Victor "Louis" PETITJEAN
né le 2 novembre 1880 à Dailly
décédé le 4 mars 1962 à Rocroi
Luc PETITJEAN
né le 14 novembre 1883 à Dailly
décédé le 11 février 1967 à Gonrieux
Ce
qu'il reste du maillot de laine que Victor "Louis"
PETITJEAN portait en 1912. (Photo prise à l'Exposition
de Namur en juin 2004.)
C'est le 2 novembre 1880 que voit le jour Victor, dit Louis Petitjean à
Dailly. Il est le 6ème enfant de parents ouvriers agricoles. Quant à Luc,
le 8ème enfant, c'est également à Dailly qu'il voit le jour, trois ans plus
tard, le 14 novembre 1883. La famille va compter 9 enfants : 6 garçons et 3
filles. Après une enfance durant laquelle Louis et Luc apprennent à travailler
durement la terre et le bois, la famille s'installe à la "ferme Lamy"
à Rocroi. Un jour, le grand frère Joseph fait l'acquisition d'une bicyclette
de course pour meubler ses loisirs. Il convient de mentionner que cette acquisition
constitue un luxe pour l'époque. Les cadets, Louis et Luc, ne peuvent que contempler
l'engin brillant de son fort acier. Ils le toisent de long en large avec convoitise.
Ils le palpent, empoignent son guidon surbaissé en rêvant à d'impossibles
challenges, auréolés de poussière et de gloire. Quand le frangin est absent,
Louis et Luc enfourchent le vélo pour un petit bout d'essai, malgré l'interdiction.
On se lève tôt chez les Petitjean et il n'est pas rare de voir, dès trois
ou quatre heures du matin, toute la famille courageuse équipée, faucher des
hectares de prés. Les frères grandissent et travaillent donc dur jusqu'au
jour où quelques économies glanées à la sueur de leur front leur permettent
d'acheter, chacun, un clinquante et robuste "bécane". Pendant les
heures de détente, Joseph, Louis et Luc se tendent sur les pédales, caracolent
par monts et par vaux, et s'affrontent sur des circuits imaginés, signe avant-coureur,
si l'on ose dire, des coureurs qu'ils deviendront. Des talents de pédaleurs
naissent en ces trois solides garçons.
Leur engouement pour la "Petite Reine" et leurs aptitudes sportives
les amènent tout naturellement à fréquenter les milieux locaux réunissant
les adeptes d'un sport naissant : le cyclisme. C'est ainsi qu'à Beauraing,
lors d'une course de kermesse sur un circuit fermé, les trois frères s'entendent
à merveille et attaquent à tour de rôle, ce qui permet à Louis de remporter
la victoire devant Louis Mottiat, Cyrille Van Hauwaert et ses deux frères,
Luc et Joseph. En ces premières années du siècle, les responsables des festivités
villageoises organisent souvent des compétitions cyclistes. Nos trois routiers
ne manquent jamais de s'y inscrire et épinglent régulièrement de confortables
accessits au palmarès des arrivées. Il est important de mentionner que les
bicyclettes utilisées à l'époque présentaient une fiche technique pour le
moins inattendue et inconcevable de nos jours. Le seul pignon de la roue arrière
mû par la chaîne était fin, c'est à dire qu'il était solidaire du moyeu.
Il était donc inutile d'espérer une trêve passagère dans les descentes.
Il fallait même retenir les pédales au risque de les perdre pour éviter un
emballement peu souhaitable, mais aussi pour suppléer à une carence de freinage
due à un mécanisme peu efficace. Si d'aventure, le coureur oubliait de pédaler,
de violents coups de manivelle dans les mollets lui rappelaient ses obligations.
Vers 1909, Joseph, Louis et Luc sont admis dans une société cycliste régionale
: "La Pédale Carolopolitaine" établie au chef-lieu des Ardennes
françaises : Charleville. Ce sera le début de compétitions de meilleure classe
sur des circuits peu évolués où leur bonne fortune ira grandissante. Lors
d'une de ces compétitions commentées par un journal de l'époque, Louis s'y
classe deuxième et son frère Luc, cinquième. Le journal local soulignera
déjà les performances de Louis par ces commentaires : "Petitjean mène
toujours de régularité, de puissance, de souplesse. Rien dans son allure ne
décèle un effort ou la gêne. Ses jambes sont des bielles incassables au service
d'une volonté de fer". Au fil des saisons, Louis sera celui qui se
distinguera le mieux puisqu'il remportera trois fois le Championnat des Ardennes.
En 1910, "l'Union Vélocipède de France" lui délivre un diplôme
de choix : "Brevet décerné à Monsieur Louis Petitjean qui a couru
le 24 avril 1910, 50 kilomètres en 1h37'02", sur le parcours Charleville-Rocroi
et retour".
En 1911, les trois frères, debout sur leurs pédales ou en selle, chargeant
tête baissée, récoltent invariablement la récompense de leurs efforts sur
les parcours tant français que belges. Louis sera toujours à la tête du trio
grâce à une forme physique et une technique de combat sans cesse améliorées.
En 1912, les inséparables participent au Tour de Belgique. C'est ainsi que
lors d'une étape jugée à Couvin, les tables de réception sont dressées,
non pas pour les cyclistes mais pour les autorités. Les coureurs peuvent se
rafraîchir dans des cuvettes mises à leur disposition. Pour ce qui concerne
la nourriture, les coureurs doivent se débrouiller. Voici Luc et Louis qui
franchissent la ligne d'arrivée. Comme les autres, ils se rafraîchissent.
Un peu plus fraudeur que d'autres, Louis en plongeant la tête dans l'eau feint
à l'aveuglement. Un attroupement se forme autour de notre malheureux et son
frère Luc profite de l'inattention pour remplir sa musette de gâteaux, biscuits...
C'est là un souper facile et peu coûteux. Luc et Louis veulent gagner leur
vie en pédalant alors que leur aîné, Joseph, poursuit ses ravages chez les
indépendants puisqu'il glanera plus de 50 victoires durant sa carrière. L'ambition
de Luc et Louis n'avait d'égal que leur pugnace volonté. Leur trempe de fonceur
va les induire, en 1912, à s'inscrire dans cette infernale mais prestigieuse
compétition que représente le Tour de France. "Citius, Altius, Fortius"
(Plus vite, plus haut, plus fort) disait Pierre de Coubertin. Nos deux compères
s'engagent en qualité "d'isolé". En d'autres termes, à l'inverse
des concurrents rassemblés en diverses équipes, Louis et Luc affrontent en
solo le redoutable itinéraire de la Grande Boucle. Les risques sont énormes
: aucune aide associative ne pourra leur être accordée puisqu'ils seront livrés
à eux-mêmes. En cas de blessures provoquées par des chutes ou autres accros,
ils devront se soigner avec les moyens du bord ou, à défaut, recourir à la
bonne obligeance des riverains du Tour. Quant aux crevaisons, la trousse contenant
pinces, clés, colle et rustines devra être employée pour réparation en bordure
de route. Si une avarie plus sérieuse rendait la monture momentanément inutilisable,
ils devront partir à la recherche du forgeron le plus proche. L'artisan ressoudera
cadre ou fourche, procurera boulons, écrous et autres rondelles, si besoin
s'en fait ressentir et le concurrent redémarrera, chaîne tendue et dents serrées
vers une inaccessible victoire d'étape. En tant qu'isolés, Luc et Louis devront
penser aussi à garnir leurs musettes de nourriture et surtout veiller à remplir
leurs gourdes, ce qui nécessitera des arrêts dans les épiceries proches de
l'itinéraire. A ce sujet, Louis se souviendra d'un concurrent, vainqueur de
plusieurs Tours de France, intégré dans une équipe, qui n'hésitait pas à
jeter le surplus de nourriture dans les contrebas inaccessibles, dans les pièces
d'eau ou par dessus les murs d'enceinte côtoyant la route et ce, pour qu'aucun
isolé ne puisse en profiter. Le soir après la course, les isolés, harassés
par des longues heures de selle, devront aussi, encore, rechercher le gîte
pour la nuit et se l'assurer en déliant les cordons de leur bourse dans l'un
ou l'autre hôtel de la ville étape.
En 1912, cent nonante-huit partants s'accostent sur la ligne du départ du Tour.
Plus deux : Louis et Luc, inscrits dans la catégorie des isolés. Ils sont
donc deux cents à bobiner les premiers kilomètres de leur interminable et
poussiéreuse odyssée sur les routes de France et de Navarre. Pour nos deux
lascars, les premières étapes se succèdent sans incidents significatifs.
Ils se maintiennent en relative bonne position jusqu'au moment où se profile
dans le lointain l'inquiétante et agressive silhouette du col du Galibier.
Lors de la 5ème étape, Chamonix-Grenoble (366 km), au cours de la scabreuse
ascension du Galibier, l'une des roues du vélo de Luc décide brusquement de
se séparer de quelques uns de ses rayons. Panne grave et irrémédiable. Comme
à l'époque, les voitures "suiveuses" ne pouvaient être qu'imaginaires,
Luc est contraint à la reddition sans conditions. Déçu et quinaud, il réintègre
Gonrieux par le train. La bicyclette ou ce qu'il en reste est en consigne dans
le fourgon des messageries. Suite à cette fatale mésaventure, Louis est donc
astreint à gérer son "Tour" en cavalier seul. Il n'est guère plus
chanceux que son infortuné frangin... peut-être encore moins. Au cours de
la 15ème et dernière étape Le Havre-Parc des Princes (317 km), celle qui
ramène les 30 survivants des hostilités à Paris, il s'offre à 80 km du terminus,
un magistral billet de parterre qui s'avère plus funeste pour la machine que
pour son utilisateur. Courageux, doté d'une volonté de fer, Louis fonce chez
le premier forgeron et perd un temps fou pour réparer sa monture. Il veut absolument
atteindre la ligne d'arrivée au Parc des Princes. Hélas, dix kilomètres plus
loin, un chien errant se jette sur lui et c'est à nouveau la chute. Cette fois
le vélo est définitivement cassé. La mort dans l'âme, Louis doit se résoudre
à abandonner. C'est en larmes que Louis reprend le train pour Rocroi.
En 1913, Louis ne s'avouant pas vaincu, est à nouveau au départ du Tour de
France toujours dans la catégorie des coureurs "isolés". Equipé
d'un vélo de marque "CLÉMENT", Louis est décidé à prendre sa
revanche sur le destin. Quant à Luc, manifestant sans doute une ténébreuse
rancune à l'égard du Galibier, il n'y pose plus sa candidature. 180 coureurs
se présentent à Paris pour couvrir 5387 km répartis sur 15 étapes. Fort
de sa première expérience, Louis sait éviter les écueils de la route et
mieux aborder ses profils. Il sait aussi surveiller les allures, prévoir l'imminence
des échappées adverses lui permettant d'accompagner au mieux les gros mollets
du moment tels que François Faber (vainqueur du Tour en 1909), Gustave Garrigou
(vainqueur du Tour en 1911), Philippe Thys (qui remportera le Tour en 1914)
et autres Lucien Buysse. Toutefois, il faut qu'il subisse un nouveau coup du
sort lors de la 8ème étape, Perpignan-Aix en Provence. Au cours de cette étape,
un groupe de coureurs parvient à s'isoler en tête, dans lequel se trouve Louis.
Lors du sprint final, Louis devançant Garrigou de quelques tours de roues perçoit,
à travers la poussière de la route, des banderoles multicolores enjambant
la chaussée, celles de l'arrivée pense-t-il. Il les dépasse en trombe, puis
cessant tout effort, il relève le torse, persuadé de son triomphe. A ce moment
précis, Garrigou le surpasse à vive allure pour aller couper la ligne d'arrivée
centre mètres plus loin... Qu'est-ce donc que cette diablerie ? Tout simplement
que l'arcade sous laquelle était passé Louis n'était pas celle de l'arrivée
mais une semblable qui était dressée là, en amont du poteau officiel, sans
doute pour annoncer la fin de l'étape ou agrémenter le paysage. Dans une interview
accordée à un journal sportif du moment, Garrigou reconnaissant et appréciant
à leur juste valeur les qualités de Louis s'exprimait ainsi : "L'étape
Perpignan-Aix en Provence se disputa dans la poussière, une poussière comme
on en voit dans le Midi. Pendant toute la traversée de la Crau, Faber se sauvait
à toutes pédales et je réussissais à m'échapper avec un isolé de grande
valeur, Petitjean, pour me lancer à la poursuite de mon camarade. Nous fournissions
de violents efforts afin de réussir et non seulement je rattrapai Faber, mais
je le dépassai toujours avec le courageux Petitjean que je battis au sprint".
En cette année de grâce 1913, notre champion connaît la gloire et l'honneur
de franchir le sacro-saint portique du Parc des Princes à Paris. Récompense
mille fois méritée pour un courage et une pugnacité exemplaires. On le retrouve
à une honorable 16ème place au classement général sur 25 arrivants, isolés
compris, mais deuxième de ces derniers sur onze qu'ils étaient au départ
de Paris. Dans un journal de l'époque, on y relève : "Une mention
toute spéciale à l'isolé Louis Petitjean, champion dans le Tour 1913.
Vous savez ce que Petitjean a fait avec sa bicyclette "CLÉMENT" :
il a terminé deuxième de l'étape Perpignan-Aix et il a terminé 8ème et
1er dansla catégorie des isolés de la 13ème étape Belfort-Longwy (325 km)
battant bon nombre de groupes..." C'est ainsi que la maison des cycles
"CLÉMENT" qui l'équipe, lui décerne la Médaille d'or de la firme.
Ultime Tour de France en 1914 pour Louis. 5404 km en 15 étapes sont au menu
des 145 coureurs dont septante-six "isolés". Equipé par les cycles
"DELAGE", il reste le combattant solitaire tout au long de l'épreuve.
Il résoud au mieux ses ennuis mécaniques. Au cours de ce Tour de France 1914,
la plus longue étape que Louis ait courue comptabilisait 470 km. Le départ
fut donné à minuit de Brest et les premiers franchissaient la ligne d'arrivée
à La Rochelle après 16 heures de selle tandis que le dernier apparaissait
le lendemain aux petites heures, soit plus de 24 heures après le coup d'envoi
! Ce jour là, Louis termine l'étape dans un petit groupe, en 38ème position
à 57'50" du vainqueur, Oscar Egg. Le 26 juillet, Louis franchit la dernière
borne de son dernier Tour de France à Paris. Au classement final remporté
par Philippe Thys, Louis apparaît en 26ème position sur les 55 rescapés.
La première Guerre Mondiale devait interrompre une carrière sportive qui s'annonçait
sous les meilleurs auspices. Peut-être aurait-elle été éphémère puisque
le calendrier de cette année 1914 annonçait déjà les 34 ans de notre champion
Louis, et la Grande Boucle ne se rebouclera qu'en 1919.
Quoiqu'il en soit, le bilan sportif de Louis clôturant trois mémorables années
de compétitions, s'inscrivit dans un méritoire accessit. On peut affirmer
sans conteste que Louis était ce battant cousu dans la même étoffe que celle
qui drape les "Grandes Tailles" de la route, car s'il essuya des revers
imparables, il sut par contre ajuster quelques bons coups droits dans le camp
adverse. D'autre part, il ne faut pas oublier que les favoris étaient toujours
bien escortés au sein de leur équipe. Selon l'expression consacrée, ils avaient
leurs "domestiques" qui leur servaient de fer de lance permettant
ainsi de les maintenir à un rythme propice tout en ménageant leurs ressources
physiques. La presse sportive de ces temps héroïques avait d'ailleurs souligné
à plusieurs reprises les performances de ce redoutable ardennais. Dans le magazine
"L'AUTO" de l'année 1914 on pouvait lire : "Petitjean, surtout,
s'est particulièrement distingué. C'est le véritable type du coureur loyal,
scrupuleux autant qu'un coureur peut l'être. Pas un seul des isolés ne l'a
été autant que lui. Sans soins d'aucune sorte, sans personne sur la route
ni à l'étape, obligé de se débrouiller tout seul avec des moyens restreints,
il s'est tiré à son honneur, cent fois de situations ou bien d'autres auraient
renoncé ! Presque toujours le dernier lâché de sa catégorie, il lui aura
bien souvent fallu se contenter en pleine course des victuailles ou de la boisson
qu'abandonnaient les cracks. Son courage et son endurance sont incroyables.
Ils n'ont d'égale que sa ferme volonté d'arriver un jour, lui aussi, aux premiers
rôles. C'est un vaillant, sympathique à tous et dont on verra avec plaisir,
en quelque grande course prochaine, les vœux comblés par un triomphe".
Mais le mauvais sort devait le poursuivre jusqu'à l'épilogue de sa vie de
sportif. La guerre 14-18 venait d'éclater. Louis partit au plus vite à Paris,
à vélo bien entendu, pour aller quérir le prix auquel il avait eu droit lors
de son dernier Tour de France. En cours de route, il fut interpellé par une
patrouille française. Sans doute que la raison du déplacement de Louis parut
suspecte et peu crédible aux yeux des militaires car ceux-ci le gardèrent
à vue pendant quelque temps, le considérant comme un éventuel agent secret
au service de l'ennemi. Tout laisse à supposer que la preuve du contraire aura
été rapidement établie mais il fut sommé de faire demi-tour ! Ce fâcheux
contretemps l'empêcha d'encaisser son dû cette année-là et ce ne sera qu'après
les hostilités qu'il en sera crédité.
Après la guerre, sans doute que la nostalgie de leurs exploits cyclistes de
jadis les incitaient et que de surcroît une parfaite connaissance technique
des mécaniques qu'ils avaient si souvent utilisées les avaient amplement motivés,
toujours est-il que Louis et Joseph installèrent à Gonrieux un atelier de
réparation de vélos et s'occupèrent peut être aussi de leur vente. Quant
à Luc, il s'initiera à cet artisanat presque incontournable à l'époque :
celui de sabotier. Il comptera d'ailleurs après 1930 parmi le personnel de
la saboterie mécanique "La Persévérance" à Presgaux. Seul Louis
interrompit sa carrière de vieux garçon. En 1926, à l'âge de 46 ans, il
unira sa destinée à celle d'une Rocroyenne, originaire de Cul-des-Sarts. Le
couple s'installera de manière définitive à Rocroi au lieu-dit "La Croix
de Fer". Et pour ne pas faillir à la tradition, Louis réaménagera un
atelier de réparation de cycles qui l'occupera jusqu'à l'âge de la retraite.
Dès ce moment, il coulera des jours paisibles entre le jardinage et les promenades,
à vélo s'entend, pendant la bonne saison et les travaux de vannerie, l'hiver.
Assis au coin du feu, il confectionnera de solides paniers en osier et des mannes
de toutes formes. Et, en ces heures d'auguste quiétude, les souvenirs de son
passé sportif qui fut si riche ressurgiront, laissant apparaître des images
tour à tour auréolées de triomphe ou ternies de déceptions amères. Il reverra
en pensée les figures des grands champions qu'il avait souvent côtoyés. A
André Bethune, journaliste à "L'ARDENNAIS" qui lui demandait quels
étaient ses meilleurs camarades de course, il confiait : "Les meilleurs
camarades : le "malchanceux" Eugène Christophe, la "locomotive"
Faber, "le frisé" Lapize et "les mollets de coq" Henri
Pélissier". De ses années héroïques, il gardait un souvenir ému
de ses exploits. Il n'exprimait jamais le regret de n'avoir pu accéder aux
honneurs du podium qu'une seule fois au Tour de France et n'éprouvait en aucune
manière un quelconque sentiment de frustration. D'une grande sérénité d'âme,
il estimait que sa carrière n'avait rien de fascinant, qu'il avait simplement
accompli sa mission au même titre que ses rivaux et en y partageant les mêmes
risques.
Au soir de sa vie, en 1955, un dernier coup du sort vint assombrir ses jours
tranquilles. Une perfide insolation faciale le rendit à moitié aveugle, mais
il acceptera cette dernière épreuve avec la même philosophie sereine qui
fut toujours la sienne. Louis s'est éteint cinq ans plus tard au printemps
de 1960. Il avait 80 ans. Luc rejoignait son frère au paradis des champions
en 1967 à l'âge de 74 ans.
Michel Noël avec l'aide de Bernard Cuvelier.
Victor "Louis" PETITJEAN
1908 - amateur
24ème de Liège-Bastogne-Liège
1911
16ème du Tour de Belgique
1912
9ème de Liège-Bastogne-Liège
Abandon au Tour de France (15ème étape)
1913
2ème du Championnat de Belgique
16ème du Tour de France
- 2ème de la 8ème étape
- 8ème de la 13ème étape
1914
8ème du Championnat de Belgique
12ème du Tour de Belgique
18ème de Paris-Nancy
26ème du Tour de France
1921
18ème de Paris-Brest-Paris
1922
29ème de Paris-Bourganeuf
Luc PETITJEAN
1910
23ème de Paris-Menin
1911
13ème du Tour de Belgique
14ème de Paris-Menin
1912
9ème du Championnat de Belgique
14ème du Tour de Belgique
- 8ème de la 6ème étape
Abandon au Tour de France (5ème étape)
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