Théodore PIRMEZ
né le 13 juin 1915 à Scry-Mettet
décédé le 9 avril 1990 à Liberchies (Pont-à-Celles)
Théodore Pirmez voit le jour le 13 juin 1915 à Scry, petit hameau à proximité
de Mettet. Il est le deuxième des sept enfants d'une famille de petits cultivateurs.
Dès l'âge de 13-14 ans, Théo est intéressé par le cyclisme. Il est motivé
par le fait qu'à l'époque il y a de nombreux coureurs dans les communes environnantes
où se déroulent d'innombrables épreuves. après une brillante évolution
dans les catégories de jeunes, Théo est "testé" à la fin de l'année
1937 dans l'équipe HELYETT sur le Tour du Nord.
L'année 1938 sera celle où Théo aura le plus de vicroires. Il se classe très
méritoirement à la 5ème place du Tour de Belgique. Pour sa première année
en tant que professionnel, il gagne la 20ème édition du Circuit de Paris,
organisé par "L'Intransigeant", en battant au sprint d'un quart de
roue, un autre Belge, Louis Hardiquest. Le 26 mai 1938, le journaliste Français,
Raymond Huttier, titrait : "Le Belge Pirmez, encore un nom nouveau,
est un beau vainqueur du Circuit de Paris..." Voici son article : "Le
Wallon Théodore Pirmez, âgé de 23 ans et professionnel depuis un an seulement,
est indiscutablement un jeune d'avenir et la façon dont il a remporté le 20ème
Circuit de Paris indique qu'il possède bien les qualités athlétiques du vrai
champion. Grand, solide, bien enveloppé,avec une bonne figure toute ronde,
des cuisses massives et des bras musculeux, ce robuste fils de cultivateur,
qui a un peu la silhouette de son compatriote Edgard De Caluwé, s'est montré
excellent rouleur, a fait deux retours très impressionnants, a escaladé le
Coeur-Volant avec le sourire et, sur la piste du Parc des Princes s'est révélé
redoutable sprinter en battant Hardiquest, qui a pourtant la réputation d'être
fort rapide. Son directeur sportif, André Trialoux, qui, depuis plusieurs mois,
ne tarissait pas d'éloges à son égard, avait bien placé sa confiance, comme
on le voit. Du reste, le doux Pirmez, qui est d'une modestie et d'une amabilité
très agréables, s'était déjà signalé cette année sur Paris-Nice, sur
Paris-Bruxelles et, la semaine dernière, sur le Tour de Belgique. On peut donc
penser que la victoire du jeune Pirmez dans le Cicuit de Paris n'est pas le
fait d'un heureux hasard et qu'il saura, dans l'avenir, confirmer son succès
de jeudi."
A son retour au pays, il est reçu par les autorités communales de Mettet,
là où habitent Théo et sa famille. Remémorons-nous l'évènement : "A
l'arrivée du train de 7h30 en gare de Mettet, Théo est accueilli aux accents
d'une Brabançonne exécutée par la Fanfare Royale Sainte-Cécile qui, sous
la direction de Monsieur Vincent Lorent, a voulu saluer dignement notre concitoyen.
Des fleurs sont remises à Théo Pirmez et Monsieur Léon Colin, au nom du Comité
organisateur, lui souhaite la bienvenue. Des acclamations retentissent et le
cortège se forme. On remarque le drapeau des trois sociétés sportives, c'est
à dire : le Royal Wallonia Sporting Club, le Royal Cercle Gymnastique et l'Union
Motor de Sambre et Meuse. théo Pirmez prend place entre son frère, Monsieur
Paulin Pirmez, de son grand-père, Monsieur Philippe et de sa famille. Puis,
suivi d'une foule énorme, notre champion descend vers la Grand Place au son
d'une marche entraînante. aux applaudissements de la foule, il prend place
sur le kiosque où l'attend Monsieur De Pierpont, le Bourgmestre, entouré de
son Conseil Communal et de la Population".
Quelques jours plus tard, Théo confirme sa victoire dans la Circuit de Paris
en s'adjugeant Paris-Saint Etienne couru en deux étapes. Dans la première
étape qui arrive à Nevers, il est battu au sprint par Karel Kaers. Raymond
Huttier, le 1er et le 2 juin 1938, titrait : "Le Belge Pirmez, vainqueur
de Paris-Saint Etienne, est bel et bien un champion". Il poursuit :
"Henri Pélissier avait coutûme de dire : "Pour moi, le seul champion,
c'est celui qui se renouvelle." Il aurait été heureux cette année d'accorder
le titre de champion à Théodore Pirmez, puisque le jeune Belge de Wallonie,
six jours après avoir enlevé le rapide Circuit de Paris, a remporté le difficle
Paris-Saint Etienne en deux étapes. Dans l'une et l'autre épreuve, Pirmez
a été magnifique d'aisance, de fraîcheur, de résistance, de santé, et j'imagine
que les dirigeants de la Ligue Vélocipédique Belge, qui n'ont pas jugé bon
de le sélectionner dans le Tour de France, doivent se sentir en ce moment quelque
peu gênés. Il est bien certain que Pirmez, qui manque un peu de panache, car
c'est un garçon extrèmement timide, possède les qualités naturelles et en
fait le meilleur produit de la nouvelle génération belge. On peut prédire
le plus grand avenir à ce coureur aimable, énergique, intelligent, que Jean
Aerts lui-même, comme il le disait à Nevers, considère comme le meilleur
Belge du moment. Il est vraiment dommage, répétons le, que Pirmez n'ait pas
été retenu pour le Tour de France, mais on peut penser que la décision des
dirigeants belges n'est pas définitive et qu'à la suite de son succès dans
Paris-Saint Etienne, le jeune Wallon, désigné comme simple remplaçant, pourra
prendre la place d'un Walschot trop fragile ou trop personnel, ou la place d'un
Lauwers, dont la condition actuelle est, parait-il assez précaire".
A côté de ses victoires, il gagne encore à Gembloux et à Cambrai. Au vu
de ses brillants résultats, Théo est sélectionné dans l'équipe nationale
pour le Tour de France et personne n'est surpris. Le contraire aurait été
regrettable. Au départ du Tour de France, il porte le dossard n° 10. Il a
pour équipiers, Sylvère Maes, Albertin Disseaux, les deux chefs de file, Marcel
Kint, Félicien Vervaecke, Eloi Meulenberg, Emile Masson junior, Jules Lowie,
Edouard Vissers, François Neuville, René Walschot et Constant Lauwers. Des
nouveautés sont instaurées lors de cette 32ème édition du la Grand Boucle,
notamment la diminution des bonifications : 1'00" au vainqueur, 1'00"
au sommet des cols. Les bonifications sont égales à l'avance acquise avec
un maximum de 1'15".
L'Allemand Willy Oberbeck remporte la victoire de la 1ère étape, Paris-Caen
(215 km en 6h38'25"). Lors de cette étape, à 35 km de Caen, où la bataille
décisive était lancée, Théo creva. Personne ne l'attendit. Il dut réparer
sans aide et entamer son effort solitaire contre un terrible vent de face. En
pleine "chasse", Théo dut encore stopper par la faute d'un papillon
de roue brisé et c'est cette malchance qui explique l'étendue de son retard.
Théo coupe la ligne d'arrivée à la 9ème place à 22'13" du vainqueur.
La deuxième étape relie Caen à Saint-Briuec sur 237 km. Le Luxembourgeois
Jean Majerus enlève l'étape en 7h01'07". Théo termine à la 83ème place
dans un groupe d'attardés, après avoir subi de nouveau une crevaison, à 19'27"
du Luxembourgeois, lequel endosse la Maillot Jaune de leader du classement général.
La troisième étape, Saint Brieuc-Nantes est remportée par le Néerlandais
Gerrit Schulte en 7h39'01". Théo termine avec le peloton à la 10ème
place à 9" du vainqueur. Le classement général ne subit pas de changements.
La quatrième étape comporte une étape en ligne entre Nantes et La Roche sur
Yon (62 km), un contre-la-montre individuel de 83 km entre La Roche sur Yon
et La Rochelle, et une nouvelle étape en ligne de 83 km entre La Rochelle et
Royan. Le Belge Eloi Meulenberg enlève la 4ème étape (a) en 2h03'49".
Théo est classé ex-aequo avec le 10ème, Sylvère Maes. Eloi Meulenberg s'adjuge
aussi le contre-la-montre en 2h34'20". Théo est classé 6ème avec Sylvère
Maes. La 4ème étape (b) est remportée par par un autre membre de l'équipe
nelge, Félicien Vervaecke en 2h32'13". Théo arrive ave Sylvère Maes
à la 5ème place.
Nouvelle victoire d'Eloi Meulenberg, après la journée de repos, à l'issue
de la 5ème étape entre Royan et Bordeaux (198 km en 5h12'42"). Théo
termine en 84ème position à 4'08" de son équipier. Le Luxembourgeois
Jean Majerus porte toujours le maillot de leader du classement général.
La sixième étape se dispute sur un contre-la-montre de 52.5 km entre Bordeaux
et Arcachon pour le premier tronçon, et une étape en ligne de 171 km entre
Arcachon et Bayonne pour le second tronçon. Le contre-la-montre est enlevé
par l'Italien Jules Rossi en 1h16'20" tandis que Théo est classé 12ème
ex-aequo avec Sylvère Maes. L'épreuve en ligne est remportée par un autre
Italien, Glauco Servedei en 5h06'34". Théo termine à la 86ème place
à 4h34" du vainqueur. La Maillot Jaune passe sur les épaules du Français
André Leducq.
La septième étape, Bayonne-Pau, longue de 115 km est remportée par Théo
Middelkamp en 2h51'22". Théo Pirmez se classe de nouveau ex-aequo avec
Sylvère Maes à la 7ème place.
Lors de la 8ème étape, longue de 193 km dans les Pyrénées, les coureurs
empruntent le Tourmalet, Aspin et Peyresourde. Après être passé en tête
au sommet de Peyresourde, le Belge Félicien Vervaecke, accompagné de Vissers,
remporte la victoire d'étape à Luchon en 7h15'19". Il endosse le Maillot
Jaune, devançant l'Italien Gino Bartali de 2'18". Théo arrive à 51'42"
à la 84ème place. Les commissaires décident de l'éliminer avec 6 autres
concurrents.
Cette 32ème édition du Tour de France est enlevée par Gino Bartali devant
Félicien Vervaecke, à 18'27", qui lui a tenu la dragée haute. L'équipe
de Belgique est sacrée meilleure équipe de l'épreuve.
Son fils, qui se prénomme aussi Théo, nous a confié que son père "ne
gardait pas un bon souvenir de sa participation au Tour de France 1938 à cause
de toutes ses crevaisons dans les deux premières étapes, de son retard de
40'00" au classement général, de son rôle de domestique et de sa lourde
chute qu'il fit dans la descente du Tourmalet, quelques heures avant d'être
éliminé. Le seul point positif : l'échappée avec un coureur allemand et
le leader de l'équipe, Félicien Vervaecke, quand ce dernier remporta la victoire
dans le troisième tronçon de la 4ème étape à Royan." Cette échappée
à trois a été reprise dans le film "Pour un Maillot Jaune", tourné
en 1939 avec, pour acteur principal, Albert Préjean, un passionné de cyclisme.
de nombreuses images du Tour de France 1938 sont reprises dans ce film.
En 1939, bien que manquant de réussite, Théo termine 4ème de Paris-Nice,
12ème de Paris-Roubaix, 10ème de Paris-Bruxelles, alors qu'il avait cassé
son guidon à Quaregnon, 3ème de Paris-Tours où il rencontre à nouveau des
ennuis mécaniques : rayons cassés à la roue arrière.
L'année 1940 vient mettre fin aux ambitions sportives de Théo. Il est arrêté
par les Allemands et emmené comme prisonnier de guerre. Toutefois, il s'évade.
Il parvient à quitter, dans la région de Bruges, la colonne de prisonniers
en route vers l'Allemagne. Il trouve un emploi dans un abattoir à Charleroi
et participe encore à quelques courses et critériums sans trop y croire.
Après la guerre, Théo a 30 ans, il reprend le vélo tout en continuant cette
avtivité avec d'autres qui offrent plus de sécutité à sa famille. Il termine
22ème du Tour de Belgique.
En 1946, il remporte trois victoires dans des épreuves régionales et il se
classe 2ème du Circuit de l'Indre, épreuve courue en deux jours, derrière
Dorgebray, avec qui il partage pourtant le même temps. Alors qu'il participe
au Tour de Belgique, il mème une échappée de 200 km avec Albert Sercu. Ils
se disputent la victoire d'étape à Mons. Albert Sercu gagne et Théo prend
une belle 2ème place à 18" du vainqueur. Ce jour-là, Albert Sercu qui
avait perdu du terrain la veille sur accident, reprend 7'00" à ses adversaires.
Albert, qui venait d'être papa pour la deuxième fois, fou de joie sur la ligne
d'arrivée, allait serrer Théo et l'embrasser à pleines joues. Théo allait-il
devenir le parrain ? Au classement général à Mons, Théo occupait la 25ème
place à 2'20" du leader, Albert Ramon. Albert Sercu remontait à la 5ème
place à 11". Théo ne terminera pas l'épreuve.
En 1947 et 1948, il court pour la firme ROCHET. Il termine 17ème du Tour de
Belgique en 1947. En 1948, il arrive dans le groupe de tête du Het Volk et
dans Paris-Bruxelles. Il prend la 2ème place d'Amiens-Roubaix.
Pour sa dernière saison en tant que professionnel, il est engagé en 1949 par
un constructeur de vélos du nord de la France, "LA NORDISTE", et
ne participe plus qu'à des épreuves de second rang. Toutefois, en fin de saison,
Théo est embrigadé dans l'escadron de l'équipe de l'Italien Gino Bartali.
Théo Pirmez, Pino Cerami, Léon Jomaux et Marcel Dupont pour participer à
deux courses italiennes : la Tre Valli Varesine et le Giro di Lombardia où
ils portent un maillot "BARTALI-GARDIOL". A l'époque, GUARDIOL était
une usine de Milan qui fabriquait des boyaux.
Début 1950, il décide de mettre fin à sa carrière tout en continuant de
suivre de près l'évolution du cyclisme. A partir de ce moment, il travaillera
aux ACEC à Charleroi et conituera à tenir son commerce de cycles jusqu'en
1970. Ensuite, il prendra un commerce de pneus à Couillet.
Théodore Pirmez s'éteint le 9 avril 1990 à la suite d'un infarctus.
On retiendra que Théo était un robuste bourreau de travail, un homme de classiques
destiné aux tâches les plus dures du cyclisme. Malheureusement, la Seconde
guerre mondiale viendra briser sa carrière de cycliste.
Michel Noël avec l'aide de Théodore Pirmez fils et des archives personnelles
de Lucien Pirmez, son frère.
Passe professionnel le 29 juillet 1937
1938
1er du Circuit de Paris
1er de Paris-Saint Etienne
- 2ème de la 1ère étape
- 4ème de la 2ème étape
1er à Jambes
1er à Cambrai
1er à Gembloux
2ème du G.P Stad Vilvoorde
5ème du Tour de Belgique
- 2ème de la 5ème étape
- 4ème de la 3ème étape
- 4ème de la 4ème étape (b)
- 9ème de la 4ème étape (a)
7ème de Bruxelles-Hozémont
13ème de Paris-Tours
17ème de Paris-Nice
20ème de Liège-Bastogne-Liège
Eliminé au Tour de France (8ème étape)
1939
3ème de Paris-Tours
4ème de Paris-Nice
- 4ème de la 4ème étape
- 5ème de la 2ème étape
- 5ème de la 3ème étape
10ème de Paris-Bruxelles
12ème de Paris-Roubaix
19ème de Bruxelles-Hozémont
Abandon au Tour du Luxembourg
1940
26ème du Circuit de Belgique
1944
17ème de la Flèche Wallonne
1945
1er à Villeneuve Saint-Georges
1er à Gembloux
2ème du G.P des Alliés à Joinville
22ème du Tour de Belgique
1946
2ème du Circuit de l'Indre
3ème du G.P de la Famenne
Participe au Tour de Belgique
- 2ème de la 4ème étape
Abandon au Tour du Luxembourg
- 10ème de la 1ère étape
1947
15ème du G.P de la Famenne
17ème de la Flèche Wallonne
17ème du Tour de Belgique
25ème de Roubaix-Huy
1948
2ème d'Amiens-Roubaix
8ème de Paris-Bruxelles
16ème du Het Volk
1949
4ème de Bruxelles-Bost
9ème du G.P de la Famenne
42ème du Giro di Lombardia
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