BORDEAUX-NANTES, 425 km (13 juillet 1903)
BORDEAUX - LIBOURNE (km 25) - BARBEZIEUX (km 92) - PONS - COGNAC (km 151) - SAINTES- ROCHEFORT (km 216) - LA ROCHELLE (km 247) - MARANS - LUCON - MAREUIL - LA ROCHE SUR YON (km 330) - ROCHESERVIERE (km 359) - NANTES/Vélodrome de Longchamp


Après un jour de repos à Bordeaux, oùles coureurs, dans leurs visites à travers la ville, furent très fêtés, ainsi qu'on devait s'y attendre dans ce centre éminemment progressiste et enthousiaste, véritable capitale du sport dans le Sud-Ouest de la France, les concurrents se mirent en ligne pour la cinquième étape, le 13 juillet, à 11 heures du soir. En sortant de Bordeaux, l'itinéraire commençait à emprunter jusqu'à Barbezieux le parcours de la course annuelle Bordeaux-Paris, puis il l'abandonnait pour bifurquer à gauche vers La Rochelle, pour aller rejoindre Nantes, traversant ainsi des régions qui avaient été jusqu'alors privées de grandes courses sur route, et pour lesquelles ce spectacle fut un régal très apprécié.
Tous les concurrents allaient affronter la première des deux grandes batailles par lesquelles devait se terminer la gigantesque épreuve. Cette fois, il s'agissait d'un parcours de 425 kilomètres et l'endurance, plus que la vitesse, allait avoir le dernier mot.


Sur la route, un contrôleur indique la route à Dargassies.

La sélection allait se produire d'elle-même, et par le simple fait de l'importance de l'épreuve, aussi n'est-il pas étonnant de constater, parmi les premiers arrivés à Nantes, les coureurs ayant déjà donné, dans des circonstances antérieures, des preuves de grande résistance.
Cette fois, ce fut Maurice Garin qui, comme dans la première grande étape Paris-Lyon, eut l'honneur de figurer au premier rang. Il est vrai qu'il fit son entrée au vélodrome de Longchamp en compagnie de Pasquier et de Pothier, qui ne l'avaient pas lâché et qui ne semblaient pas lui opposer une résistance bien sérieuse dans son kilomètre final, mais il faut dire que Garin était dans un état de fraîcheur bien supérieur à celui de ses deux rivaux et que, d'autre part, il est le seul de tous les concurrents qui, depuis le début de l'épreuve, figura dans chaque étape parmi les premiers arrivants.
Décidément, chaque étape devait être fatale à un des principaux concurrents. Cette fois, ce fut Georget qui, après un magnifique début de course, où il se montra même très dangereux pour Maurice Garin, après la seconde journée, s'était effondré, épuisé par une série d'efforts excessifs. Il avait dû se coucher dans un fossé, à 200 kilomètres du but, et n'étant pas arrivé au contrôle avant l'heure de la clôture, il perdait ainsi toute sa chance dans le classement final; où il avait occupé la seconde place jusqu'à Bordeaux.


Jean Fischer et Kerff traversent Nantes.

Parmi les premiers de l'étape précédente, Brange disparaissait complètement, tandis que Samson perdait du terrain.
Par contre, Augereau remplaçait son compatriote Georget. Novice il y a huit jours, il se révélait comme homme de classe en tenant tête au groupe plutôt formidable des vieux routiers.
Le classement général à Nantes se faisait, en effet, dans l'ordre suivant : Maurice Garin, Pothier, Augereau, Muller, Jean Fischer, Kerff, Samson, Pasquier, etc. Comme on le voit, à part Augereau et Samson, on n'y voit figurer que des noms connus. Les belles ardeurs momentanées s'étaient tour à tour éteintes et l'on ne voyait plus arriver que ceux possédant un fond réel d'expérience ou de qualité.
Naturellement, la vitesse moyenne sur une étape de cette importance avait sensiblement baissé, mais elle s'était encore maintenue au-dessus de 24 kilomètres à l'heure, ce qui est un fort beau résultat, surtout après les prouesses accomplies dans les étapes précédentes.


L'arrivée sur le vélodrome de Longchamp à Nantes.

Photos et commentaires : "la vie au grand air", éditions juillet 1903.

1. Maurice Garin 16h26'31" (moy : 25.848 km/h)
2. Gustave Pasquier (Fra)
3. Lucien Pothier (Fra)
4. Fernand Augereau (Fra) à 10'35"
5. Ambroise Garin (Fra) (ét*) à 33'34"
6. Rodolfo Muller (Ita) à 36'33"
7. Jean Fischer (Fra) à 1h04'03"
8. Marcel Kerff (Bel)
9. Jean Dargassies (Fra) à 1h21'09"
10. Ferdinand Payan (Fra) à 1h33'24"
11. Alois Catteau (Bel) à 2h02'42"
12. Julien Lootens "Samson" (Bel) à 2h32'02"
13. Julien Girbe (Fra) à 3h22'11"
14. Isidore Lechartier (Fra) à 4h26'51"
15. René Salais (Fra) à 5h22'29"
16. François Beaugendre (Fra)
17. Eugène Geay (Fra) (ab.1°) à 9h22'29"
18. Josef Fischer (All)
19. François Moulin (Fra) à 10h23'40"
20. Georges Borot (Fra) à 11h01'22"
21. Alexandre Foureaux (Fra) à 11h01'26"
22. Pierre Desvages (Fra) à 11h03'29"
23. Arsène Millochau (Fra) à 15h08'29"

Classement général :

1. Maurice Garin (Fra)
2. Lucien Pothier (Fra) à 2h58'01"
3. Fernand Augereau (Fra) à 4h29'14"