Alfred MOTTARD
né le 11 août 1892 à Jemelle
décédé le 24 janvier 1945
en déportation à Dora Nord Haussen (Allemagne)
Alfred voit le jour le 11 août 1892 à Jemelle. Il est le 4ème enfant et
4ème fils d'Emile Mottard, machiniste au chemin de fer et de Maria Gillet.
La famille s'agrandira encore, Alfred aura quatre sœurs et un autre frère.
Durant sa jeunesse, Alfred s'adonne au sport cycliste et il n'hésite pas avec
l'un de ses frères à s'entraîner sur le vélodrome de Waha-Hollogne situé
non loin de Marche-en-Famenne.
Le 26 août 1918, Alfred décide d'unir sa vie à Yvonne Rossius. Ils auront
deux enfants, un fils René et une fille Gisèle.
Le 27 juin 1920, inscrit dans la catégorie des coureurs de deuxième classe,
Alfred prend part à la 14ème édition du Tour de France. Il porte le dossard
197. Il va côtoyer, notamment, Firmin Lambot, Léon Scieur, Philippe Thys,
Emile Masson, Félix et Fernand Sellier, les frères Pélissier, Eugène Christophe.
Ils sont 113 à prendre le départ à Paris pour couvrir 5503 kilomètres en
15 étapes. Lors de la 1ère étape, Paris-Le Havre (388 km) Alfred est victime
d'une chute. Il se casse le bras et est donc contraint à l'abandon. Ici, laissons
sa fille, Gisèle, nous narrer la suite de la carrière de son père : "Je
me rappelle avoir été le voir courir lors de courses de village, notamment
à Wellin où il reçut un prix et à Jemelle où il fut victime d'une chute.
Le parcours de ces courses traversait trois, quatre villages avoisinants. Lors
d'une de ces courses, une anecdote croustillante circulait à son sujet : "Fred
en a une... bourrique !". En fait, lors de cette course, pour aller
plus vite, il pédalait tête baissée et était entré dans une charrette conduite
par une bourrique. Cette anecdote est restée dans ma mémoire d'enfance.
A Jemelle, il avait installé un petit magasin de vélos. Il était fournit
par les frères Vervaecke. Il exerçait également le métier de soudeur. C'est
ainsi qu'il a travaillé à la toiture de la gare de Ciney. Ses activités ne
l'empêchaient pas de s'entraîner. Il savait consacrer une journée pour s'entraîner.
Il effectuait Jemelle-Luxembourg-Jemelle. C'était un vrai sportif, ne fumait
pas, ne buvait pas d'alcool. J'avais chez moi un fauteuil Voltaire et un cadre
de plus ou moins un mètre (mon père avec son vélo) qui lui avaient été
offerts par la commune de Jemelle, pour avoir remporté une ou deux étapes
du Tour de Belgique. Hélas, un incendie ravagea tous mes souvenirs alors que
j'étais partie au Congo. Dans les années trente, il travaillait à la coopérative
qui disposait d'une boulangerie. Il faisait les tournées des villages pour
distribuer les pains avec une charrette et un cheval. Il était aimé de tout
le monde. C'était un sage. Il m'a donné beaucoup de bons conseils : "Ne
fais jamais aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse" ou
"il faut parfois savoir s'abaisser où l'on ne sait pas se lever"
ou encore "ne crache jamais dans la figure de quelqu'un, si le vent
tourne, tu le reçois dans la tienne". Fin des années 30 jusqu'au début
de la deuxième guerre mondiale, il faisait le taxi devant la gare de Jemelle.
Hélas, les Allemands l'ont ramassé avec mon mari, entre Noël et le Nouvel
An 1942. Ils sont allés dans les prisons de Dinant, de Namur, de Charleroi
puis ont été transférés à Breendonk. Ils y sont restés quatorze mois.
Ensuite, ils furent emmenés à Buchenwald où ils souffrirent du froid et où
mon papa décéda. Quant à mon mari, il est revenu après trente mois de captivité
pour mourir à 36 ans".
Michel Noël avec l'aide de Gisèle Mottard, la fille d'Alfred.
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