
1920 Champion de Belgique des indépendants
1922
3ème du Circuit de la Meuse 7ème de Paris-Bruxelles
8ème de Liège-Bastogne-Liège
9ème du Topur de Belgique 9ème du Championnat de Belgique
23ème du Tour de France
- 7ème de la 6ème étape
- 10ème de la 9ème étape 40ème de Paris-Roubaix
1923
11ème de Paris-Bruxelles 70ème de Paris-Roubaix
Abandon au Tour de France (6ème étape)
1925
10ème du Tour de Belgique
Abandon au Tour de France (4ème étape)
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